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Quatorze personnes ivres. Une nuit complète. Un enterrement de vie de garçon. La dérape totale... C'est la prémisse de la pièce Les Enivrés, d'Ivan Viripaev, présentée au Théâtre Prospero depuis mardi dernier. Cette pièce fait autant rire que réfléchir. Voici le compte-rendu d'atuvu.ca, pour la représentation de jeudi soir dernier!
Trajectoires parallèles
« Ça sert à quoi, tout ça? » C'est sur cette question cinglante que débute Les Enivrés. Après quelques vers d'Omar Khayyam, projetés sur l'écran, deux histoires parallèles se déroulent et finissent par s'entrelacer l'une dans l'autre. Les personnages ainsi enchevêtrés font de multiples rencontres, aussi impromptues qu'absurdes.
La pièce propose une distribution impressionnante, que voici: Paul Ahmarani, David Boutin, Maxime Denommée, Benoit Drouin-Germain, Maxim Gaudette, Marie-Pier Labrecque, Marie-France Lambert, Marie-Eve Pelletier, Dominique Quesnel, et Évelyne Rompré.
Les Enivrés est mise en scène par Florent Siaud (et traduite par Tania Moguilevskaia et Gilles Morel). À noter que le Groupe de la Veillée a déjà présenté deux pièces de l'auteur dramatique russe Ivan Viripaev, Illusions en 2015 et Oxygène en 2013.
Paul Ahmarani est particulièrement percutant, dans son rôle d'homme marié. Dominique Quesnel, hilarante, joue une femme saoule et très criarde, vêtue d'un costume d'ours en peluche! Quelques meubles de base ont été utilisés, pour une mise en scène minimale. Entre chaque scène, ils sont tirés vers l'arrière, en coulisses. Cela rajoute à l'impression de dérapage, de perte de contrôle... Plusieurs ballons restent par terre durant toute la pièce. Dominique Quesnel en fait éclater un inopinément; les rires fusent dans toute la salle! D'ailleurs, les projections sont très à propos, évoquant le milieu océanique. Les comédiens des Enivrés personnifient magistralement l'état alourdi par le trop-plein d'élixirs. Ils s'empêtrent avec brio dans de visqueuses abysses sous-marines...
Des thèmes à méditer longuement
Malgré le lourd sujet et les drames qui en découlent, les gens riaient très souvent durant la pièce! Comment peut-on ne pas s'esclaffer, avec par exemple ce passage un peu scatophile: « Le monde réel est une perle dans la merde. Il faut fourrer les doigts dans cette merde pour trouver cette perle? », ou encore « Il faut faire attention de ne pas se pisser dessus de peur »! Tordant! Les personnages nous font interroger aussi sur le sens profond qu'on donne à nos vies. « Personne ne ressent plus rien. » Cette perte de repères, cette grande vacuité existentielle est dénoncée ici, à travers les personnages qui découvrent le tragique dans le comique...
Voici une courte vidéo, où Paul Ahmarani explique l'aspect très philosophique de la pièce!
L'amour constitue le fil conducteur de la pièce, deux histoires de mariage ratées étant au cœur de celle-ci. La religion est aussi très souvent abordée: « Le Seigneur-Dieu parle à travers les enivrés », disent-ils avec raison... Le fait d'entendre le « chuchotement du Seigneur dans son cœur » est martelé à répétition. L'auteur veut-il propager la « bonne nouvelle »?
La perte totale d'inhibitions conduira les personnages dans des situations plus qu'embarrassantes, lors d'un enterrement de vie de garçon. D'ailleurs, ils remettent bien des choses en question. Pourquoi on ment? Qu'est-ce qui est vrai, au final? Le concept d'être libre est aussi scruté à la loupe. « On rêve de liberté, mais on veut être libres de quoi? Libres de qui? Et à quoi sert la liberté, si on a perdu contact avec l'essentiel? » Les personnages s'invectivent entre eux, mais assaillent aussi nos propres motivations.
Maxime Denommée, affublé d'un costume ridicule et réussi (tutu rose et oreilles de lapin!), questionne vivement le rapport de l'homme à la viande. Brillante intervention de la part de l'auteur, qui est végétarien! La « ballerine » souligne également d'autres habitudes qui deviennent des addictions, telles le sucre...
Invitation à la noyade des ivrognes
Bref, comme le dit si bien Lamartine dans La Gloire : « La muse t'enivra des précoces faveurs / Tes jours furent tissus de gloire et d'infortune / Et tu verses des pleurs! »... La pièce allie donc la légèreté et la profondeur. Si le dénouement est plutôt prévisible, la finesse des questions soulevées donne à la pièce sa propre essence.
Cette histoire fascinante sera présentée jusqu'au 16 décembre, au Théâtre Prospero. Venez vous noyer avec Les Enivrés dans le courant tempétueux de la vie. Voyez leurs réflexes troubles, leur élocution pathétique... Venez assister au naufrage de ces âmes vaseuses, engluées. Elles rient, puis tantôt pleurent, mais une chose est constante : le questionnement existentiel.
Une pièce qui surprend, dans la quasi-rhétorique de ses propos. Celle-ci ne vous laissera pas indifférents! Pour voir les horaires et réserver vos billets, c'est juste ici.