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Jusqu’au premier octobre (en supplémentaires jusqu'au 8 octobre) dans la salle Jean-Claude-Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui se joue la création de l’artiste multidisciplinaire Philippe Racine: Lequel est un Basquiat. Dans cette pièce où art, musique et théâtre s’entremêlent, un artiste noir montréalais devient un faussaire de son idole, le peintre Jean-Michel Basquiat. À travers l’appât du gain, la perte de repères et une identité culturelle déjà compliquée par sa couleur de peau, le jeune Sammy s’embourbe dans de grandes questions éthiques sur la négritude en arts, et plus précisément, sur sa propre négritude montréalaise.
Philippe Racine est une machine qui fait tout dans cette pièce high-concept ambitieuse. Il joue en live des prestations musicales (accompagné de Valérie Bourque) dans une scénographie chaotique et colorée, elle-même digne d’un tableau de Basquiat, et interprète avec brio la déchéance de son personnage. Le texte, d’une grande poésie, est cahoteux et demande au public d’être très attentif, mais reste d’une pertinence très actuelle. Il est d’ailleurs en lice pour le prix d’écriture dramatique du CTDA remettant une bourse à un auteur coup de cœur du public.
À travers les questionnements de Sammy, le spectateur apprivoise le personnage de Basquiat, dont le fantôme hante l’entièreté de la pièce. Sammy se reconnaît dans Basquiat, au point d’oublier qui il est. La question de la représentation et du tokenism est plutôt centrale: Basquiat est à son grand désarroi constamment ramené à ses origines et ses inspirations supposées, à l'instar de Sammy. Montage d’images, enregistrements d’archives et interventions directes avec le public : il s’agit en quelque sorte d’un cours d’histoire de l’art dans lequel nous constatons l’ampleur du racisme perpétré par le milieu des beaux-arts.
Parce que Sammy est de son temps, il peut réfléchir à sa négritude, mais ne peut pas s’en sortir pour autant. Se questionnant s’il est lui-même raciste, Philippe Racine reflète au travers de son personnage une grande vulnérabilité qu’il n’est pas courant de voir sur scène. Mettant en parallèle son propre paradoxe d’être noir mais culturellement québécois (et donc favorisé par rapport aux immigrants) et l’héritage d’oppression des Québécois en tant que francophones, il révèle des aspects de l’identité québécoise qu’on ne remet plus en question depuis l’échec référendaire. Sammy aimerait que le Québec soit un pays, un pays “dirigé par une personne non-binaire d’origines portugaises” dit-il avec ironie, mais se culpabilisant lui-même de juger des comportements typiquement associés aux Haïtiens.
Le problème de Sammy est de faire partie du système. Devenant faussaire de Basquiat, il l’exploite à son tour. Le parallèle avec l’artiste soulève une impasse culturelle, un profilage racial du milieu artistique castant de facto les noirs dans certains rôles.
Combien de peintres noirs connaissez-vous ? Il est facile de mettre en abîme cette idée, car combien de dramaturges québécois noirs connaissez-vous ? En choisissant de traiter de ces enjeux, Philippe Racine entre dans le jeu, sachant qu’il risque de devenir aux yeux du public le porte-parole des dramaturges noirs. L’auteur n’ignore visiblement pas les mille nuances de ce qu’il est en train de faire.
Pour en savoir plus sur la pièce ou réserver vos billets, rendez-vous sur le site du Théâtre d'Aujourd'hui.