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Mais qui est la Géante ? C’est Rose Ouellette, dite La Poune. Cette petite dame déguisée en matelot, a fait rire plusieurs générations de femmes et d’hommes pendant 60 ans.
Saviez-vous que derrière ce clown se cachait un pilier de notre milieu culturel québécois, une femme d’affaires et une féministe ?
D’abord, je dois vous dire que j’ai tout aimé de ce théâtre musical : le texte, la musique, les personnages, la mise en scène, les décors, les costumes, les maquillages, les coiffures, les chorégraphies, les voix, les artistes, les musiciens…
Je me suis amusée, j’ai ri, j’ai été émue et je me suis instruite sur l'histoire du Québec des années 1910 à 1940 !
Jade Bruneau, directrice artistique et générale du Théâtre de l’œil ouvert (aussi comédienne, chanteuse, productrice et metteuse en scène de La Géante) décrit quelques inédits de cette création théâtrale.
« Alors qu'on réfléchissait à la prochaine production, Geneviève Beaudet, l’autrice, propose de raconter l’histoire de Rose Ouellette; plusieurs petits signes nous ont confirmé que cette idée était géniale ! D’abord, on a appris que le grand-père de Geneviève fut tireur de rideau pour la Poune au Théâtre National. On lui rend hommage en créant le personnage de Finaud. Même si je ne l'interprète pas, je m’identifie beaucoup à Rose Ouellette, en tant que femme portant plusieurs chapeaux.»
Pour elle, «la cerise sur le sundae, c’est lorsqu'on a découvert la proximité de Rose avec son père; une relation semblable à la mienne. Mon papa était mon plus grand admirateur, mon héros. Toutes les deux, nous avons perdu cet être cher le jour de Noël. Et nos mères soulignaient souvent ce lien: dans La Géante, la mère de Rose (que je joue!) dit à son défunt mari : “Tu serais bien fier de voir de quoi notre fille a l’air…”. La mienne m’a souvent dit : “Tu es donc bien comme ton père ! Tout ça, c’est bien à cause de ton père !”. Donc, de porter hommage ainsi à mon père, chaque soir, c’est ce que j’appelle être directement plogué sur mon cœur… » ajoute Jade avec émotion.
Honnêtement, le souvenir que j’ai de La Poune (surnom de la comédienne et non de la femme), est la comique, oui, mais je la percevais comme une personne à la limite vulgaire dans ses propos et son humour. À quel point je me trompais !
Merci au Théâtre de l'œil ouvert de faire découvrir au public une femme progressiste, féministe, n’ayant pas froid aux yeux, ni crainte de défoncer des portes.
En 1940, alors qu’arrivait le droit de vote des femmes au Québec, Rose Ouellette avait déjà dirigé le Théâtre Cartier (de 1928 à 1936) et était directrice du Théâtre National. C’est d’ailleurs la première femme en Amérique du Nord à avoir dirigé deux théâtres et à ne pas avoir été le faire-valoir d’un homme dans un duo comique.
Rose Ouellette est née le 25 août 1903 à Montréal et s'est éteinte le 14 septembre 1996. Le quartier du Faubourg à m’lasse où elle a été élevée en était un très pauvre où les conditions de vie étaient difficiles.
La Géante nous fait découvrir la jeune Rose alors qu’elle sort déjà des sentiers tracés. Espiègle, taquine et inventive, elle a du caractère, comme on dit. Ni sa mère ni le curé ne sont arrivés à faire entrer cette fillette dans les rangs des enfants sages.
Comme bien des gens du Faubourg, elle travaille dans la Duchess Shoes Factory, usine où les employés n'étaient pas choyés par les patrons. On aborde plusieurs sujets de l'époque : les femmes au travail, le hockey et les guerres qui volent fils et mari, mais on retient surtout qu’elle a été une femme d’exception fracassant des plafonds de verre.
Humoriste et comédienne œuvrant dans le théâtre burlesque, le vaudeville, c'est aussi l’une des premières femmes à avoir popularisé l’art de l’improvisation au Québec. Rose laisse dans nos mémoires ses sketches aux jeux de mots à double sens, ce qui en fait des numéros hilarants dans La Géante.
Les médias ont beaucoup parlé de la relation homosexuelle de Rose Ouellette avec Gertrude Bellerive, qui a été sa secrétaire pendant plusieurs années. Comme s’il fallait mettre l’accent sur le fait que Rose était lesbienne.
