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En cet après-midi au ciel variable, assise au volant de mon Dodge Caravan vert forêt tirant sur le kaki en raison de l’irradiation solaire, j’arrive aux abords des Cantons de Simpson et de Wendover dans le Centre-du-Québec. À partir de l’autoroute 20 en direction est, je m’engage dans la bretelle de la sortie 185 qui mène à Saint-Cyrille-de-Wendover, petit village méconnu se trouvant à quelques kilomètres à peine de la ville de Drummondville. Ici, la ruralité est notable de par les grands espaces réservés à l’agriculture. En passant par la route 255 sud, j’arrive bientôt chez Étienne Cyr, un sculpteur qui rassemble des biens domestiques désuets, ou venant directement des poubelles, afin de créer des pièces de grandeur nature.
Détenant un DEP en ébénisterie, mais étant allergique à la poussière de bois, Étienne Cyr travaille aujourd’hui comme journalier en usine. Habitué à travailler avec ses mains et manuel de nature, très jeune, il a commencé à manipuler des petits outils.
Au deuxième étage d’une maison qui semble avoir été construite au début de la colonie et qui aurait été convertie en immeuble à logements, Cyr m’accueille avec un jus de fruit rafraîchissant. Placées sur sa table et sur quelques meubles de la cuisine, les sculptures de l’artiste sont exposées à mon attention. Nous nous installons ensuite au salon annexé à la cuisine, d’où je peux admirer ses impressionnantes sculptures constituées à partir d’objets connus.
Mariklôde – Alors, Étienne, d’abord, merci de me recevoir chez toi! Pour commencer, j’aimerais savoir qu’est-ce qui a été le déclic pour toi, pour la création de tes œuvres?
Étienne – Ben moi, ça vient de très jeune. C’était naturel de démonter des vieux objets qui ne fonctionnaient plus. Que ce soit des outils, des jouets ou des appareils électriques. J’étais curieux. Je voulais savoir ce qu’il y avait dedans. À force d’accumuler des trucs, j’ai commencé à en remonter des plus gros. Je me faisais mes propres jouets à partir de scrap dans le fond.
Tu avais quel âge?
J’étais au primaire, je ne me rappelle pas à quel âge exactement. Entre la quatrième et la cinquième année peut-être. Au départ, c’était vraiment par curiosité, pour savoir comment les choses étaient faites. Mais c’est en voyant comment les choses étaient faites que je pouvais ensuite faire autre chose avec. Par exemple, le grille-pain, j’ajoutais des roues en dessous, avec des pièces venant d’autres jouets démontés. C’était très basic au départ. Les yeux, c’étaient des réflecteurs. C’est comme ça que j’ai commencé et je n’ai jamais arrêté. C’est devenu de plus en plus gros, de plus en plus élaboré, avec de plus en plus de pièces…
J’imagine que tu as vu une évolution dans le raffinement de tes créations au fil du temps. Au départ, est-ce que tu avais l’impression que ça t’amènerait quelque part de faire ça?
Au départ, pas vraiment. C’était vraiment pour m’amuser. Mon idée, lorsque j’ai commencé à avoir dix, douze pièces, c’était d’ouvrir une espèce de petite exposition. Un musée, quelque chose du genre. J’en ai ouvert un mais ça n’a pas vraiment pogné. Après ça, je me suis fait conseiller par l’agent culturel de la région puis, lui, il m’a suggéré de faire des animations dans des écoles, dans des bibliothèques. Donc, je me suis inscrit dans ce qu’ils appellent « Le réseau biblio », un genre de liste d’animateurs qu’il y a dans la région, où les professeurs, les responsables de bibliothèques vont pour regarder ce qui peuvent les intéresser. Et ça a pogné du premier coup. La première ou deuxième année où j’ai commencé ça, j’étais dans les animateurs qui étaient le plus en demande. L’animation consistait à trouver des objets parmi les sculptures. C’est des « cherche et trouve ». Le fait que ce soit des gros robots, que la mode soit aux Transformeurs, avec l’aspect écologique et recyclage, ça pogne.
Justement, l’aspect écologique et le recyclage retrouvés dans tes sculptures, est-ce que tu crois que ça peut favoriser un certain mouvement? Conscientiser davantage de gens?
D’abord, je dois avouer que pour mes sculptures, il y a plein de choses que je trouve dans des friperies, des vestiaires ou dans des centres de récupération; mais il y en a quand même une bonne partie qui provient des gros rebuts. Chaque année, les municipalités dompent de la scrap sur le bord du chemin. À ce moment là, c’est vraiment de la revalorisation de rebus. On s’en va vers ça inévitablement, le recyclage pis tout’, donc ça fit dans le contexte. C’est sûr qu’il y aurait moyen d’utiliser seulement des pièces qui sont vraiment destinées aux vidanges, mais, en même temps, je respecte une certaine symétrie dans mes œuvres. C’est difficile de trouver quatre téléphones identiques pour faire les quatre pattes d’un animal. C’est donc un mélange des deux. Il y a un petit peu de recyclage et d’autres pièces venant d’ailleurs.
Combien as-tu réalisé de pièces jusqu’à maintenant?
J’ai dépassé la vingtaine. Juste en 2018, j’en ai fait treize. Il y en a trois qui sont grosses et les autres sont plus petites. Quand c’est gros comme un ballon de basket, je les considère comme des petites sculptures, et les plus grosses, ce sont celles comme mon robot-fauve qui est à l’échelle réelle.
Quel est le plus grand défi dans l’élaboration de tes sculptures?
Le plus dur, c’est que ça doit être à la fois solide et esthétique pis, qu’en même temps, ça puisse se démonter pour être transporté. C’est pas mal ça le plus dur. Sinon, le reste, ça prend juste de l’imagination pis, idéalement, le plus de pièces possibles parce qu’en ayant plusieurs objets, on a plus de possibilités. Tandis que si on en a juste trois, quatre, c’est moins évident.
Ayant déjà participé à plus d’une centaine d’événements à travers le Québec, et ce, accompagné de ses créations, Étienne Cyr constate l’intérêt croissant pour son travail. Son œuvre rejoint autant les sciences physiques et sociales que les sciences environnementales. Elle démontre de façon ludique, alors que les changements climatiques nous accablent, qu’il devient essentiel d’innover dans le domaine du recyclage et de la récupération. Que les ressources sont renouvelables et qu’il suffit seulement d’user de notre ingéniosité afin de réduire la pollution, ainsi que les impacts néfastes sur l’environnement.
Pour visiter le site web de l’artiste, cliquez ici. Vous êtes curieux d’en savoir plus sur l’auteure? Rendez-vous là.