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C’est ce 23 janvier qu’avait lieu la première canadienne de la plus récente création du chorégraphe grec Dimitris Papaioannou, The Great Tamer. Une pièce d’envergure où le mouvement du corps sert de prétexte à la composition d’un visuel fort, inscrit dans les vestiges de l’éternité d’une nature humaine que le créateur s’amuse à explorer.
Pour l’occasion, l’Usine C était pleine à craquer et il y régnait un sentiment de fébrilité, impression commune lorsqu’on sent qu’il y a quelque chose qui se trame. C’est que la réputation de l’homme derrière la création n’est plus à (re)faire. Papaioannou, qui fut d’abord formé aux beaux-arts à la peinture, manie le théâtre physique, la danse expérimentale et l’art performatif depuis les années 1980, son travail étant inspiré de la scène athénienne underground qui l'a vu naître. Bien que déjà assez bien connu – et reconnu – dès les débuts de sa carrière, par sa création MEDEA notamment, c’est son mandat de conception des cérémonies des Jeux olympiques d’Athènes qui l'ont propulsé sur les devants de la scène internationale. Une position qui lui permet, depuis, de proposer des expériences théâtrales inclassables et plus grandes que nature, dont le public jouit invariablement.
The Great Tamer – ou Le grand dompteur en français – fait partie de cette lignée créative, atypique et géniale. Une pièce si engageante au niveau visuel qu’il serait tentant d’abandonner la réflexion pour simplement se laisser bercer par ses images; or, la signification y est omniprésente, tout aussi actuelle que polarisante.
La fable visuelle, présentée sous forme de tableaux interreliés, exprime le temps qui dompte tout donc, jusqu’à cet inévitable trépas de l’être. Pour illustrer ce propos, une scène faite de larges plaques anthracite amovibles, qui rappellent une terre brûlée, nue, sur lesquelles s’animent les tableaux imaginés par le créateur. Celui-ci prend plaisir à en faire émerger ses danseurs le temps d’une métaphore existentielle, pour les y ravaler aussi subitement. Dans le cadre du Festival d'Avignon, Papaioannou expliquait: « The Great Tamer explore une thématique archéologique: il s’agit de creuser et d’enterrer, puis de révéler des actions métaphoriques pour parler de l’identité, du passé, de l’héritage et de l’intériorité subconsciente. »
Cette conception scénographique a été inspirée d’un sordide fait vécu, qui s’est produit il y a quelques années en Grèce: celui d’un jeune garçon victime d’intimidation, qui aurait mis fin à ses jours avant d’être retrouvé, mort, à demi enfoncé sous la boue.
Bien que Papaioannou n’ait fait que s’inspirer de cet état des lieux émotionnel, cette tragédie illustre bien ce qu’on perçoit dans la pièce comme un désir d’illustrer, au sens propre, le paradoxe de la nature humaine, de sa beauté naïve à sa noirceur glauque. La pièce musicale « Beau Danube bleu » de Johann Strauss II, utilisée tout au long de cette performance magistrale de presque deux heures et portée par dix puissants danseurs, vient sublimer ce freakshow ironique qui nous transporte, de la fascination obsessive à la curiosité perplexe.
Somme toute, la magie de cette pièce se retrouve dans ses images, qui se font et se défont devant nos yeux, telles de véritables illusions surréalistes qui se jouent de nos perceptions. Il faut dire que le créateur s’y connaît en archétypes, que l’on retrouve nombreux dans The Great Tamer. Une signature qui s’explique sûrement par son passage par les beaux-arts et une existence entourée des vestiges de l’art gréco-romain. Et puis, il ne serait juste de conclure sans mentionner les corps qui portent cette œuvre! Ceux des danseurs, que l’on retrouve magnifiquement recomposés ou dans leur nudité la plus humble, et qui servent ces compositions scéniques que Dimitris Papaioannou manie de main de maître. Brillant.
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