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C’est dans un Théâtre Aux Écuries baignant dans une ambiance printanière et joviale, laquelle offrait d’ailleurs un agréable contraste avec la température maussade des derniers jours, que se tenait hier la soirée de lancement de la 18e édition du Festival du Jamais Lu. Un nombre de bougies synonyme d’entrée dans l’âge adulte, et qui sait, d’émancipation? Si grandir correspond à la nécessité de se désempêtrer de notre peur de l’autre, la ligne éditoriale de cette année, « Franchir les solitudes », va définitivement en ce sens, alors que de l’ensemble de la programmation 2019 ressort un fort appel à un vivre-ensemble doux et inclusif.
Une 18e édition encore et toujours au diapason avec les enjeux sociaux de nos générations
Alors que le Jamais Lu se donne comme mandat depuis ses tout débuts d’offrir au public du contenu littéraire pertinent, engagé et créatif, lequel est proposé par des auteurs contemporains, on ne s’étonne pas de retrouver encore cette année dans ses sillons des mots qui interrogent, au fil de ses évolutions, le monde dans lequel nous vivons.
Comment peut-on partager un territoire et connaître
Si peu de choses les un-e-s sur les autres?
Comment s’ouvrir au monde si on ne sait pas parler à son voisin-e?
Comment prendre conscience de la désuétude des réseaux systémiques en place?
Comment, en 2019, reconstruire les ponts brisés par des décennies d’Histoire
Conquérante et de politiques partisanes?
Jusqu’au 11 mai prochain, c’est donc à travers une quinzaine d’œuvres théâtro-littéraires, autant d’ateliers et plusieurs murs à abattre, lesquels sont tout aussi bien jetés au sol métaphoriquement que physiquement dans des performances littéraires uniques précédant les spectacles, que le Jamais Lu organise sa résistance face aux rapports de pouvoir, à la peur de l’autre et ultimement, à celle de soi.
Une résistance qui semblait aller de soi selon la cofondatrice du festival, Marcelle Dubois, qui fait d’ailleurs équipe cette année avec des artistes autochtone (Nahka Bertrand), francophone (Pascal Brullemans) et anglophone (Alexis Diamond) pour l’orchestration de l’événement annuel. Une équipe agrémentée qui, de par sa seule composition, permet d’ouvrir le dialogue linguistique et de modifier le schéma narratif du Jamais Lu. Comme Marcelle Dubois l’a expliqué un peu plus tôt cette semaine en entrevue avec Marie Labrecque du journal Le Devoir, le sentiment collectif est actuellement au désenclavement des identités, une déconstruction identitaire qui ne doit toutefois pas se faire en omettant l’Histoire dans laquelle ces dernières s’insèrent. Une impression qui s’est confirmée par la lecture des presque 200 textes inédits que l’équipe du festival a reçu pour cette 18e édition et qui allaient pour la plupart dans cette direction. Ainsi, « Franchir les solitudes » est une notion qui se traduit tout autant par la célébration de son identité personnelle que par l’acceptation entière de celle de l’autre.
« Parle à ton voisin » : un garden-party libérateur euphorisant
C’est donc dans cet état d'esprit que s’ouvraient les festivités du Jamais Lu hier avec la soirée, « Parle à ton voisin » une réjouissante initiative signée Alix Dufresne. Avec cette lecture publique collective inspirée de la solitude urbaine, l’artiste multidisciplinaire souhaitait ouvrir le dialogue entre voisins : voisins de palier, voisins de patrie, voisins historiques ou voisins fantasmagoriques. Pour se faire, douze auteurs étaient conviés à livrer au public le contenu d’une lettre écrite au dit voisin, dans laquelle quelque chose se devait d’être libéré, de la colère à l’amour.
Ces invités, ils se sont plongés tête première et gueule ouverte dans cet audacieux et rafraîchissant exercice créatif dans lequel ils se sont tout à la fois commis, indignés, mis à nu et ont surtout tendu la main à plus d’empathie et d’écoute, dans une salle au silence rassurant et aux réactions évocatrices. Tour à tour, Simon Boulerice, Manal Drissi, Nicole Brossard, Les Déesses, Frannie Holder, Ricardo Lamour, Geneviève Petterson, Gabriel Robichaud et Leanna Brody nous ont ainsi parlé de ce dernier lien intime entretenu par la force des choses qu’est celui du voisinage, des accents peuplant la langue française et de la barrière qu’ils représentent parfois, de l’amnésie collective face à notre histoire colonialiste qu’a remué le spectacle SLAV, de tortues et de caresses nécessaires, de l’intelligence de la jeunesse immigrante, de ce que deviennent les repères quand on quitte un territoire-décor et de toutes ces choses nécessaires qui se sont parfaitement faufilées dans l’esprit des spectateurs hier au Théâtre Aux Écuries.
Le tout était appuyé par la sympathique présence en musique de la formation montréalaise Comment Debord qui nous ont scandé tel un mantra la formule de la soirée « Parle à ton voisin », du début à la fin de cette lecture aux allures de bbq estival. Mention spéciale, bien sûr, à Sébastien David, auteur aux multiples chapeaux, qui a présenté en guise d’introduction à ce garden-party le résultat en récit du Microdon, la campagne de financement du Jamais Lu dans laquelle chaque don donne droit à un mot lu dans un texte théâtral présenté au début de la soirée du festival. Un véritable casse-tête littéraire dont Sébastien David n’a pourtant fait qu’une bouchée cette année, en nous transportant dans l’épique aventure de Magie-Claude et Océange, deux folles jumelles dont l’histoire a fait rire aux éclats les spectateurs et a permis d’installer du même coup l’ambiance pour le reste de la soirée.
Pour tout savoir sur la programmation de cette 18e édition du Jamais Lu qui risque de filer à toute vitesse, rendez-vous vite sur le site de l’événement !