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Cela faisait longtemps que je voulais voir de nouveau la folie au pouvoir, ou, du moins, sur scène... C'est le bonheur que j'ai eu en allant voir la pièce de Nicolas Gendron, L'enfance de l'Art--Doigts d'auteur de Marc Favreau, alias Sol, présenté à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier. Durant près d'une heure et demie, les cinq joyeux comédiens de la troupe ExLibris réinventent le langage à la manière de Sol, à partir de ses textes originaux, ainsi que de ceux des quatre excellents jeunes auteurs: Marie-Lise Chouinard, Annie Cloutier, David Leblanc et Anne-Marie Oliver.
C'est à une véritable fête des mots, où calembours, allégories, métaphores et autres figures de style se renvoient l'une l'autre la politesse, dans un joyeux set carré du langage réinventé, que nous convie cette pièce pleine de fraîcheur et de poésie, pour le plus grand bonheur des spectateurs. Douze ans après la mort de ce clochard géant au grand cœur, qui donnait une voix à l'opprimé, à la veuve et à l'orphelin, le créateur et metteur en scène Nicolas Gendron, grand admirateur de Sol, a voulu lui rendre hommage en créant un spectacle tout à son image. Ici, tout respire et illustre stradinairement notre bon vieux clown. Plusieurs de ses textes sont repris intégralement, d'autres ont été partiellement adaptés, et enfin, quatre textes originaux, traitant de l'actualité - mais inspirés de ceux de Favreau - ont été écrits par ces quatre jeunes auteurs stradinairement talentueux. Ce spectacle original, composé d'une vingtaine de tableaux théâtraux, illustrant chacun de ces textes, nous remet totalement dans l'atmosphère de la création de Sol.
Ici, tout n'est qu'imagination, création, folie, intelligence et éveil des consciences...Car, la recréation du langage, chez Sol, ne donne pas seulement de surprenants et imaginatifs nouveaux sens aux mots, mais également une portée sociale. Ainsi, à travers son personnage inoffensif de clochard, Sol peut se permettre de nous faire passer des réflexions et des vérités autrement trop difficiles à accepter. C'est pourquoi Sol ne doit pas être considéré comme un humoriste, mais bien comme un éveilleur de conscience. Ses seuls outils sont les mots, et son génie est de les assembler, de les décortiquer, de les triturer, de les transfigurer, pour les rassembler de nouveau, afin d'en faire surgir un sens totalement nouveau et éclairant. De cette transformation naît un jet de lumière pur et direct, qui nous étonne, nous fait rire et nous éblouit, et qui ouvre nos consciences. Assoiffés que nous sommes de vérité et de lumière, nous nous y abreuvons goulûment. C'est tout l'art et le génie du poète surréaliste qu'il est.
Aller voir un spectacle de Sol est loin d'être un acte végétatif. Pour paraphraser l'un de ses monologues, on n'y va pas comme on va à l'école, pour être « remplis comme des entonnoirs », mais on doit faire travailler nos neurones, pour pouvoir suivre tous les jeux de mots brillants qu'il nous donne à voir. Ainsi, à l'instar des monologues de Sol, ce spectacle en est un interactif, dans lequel le spectateur doit « travailler » pour être au diapason de Sol. C'est le défi qu'ont réussi à relever tous les intervenants de ce spectacle intelligent, raffiné, drôle, poétique et intellectuellement nourrissant.
Comme le contenu s'arrime parfaitement au contenant, les décors minimalistes jouent un rôle ludique et imaginatif prépondérant. Ainsi, ces ingénus de la créativité utilisent une roue de bicyclette comme caméra, une vieille lampe comme micro et un simple chandail rouge pour représenter le Parti Libéral. L'imagination au pouvoir! À partir de là, tout devient possible : critique politique non-équivoque, retour sur le printemps érable, critique sociale du système d'éducation, de la place faite aux vieux, etc.
Une autre belle trouvaille réside dans l'apparition vidéo de deux grands créateurs québécois de monologues et de « jeux de mots » que sont Marcel Sabourin et Clémence Desrochers. Chacun nous livre, de façon éloquente et vibrante, un texte marquant de l'oeuvre de Marc Favreau. Il est particulièrement émouvant d'entendre, de leurs bouches, le texte portant sur les vieux et le sort que la société leur réserve.
L'enfance de l'Art, doigts d'auteur de Marc Favreau met en vedette les excellents comédiens Maxime Beauregard-Martin, Isabeau Blanche, Gabriel Dagenais, Nicolas Gendron et Olivia Palacci.
Je vous recommande fortement d'aller la voir. Vous y rirez et vous « époustouflerez » de façon intelligente.