L’auteur, acteur et metteur en scène Mathieu Quesnel vous convie à l’Espace Libre du 6 mars au 21 mars 2020 pour vivre une expérience unique, sensorielle et délirante dans sa dernière création, Trip. 16 artistes se laissent  imprégner devant le public  par le mouvement de la contre-culture des années 60, mouvement culturel contestataire auquel on associe la génération “hippie”. Que retireront-ils de leur expérience, pourront-ils se libérer de leurs limites matérielles, conscientes et inconscientes, qu’ont-ils retenu  du legs artistique et spirituel des années précédentes, des luttes de leurs aïeuls? 

Les beatniks étaient des jeunes vivant une rébellion totale dans les années 60 contre la surconsommation, le conservatisme, contre les moeurs de la société, ne voulant pas changer celle-ci, mais plutôt décrocher d’elle pour créer un nouveau mouvement de vie très différent de tout ce qui a constitué l’histoire jusqu’à ce moment; la contre-culture. C’est à l’intérieur de ce mouvement que l’auteur Mathieu Quesnel a voulu lancer ses amis et acteurs dans Trip. 

L’expérience théâtrale de Trip nous émerge dans ce temps suspendu, ce temps idéalisé par les nouvelles générations désireuses, elles aussi, de vivre totalement libres de toute contrainte, de vivre selon leurs propres aspirations, de toucher l’insondable, le divin en soi,  entre conscience et inconscience,  s’émanciper dans la totalité de l’être. 

"J’ai compris que, quoi qu’on fasse, on perd son temps, alors aussi bien choisir la folie."

Jack Kerouac, Sur la route.

Ne croyez pas sortir intact de la pièce Trip; vous ressortirez vidés, épuisés, mais comblés. Osez. 

Un casse-tête psychotique

Chaque scène de Trip est un morceau du casse-tête collectif de la troupe sur scène, mais également un morceau d’une quête spirituelle qui demeure personnelle à chacun. L’histoire tourne autour de Lucie, personnifiée par Amélie Dallaire, qui désire vivre un trip transcendantal avec un groupe d’artistes à l’intérieur d’une pièce de théâtre inspirée des beatniks.

L’expérience de Lucie et de ses comparses, dont son père (Yves Jacques) et son psychologue (Stéphane Demers), se forge autour d’un réel vécu, celui de Lucie certes, mais celui de chaque personne qui gravite autour d’elle. 

Lucie s’interroge sur le sens de la vie de la mort, de l’amitié, de la famille, sur le passé, sur ce qui s’est passé, sur les autres dimensions de la vie, sur ses croyances, ses convictions. Tout s’envole et tout renaît au même moment. Le mystique frôle la psychose. La quête débute. Les spectateurs ne savent pas encore qu’ils sont au milieu d’un délire hallucinogène. La mise en scène soutenue par les projections sur écrans et la musique nous font perdre toute conscience avec la réalité. Trip entre en nous en peu de temps. 

La folie des 16 artistes sur scène agace nos habitudes; nous sommes peu habitués à l’éclatement des styles théâtraux, à une mise en scène qui défie la logique,  on perd le fil, on s’accroche à nos attentes, on se choque de ne pas comprendre, on perd patience et puis on se laisse aller; fuck off, allons-y! Vivons le moment sans chercher à en saisir le sens!

Et la magie opère dès ce lâcher-prise. Le capharnaüm sur scène ne nous est plus ennemi. Nous sommes transcendés. Libres. Mais sommes-nous aussi libres que nous le croyons? Trip nous remet en question, ce que l’on tient pour acquis est brisé en morceaux et il appartient à chacun d’en faire une création différente ou de recoller lesdits morceaux. 

"Si l'on n'y prend garde, les gens réussissent à vous obliger à faire ce qu'ils estiment que vous devez faire - à moins que vous ne vous entêtiez à faire tout le contraire avec une obstination de mule, rien que pour leur apprendre." 

- Ken Kesey, Vol au-dessus d’un nid de coucou.

Comme une courtepointe qui rallie le temps, les moments, les gens

L'histoire des 16 artistes se noue et se dénoue à un rythme inégal parfois, mais les spectateurs demeurent toujours accrochés au fil de l’histoire. D’une durée de deux heures, on peine à tout retenir, mais on se laisse prendre à la puissante mise en scène de Quesnel. Tantôt ancré dans la réalité, d’autres fois en plein délire, chaque personnage se meut dans un mouvement collectif. 

Le texte fait preuve de beaucoup de recherches sur la contre-culture, sur les beatniks, sur les artistes qui ont marqué l’époque tels Allen Ginsberg, Ken Kesey ou Jack Kerouac, les Beatles, les Grateful Dead etc. Nous vous invitons d’ailleurs à lire les articles qui exposent le lourd et ardu travail de l’auteur de Trip pour bien saisir l’ampleur de la tâche qui nous offre presque un documentaire digne du Magic Trip d’Alex Gibney et Alison Ellwood (à voir absolument). 

La musique de Navet Confit entrecroisée avec de vieux succès musicaux des années 60-70 nous entraîne sur les vagues psychédéliques de chaque personnage. Certains acteurs nous offrent leur magnifique voix et leurs talents musicaux pendant la pièce et chacun de ces moments est un pur ravissement pour le public; nous sommes directement plongés dans le temps, dans l’insouciance, le trip est délicieux. 

Le décor est éclaté, coloré, habilement mis en place. L’engagement de chaque artiste dans la création de Trip est remarquable; chacun se donne entièrement à l’expérience proposée par Mathieu Quesnel. Trois écrans permettent la projection d’images personnelles de la troupe rappelant certains documentaires sur les beatniks.

Le public ne peut faire autrement que de suivre ces artistes dans leur recherche d’absolu tant leur magnétisme est divin. Une belle soirée vous attend à l’Espace Libre avec Trip, mais soyez prêts à laisser tomber tout ce à quoi vous vous attendez de cette pièce pour vivre pleinement le moment.

Pour vous procurer des billets, cliquez ici 

Merci à l’Espace Libre pour sa collaboration. 

Trip

Théâtre Espace Libre

Du 6 mars au 21 mars 2020

Texte et mise en scène

Mathieu Quesnel

Interprétation

Sarianne Cormier, Amélie Dallaire, Stéphane Demers, Myriam Fournier, Marie-Claude Guérin, Yves Jacques, Sharon James, Simon Lacroix, Joanie Martel, Frédéric Millaire-Zouvi, Olivier Morin, Navet Confit, Sylvie Potvin, Philippe Racine, Francis William Rhéaume et Léa Simard.

Musique

Navet Confit

Scénographie

Cédric Lord

Costumes

Marie-Noëlle Klis

Éclairages

Renaud Pettigrew

Projections

Francis William Rhéaume

Direction technique

Jimmy Deschênes

Assistance à la mise en scène et régie

Audrey Lamontagne