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Jusqu’au 15 février se joue LA MALADIE DE LA MORT, un texte de Marguerite Duras écrit en 1982 et mis en scène par Martine Beaulne. Sylvie Drapeau et Paul Savoie se partagent ce dialogue d’environ 1h10 sur la scène principale du Prospero. Dans une scénographie très moderne, un homme se rend dans une chambre d’hôtel au bord de la mer. Il y vit une relation particulière et déterminante avec une femme qui le confronte à son incapacité d’aimer, d’être avec l’autre et dans l’autre. Avec pour seule obsession d’accéder à l’amour, la maladie de la mort va se révéler à lui.
Lorsque nous rentrons dans la salle, la scène est dépouillée : un lit double avec un matelas gris et un drap blanc, un mur de crépis et des fenêtres entourent la scène. Avant même que les acteurs n’arrivent, Martine Beaulne prend le parti-pris d’encadrer ce huis-clos et de le réduire au maximum pour que les personnages soient confrontés l’un à l’autre.
Paul Savoie rentre sur scène, suivi rapidement de Sylvie Drapeau. Il faut savoir que Beaulne a réalisé une adaptation à deux voix du roman de cette écrivaine. Ensemble ils livrent une performance d’une grande qualité et nous frappent par le perpétuel modernisme des écrits de Duras. Paul Savoie se démarque de sa partenaire avec un jeu franc et tout en retenue. Il est d’une justesse incroyable. Sylvie Drapeau nous donne plus de difficultés à rentrer pleinement dans son personnage suite à un parti-pris d’une gestuelle faisant « cliché ». Sa démarche, le mouvement de ses mains et même parfois ses intonations de voix tirent davantage vers ceux d’une ménagère des années 1960 que d’une « femme des nuits payées » comme l’écrit Duras.
Beaulne prend le parti-pris de choisir des comédiens d’âge mûr ; et cela fonctionne à merveille. La question du désir et du temps qui passe prend un tout autre sens en symbolisant l’arrivée de la mort suite à l’âge des personnages. Sylvie Drapeau apparait à la fois comme l’amante, mais également comme une personnification de la mort, accentuée par son ensemble noir. Est-elle présente ? Est-elle une projection de la conscience de l’homme ? Ou encore, est-elle la mort ? Beaulne semble laisser le choix au spectateur.
La scénographie vient rajouter différentes couches de lecture à ce personnage de la femme où elle apparait de manière fantomatique derrière les fenêtres à deux reprises. Sa voix alors est diffusée dans tout le théâtre. Elle prend place dans tout l’espace, s’installe dans tous les esprits avant de prendre corps et d’apparaitre réellement. L’ouverture et la fermeture de la pièce se font sur ce jeu de transparence du personnage et donnent beaucoup de modernisme à la scénographie.
Beaulne réussit également, tant bien que mal, à jouer avec le rythme hachuré et non linéaire de l’écriture de Duras qu’elle ponctue de différentes ambiances musicales qui viennent marquer les ellipses temporelles et les moments marquants. Les choix instrumentaux ne sont pas sans rappeler des sonorités de l’Indochine française, lieu de naissance de Duras, qui s’apparentent aux vagues de la mer et qui se devinent sur le mur de crépis éclairé par des lumières bleues. On est alors transporté au bord de cette Mer sombre, souvent citée. D’autres artifices comme l’arrivée d’une zone lumineuse sous le lit lorsque l’homme recouvre la femme d’un drap entretiennent sa présence fantomatique. À l’inverse, la tombée de la pluie à la fenêtre vient nous ancrer dans la réalité. Nous sommes alors perpétuellement tiraillés entre le rêve et la réalité des émotions et des sensations de cet homme, malade de la mort.
Cette version contemporaine de LA MALADIE DE LA MORT offre un résultat efficace et de grande qualité. La pièce se joue jusqu’au 15 février 2020 au Théâtre Prospero. Pour des billets, c’est par là. Dépêchez-vous ! Cela se remplit vite. Si vous souhaitez avoir plus d’informations, c’est par ici.