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Sous la direction du metteur en scène Philippe Cyr et d’un quatuor de comédiens aussi hilarants qu’irrévérencieux, le jeune auteur Gabriel Plante a su remettre au goût du jour toute la démesure d’un des textes le plus grivois et éclairé de la Renaissance : Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel de Rabelais. atuvu.ca vous en dit plus sur la pièce présentée jusqu'au 20 octobre prochain au Théâtre Denise-Pelletier.
Des bruits de bouches grondent à l’arrière de la scène. On les dirait sortis d’un repas orgiaque... Le rideau rouge s’ouvre! Des tréfonds de l’estomac du géant Pantagruel, un pèlerin esseulé nous compte ses désillusions. Au milieu d’immenses rideaux orangés et d’une épaisse couche de mousse de bain, il explique avec sérieux qu’après avoir étudié le système digestif en long, en large et en travers, l’inanité de ses recherches lui a sauté aux yeux et il a tout abandonné. À la place, il décide de se faire manger en salade afin d’expérimenter la digestion sur le terrain... dans le ventre du géant Pantagruel!
Entre chaque scène, la voix enveloppante et incarnée de l’académicien Dany Laferrière se substitue à l’auteur. Invisibles, mais présents tout au long de la pièce, ses commentaires ajoutent au grotesque des situations vécues par les quatre comédiens Paul Ahmarani dans le rôle du pèlerin, Nathalie Claude dans celui de frère Jean, Renaud Lacelle-Bourdon en professeur et Cynthia Wu-Maheux en Panurge. Ainsi, on découvre une Panurge recouverte de bacon par les Turcs, un professeur qui naît d’un pet comme d’autres naissent de la cuisse de Jupiter, et frère Jean en prophète des meilleures blagues de tout le Moyen-âge, micro de karaoké et mouvement de danse en sus.
Quand « le rire est le propre de l’homme »
Le groupe d’utopistes venus se réfugier dans les entrailles du géant enchaîne les banquets de nèfles et les paillardises, sur fond de critique de la pensée dogmatique et des élites intellectuelles. Pour dénoncer l’obscurantisme, quoi de mieux que l’humour? Car « le rire est le propre de l’homme », comme le souligne le pèlerin au début de la pièce Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel, au titre aussi colossal que la mise en scène et l’interprétation. Les costumes frivoles, colorés, parfois recouverts de poils ou d’ossements, illustrent à merveille le langage truculent de Rabelais, son imaginaire graveleux. On peut ainsi féliciter le travail d’Odile Gamache à la scénographie, d’Elen Ewing aux costumes, de Martin Labrecque aux éclairages et de Frédéric Auger au son.
Au final, Gabriel Plante, jeune auteur de 31 ans, réussit avec brio à mêler des références contemporaines (Ghostbuster, Elvis, écologie, etc.) avec le registre de la Renaissance. Il apporte un relief critique à notre siècle, un vent de fraîcheur au théâtre d’aujourd’hui, et teinte d’un nouvel humour le texte original de Rabelais. Du grand plaisir, que l’on vous recommande!
Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel est à l’affiche du 26 septembre au 20 octobre 2018 au Théâtre Denise-Pelletier à Montréal. Pour en savoir plus, cliquez ici.