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Pour la sortie de son dernier roman Terre, paru cette année aux éditions Leméac, la comédienne et autrice Sylvie Drapeau présente au Théâtre du Nouveau Monde un chef-d’œuvre de sublime, la pièce Fleuve, sous forme d’adaptation de la tétralogie suivante : Le fleuve, Le ciel et L’enfer et La terre.
Sous le signe du fleuve
Ces récits, inspirés de la propre histoire de Sylvie Drapeau, racontent les événements tragiques qui ont ponctué sa vie d’enfant, de jeune adulte et de femme. Dans ces trois pans d’existence, le dénominateur commun semble être l'amour aussi effrayant qu’envoûtant qui se tisse entre elle et le fleuve, puis entre elle et les êtres.
L’action commence face au Saint-Laurent, la scène plongée dans une couleur bleue électrifiant pour le spectateur. On retrouve le talent de la metteuse en scène Angela Konrad qui figure cette « mer territoire mythique de nos vies » par un simple glacis posé sur le sol, au rendu très esthétique. Cette technique offre des jeux de reflets et effets de volume avec les corps des artistes. D’autres dispositifs comme la vidéo, l’incrustation de murs transparents ou de cubes découpent l’espace en tableaux minimalistes, mais d’une grande puissance. Les lignes et perspectives s’entrechoquent et se fondent. Elles apportent une profondeur singulière au lieu qui mélange paysage liminal et métaphore de la Psychée.
Une ode aux femmes
Tout au long de la pièce, Sylvie Drapeau s’incarne sous les traits de trois artistes différentes. La comédienne et actrice Karelle Tremblay l’épaule avec hardiesse dans le rôle de la Jeune Femme et Alice Bouchard, nous impressionne dans celui de la Petite. À ce titre, la jeune Marion Vigneault joue également ce rôle en alternance. Accompagnées par un chœur d’enfants, toutes trois parlent au nom de « la meute », la famille nombreuse dans laquelle elles ont grandi, un flot grouillant de bambins qui se nomment loups.
Ainsi les quatre pans de la pièce Le fleuve, Le ciel et L’enfer et enfin La terre retracent une série de tragédies qui commence par la mort de l’aîné emporté par la marée montante sous les yeux impuissants de la Petite. Cette blessure marque au fer rouge la fratrie. Elle plonge la mère dans une tristesse qui rend chacun des autres enfants invisibles à ces yeux. Ensuite les débâcles s’enchaînent, chacune comme engendrée par la précédente, jusqu’à ce que la Femme décide de s’élancer vers les feux de la rampe afin d’accéder à la lumière. Cette pièce portée par la voix des femmes ne sombre jamais dans le pathos et évoque avec une grande justesse de mots et de jeu la beauté de l’innocence, la sororité, la folie ou encore la solitude des êtres meurtris. Car entre la grâce et le désespoir, se joue une infime lueur de vie qui anime les personnages et les guide vers une élévation de soi, coute que coute.
La puissance du texte
Faisant référence à Sophocle et autres grands classiques de la tragédie, le texte conjugue l’humour et la tristesse avec une bonne dose d’autodérision. Par la violence des épisodes qui le traverse, les mots se transforment en eau. Dans son écriture, Sylvie Drapeau crée un mouvement perpétuel, qui se bâtit sur le rythme, la justesse et une poésie qui nous emporte dans un tumulte heureux.
Une pièce à voir du 12 novembre au 7 décembre 2019 au TNM.
Texte original et adaptation SYLVIE DRAPEAU
Mise en scène ANGELA KONRAD
Distribution Alice Bouchard, Sylvie Drapeau, Karelle Tremblay + Samuel Côté et la Famille
Conception Anick La Bissonnière, Angela Konrad, Pierre-Guy Lapointe, Sonoyo Nishikawa, Anne Émond
Assistance à la mise en scène Stéphanie Capistran-Lalonde