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La pièce Le Joker, de Larry Tremblay, mise en scène par son comparse Éric Jean, et mettant en scène Pascale Montpetit, Louise Cardinal, Marilyn Castonguay, Normand Daneau et André Robillard, est présentée au Théâtre Quat'Sous, du 7 novembre au 2 décembre 2016. Le Joker traite des multiples facettes de notre personnalité, de cet « Autre » qui peut nous paraître étranger, mais qui, en fait, n'est qu'une partie de nous-mêmes, la part souvent sombre et inconnue, que nous peinons à reconnaître, parce qu'elle recèle des fantômes, des non-dits, des désirs inavouables... bref la part « inconsciente » dont Freud a fait toutes ses délices...
Disons-le d'emblée : Le Joker n'est pas une pièce facile d'accès et n'arrive pas non plus avec ses codes d'interprétation. Elle peut sembler donc très hermétique – voire incompréhensible – pour le spectateur qui n'a pas pris la peine de se documenter sur l'univers de l'auteur et sur le propos de la pièce. Le dramaturge Larry Tremblay y traite ici - comme dans plusieurs de ses pièces - de l'identité, l'un de ses thèmes favoris.
La pièce s'ouvre sur une tête sans corps – qu'on dirait décapitée – posée simplement au centre de la scène. Cette tête est heureusement bien vivante : c'est celle de Pascale Montpetit, qui joue le rôle du Joker. Visage maquillé comme celle du Joker (teint archi-blanc parce que tombé dans la potion d'acide qui l'a décoloré, et lèvres très rouges, comme un sourire éternellement fendu), cette tête s'agite, parle, sourit exagérément et grimace. Image terrifiante en elle-même... qu'on peine à regarder. Ce Joker représente la petite voix intérieure en chacun de nous. Il en est la part sombre ou celle qui fait l'avocat du diable. En cette nuit plutôt surréaliste, les 4 personnages de cette famille entreront en contact avec le Joker, et leurs vies en seront irrémédiablement changées... Nuit d'épouvante où les fantômes des personnalités errent, sans grande logique, comme des pantins dirigés par une pulsion machiavélique.
Tel que l'explique l'auteur : « Le joker personnifie un reflet dans lequel tous y perçoivent ce qu’ils veulent. » On assiste donc à une suite de métamorphoses des différents personnages, qui représentent la partie cachée de chacun d'eux. Il y a Alice, (Marilyn Castonguay), la blonde d'Olivier, une drôle de jeune fille ressemblant davantage à une poupée mécanique qu'à un être humain, et qui s'improvisera « chorégraphe » en faisant quelques « steppettes » totalement stéréotypées. Elle rencontrera son « double » , soit une jeune fille habillée et coiffée exactement comme elle. (Ici, la duplicité est clairement illustrée.) Son chum, Olivier, (André Robillard) est un jeune poète qui désire lui lire le texte qu'il a composé pour les funérailles de sa mère. Cependant, il ne pourra jamais le faire... Il semble toujours en quête de reconnaissance et n'arrive pas à être entendu. La mère, Julianne, (Louise Cardinal) qui s'est suicidée en s'immolant, réapparaît suite à sa rencontre avec le Joker. Elle est ressuscitée. Ainsi, le texte préparé par son fils pour ses funérailles devient caduc. Simon, le père, (Normand Daneau) passe, quant à lui, de la profession de comptable à celle de policier. Il semble prendre un plaisir fou à se servir de son arme et de son bâton. (On dirait un fantasme de petit garçon.) L'auteur confirme que cette scène lui est venue de ses réminiscences du conflit arabe et de celui des étudiants.
La scène est divisée en 3 plateaux : deux sur le premier plancher et un en haut. C'est sur celui du haut que le policier s'active toujours, en s'amusant avec ses nouveaux « joujoux » de pouvoir. Le Joker est toujours sur le plateau du bas, au centre de l'action et des personnages. Il intervient auprès de chacun d'eux, comme s'il était la part double, secrète, de chacun d'eux. La folie illustrée dans la représentation de la duplicité des personnages montre à quel point cette part de nous-mêmes nous échappe, à quel point elle échappe à notre contrôle et à tout ce que nous sommes dans la « vraie » vie, dans la part maîtrisée de notre personnalité. La partie « folle », soit celle du Joker, est en fait la partie de l'inconscient : celle des rêves, des fantasmes, celle des désirs fous, indicibles. C'est pour cette raison que l'auteur l'a concrétisée sous la forme du Joker, cette carte vierge dans les jeux de société : monnaie transférable, interchangeable, où chacun peut inscrire ce qu'il veut, où il peut imprimer son double, sa part hirsute...
Avec Le Joker, nous avons eu accès à une partie des créations de l'inconscient de Larry Tremblay. Le maître-mot qui me venait continuellement en tête, c'est « surréalisme ».
Au lendemain de l'élection de Donald Trump à la tête des États-Unis, je me suis demandé si ce n'était pas ce Joker, cette part folle et incontrôlable de leur personnalité, qu'ont laissé s'exprimer – peut-être même à leur insu! – 50 % des Américains...
Le Joker sera présenté jusqu'au 2 décembre au Théâtre Quat'Sous.