Ce n’est pas ce que j’ai retenu de La Géante. Cette relation d’amour, qu’elle refuse de prime abord, est une belle histoire qui durera jusqu’à la mort de Gigi.
Rose n’aura avoué son homosexualité qu’à son équipe du théâtre ; cette relation a été dévoilée au public par sa petite-fille quelques années après sa mort. L’équipe du TOO a voulu parler de cette réalité qui a toujours existé et qui suscite encore des tabous.
Dans le spectacle, on comprend le secret de Gigi et de Rose lorsque Jade Bruneau interprète la chanson Sentinelle. Sa voix émouvante représente la puissance et la fragilité de Gigi.
Chacune et chacun défend un rôle principal, mais prend aussi les traits de personnages secondaires dont certains inspirés des collègues de travail de la troupe : Olivier Guimond, père, et les Juliette (Pétrie, Béliveau, Huot), entre autres. Ces comédiennes et comédiens sont pourvus de tous les talents : le jeu, le chant, le mouvement.
Gabrielle Fontaine incarne Rose Ouellette d'une façon exceptionnelle. Quel travail elle a dû faire en amont! Son immense talent qui la fait ressembler à La Poune autant physiquement que par ses mimiques! Vous faire rire c'est ma vie est une chanson lumineuse à l'image de Rose.
Jade Bruneau joue Gigi, l’amoureuse secrète de Rose. Et il y a aussi Simon Fréchette-Daoust, Rita Tabbakh et Christian Laporte, José Dufour, Philippe Robert et Stéphanie Arav.
Marc-André Perron (aussi à la direction musicale et aux arrangements), Chris Barillaro (aussi à la direction vocale) et François Marion sont les musiciens sur scène qui interprètent la musique originale composée par Audrey Thériault.
Comme m’a raconté Jade Bruneau, chacune des productions du TOO est menée par cette philosophie d’équipe : « poser un regard sur hier, pour se questionner sur aujourd’hui afin de mieux enligner demain. Quand il y a de l’espoir pour la suite du monde, du Québec, des femmes de chez nous, on dirait que ça donne le goût de passer aux actes… Ça donne la foi. »
Celle de La Géante arrive à la fin du spectacle. On se retrouve en 2024 alors qu’Élie L’Espérance, un nouveau personnage, fictif, portant le même patronyme que le frère aîné de Finaud, raconte à un animateur, étalant d'anciens préjugés sur les femmes, que le spectacle qu’on vient de voir, c’est l’histoire contée par son père.
Le moment est choisi pour souligner les papas féministes qui donnent des ailes à leurs filles en mettant en lumière ces femmes venues avant.
Pour Jade, c’est l’espoir, la petite lumière, la sentinelle: « Bien qu’on aurait tendance à dire que plus ça change, plus c’est pareil, on peut conclure qu’on a le pouvoir de transformer le futur, car il y a des géantes avant nous qui l’ont fait. »
Je paraphrase le programme du spectacle :
Plongez dans les années 1910 à 1940 et rencontrez des personnages colorés qui ont fait partie de la vie d’une artiste, pionnière, qui a bravé l’interdit, l’oppression et les préjugés afin de réaliser ses rêves. Elle a su faire du rire le plus puissant flambeau porteur d’espoir et apporter de la légèreté et un peu de lumière dans cette période de Grande Noirceur.
Ce vox pop aux superlatifs éloquents (et quelques extraits du théâtre), saura vous conquérir.
Voici Rose Ouellette dans une entrevue menée par le journaliste Paul Toutant, à Radio-Canada, le 10 février 1987, racontant en toute simplicité sa carrière et l’amour de son public. Âgée de 83 ans, elle se dit trop jeune pour prendre sa retraite. Elle dévoile les qualités essentielles pour faire du bon burlesque et ajoute : « s’il y en a dans la salle qui ont des troubles, le temps qu’ils vont rire, ils vont être heureux. C’est ça ma devise : je veux les rendre heureux ! ».
La Géante est à voir jusqu’au 10 août au Centre culturel Desjardins de Joliette, du 15 au 31 août au Carré 150 de Victoriaville, en tournée, et, dès le 5 juin 2025, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, à Montréal. Pour les informations sur La Géante, cliquez ici.