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Chaque été, Anna Petrovna, une jeune veuve d’un militaire, convie membres de sa famille et amis proches dans son manoir campagnard. Ruinée, elle sait qu’elle devra bientôt se départir de cette demeure, mais elle se refuse à accepter cette triste réalité. Parmi les convives, où se côtoient aristocrates fauchés et bourgeois nantis, se trouve le jeune Platonov, un membre déchu de la petite noblesse russe qui s’est résigné à devenir instituteur. L’homme est enjoué, blagueur et séducteur. Bien que marié, Platonov n’hésite pas à passer d’aventure en aventure. La réception devient rapidement le théâtre d’un jeu de séduction où chacun des quatre personnages féminins s’entiche à sa manière de Platonov, qui ne se fait d’ailleurs pas prier pour les faire succomber à ses charmes.
Carmen Jolin précise que cette nouvelle saison artistique au Prospero met en avant des oeuvres qui « rendent compte de la complexité, de la beauté et de la cruauté de notre époque. Elles font voir le poids de nos gestes et de nos passions, nos vulnérabilités ; elle dévoile les jeux souvent éprouvants de l’amour et les relations de pouvoir qui s’y exercent. Elles épousent la condition humaine dans toutes ses contradictions ». Répondant parfaitement à ces jeux de pouvoir et ces tiraillements passionnels, cette adaptation d’Angela Konrad ne pouvait être un meilleur choix pour ouvrir cette saison artistique.
Platonov, toute première pièce de Tchekhov, écrite lorsqu’il n’avait que 18 ans, contient déjà tout son univers, tendre à nos coeurs. Ici, la mise en scène de Konrad nous surprend par l’accumulation d’artifices, choisis minutieusement au service du texte, pour mettre en action cette pièce où passions, vulnérabilité et personnages complexes se croisent.
Platonov, amour, haine et angles morts est particulière et ne vous laissera pas indifférent. De l’entrée des personnages, un à un sur scène, tous vêtus de noir, dans un écho glacial lorsqu’ils marchent, qui nous place dans l’enfer des vivants à la scène de clôture, proposant un karaoké déjanté sur la condition humaine et l’amour, la maison estivale d’Anna Petrovna vous accueille pour 2h20 de surprises ! Les soirées arrosées où vodka, cigarettes, cocaïne, coup d’un soir et arme à feu viennent mettre un baume à la détresse de ces 8 personnages peuplent la scène du Prospero.
Tous les acteurs nous transpercent, habités par leur mal-être, hantés par la mort et drogués, pour quelques uns, au paraître. Renaud Lacelle-Bourdon excelle dans le rôle de Platonov, où la carapace de cet homme brisé disparait petit à petit, laissant place à un dégout d’autrui et un spleen d’une grande profondeur. Violette Chauveau, en Anna Petrovna, nous emporte par sa grandiloquence et sa tristesse, avec une maitrise parfaite de son personnage. Son interprétation est mémorable.
Pour Angela Konrad, Platonov est « un champ de bataille, un jeu d’échec où il est possible de tricher » où chaque coup joué est magistralement mis en lumière par les éclairages de Cédric Delorme-Bouchard. Nous faisant voyager tantôt dans un univers spectral, tantôt dans des rave-party slaves, les éclairages du spectacle viennent rendre justice à l’univers dans lequel Konrad place sa narration.
Bien que la mise en scène soit riche, la sur-utilisation des effets semblent parfois s’entasser (écho sonore, karaoké, lip-sync, projections vidéos…) sur les langues de Michel Tremblay et de Tchekhov, déjà très riches, et la pièce en elle-même, rythmée par des personnages électrisants, dépressifs et larmoyants. Ce trop-plein nous a parfois fait sortir de l’oeuvre et voir le temps passer, mais nous nous doutons que c’était l’une des meilleures façons de rendre hommage à cette invitation estivale d’Anna Petrovna.
D’après Anton Tchekhov | Traduction André Markowicz, Françoise Morvan | Version québécoise Michel Tremblay | Adaptation, scénographie et mise en scène Angela Konrad | Avec Violette Chauveau, Samuël Côté, Pascale Drevillon, Renaud Lacelle-Bourdon, Debbie Lynch-White, Marie-Laurence Moreau, Diane Ouimet, Olivier Turcotte | Conception lumière Cédric Delorme-Bouchard | Concepteur sonore Simon Gauthier | Photographies, intégration vidéo Julien Blais | Assistance aux costumes Fruzsina Lanyi | Assistance à la mise en scène William Durbau