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L’adaptation théâtrale et cinématographique du récit de Philippe Ducros est présentée à l’Espace libre du 27 mars au 7 avril.
Initialement, La cartomancie du territoire est un court texte chapitré, retraçant dans une langue incisive et révoltée le cheminement cahoteux du dramaturge et écrivain Philippe Ducros, parti en 2015 à la rencontre des Premières Nations du Québec, le long des autoroutes 132 et 138.
La démarche artistique et humaine part d’un constat sans appel : l’Histoire du Canada, comme beaucoup d’autres, s’est forgée sur un idéal impérialiste, colonisant les terres et les peuples sans permission, au nom d’une unité de façade. Dans les faits et dans le sillage de la confédération, les ambitions ferroviaires, les villes, les routes ont tout broyé sur leur passage.
En ouverture, une radio posée au sol capte des ondes diffuses. L’objet est encerclé de traces de pas, figurant le cheminement de la répétition. Dans la salle, l’obscurité émaillée de petits points lumineux que l’on associe volontiers à une partie infime de la voûte céleste, nous enveloppe et nous tient en respect. Et puis, la voix de Philippe Ducros tonne, liste avec vigueur et indignation des chiffres implacables. Le taux de chômage, les chiffres de la mortalité infantile, le revenu moyen, l’accès à l’eau potable... Autant de facteurs accablants qui situent les Premières Nations à la 60ème place du palmarès du développement humain de l’ONU, alors que le Canada, lui, figure dans le top 10.
(Crédit photo: Maxime Côté)
Philippe Ducros nous somme littéralement de nous réveiller, de quitter « l’autoroute des lieux communs » pour prendre le pouls d’un territoire que le pays a laissé en marge. Nous sommes férocement invités à comprendre ces réserves éventrées par les autoroutes, les statistiques nationales et les blessures d’un peuple séquestré. Pour combler les lacunes de l’Histoire.
Sur la route, les portes s’ouvrent timidement. Kathia Rock et Marco Collin incarnent avec justesse les témoignages égrenés au fil des kilomètres. Chaque mot sonne comme une plaie béante : un jour, « les hydravions sont venus et ont dévoré les enfants ». Ceux qui y ont échappé ne sont jamais vraiment revenus. Ils errent entre les états et les espaces, reclus dans les réserves, incarcérés dans les établissements de détention, cherchant des échappatoires dans l’alcool, la drogue, le bingo ou la religion.
En toile de fond, le territoire s’étale, éblouissant d’immensité et de vide. Philippe Ducros et Éli Laliberté ont refait ensemble tout le chemin parcouru en 2015 et filmé la route projetée sur scène. On apprécie la scénographie sans artifice dans laquelle le contraste entre l’intimité (suggérée par les fauteuils) et l’immensité cinégénique de l’espace extérieur fonctionne plutôt bien. En contrepoint, la musique originale de Florent Vollant exacerbe la dramaturgie d’un texte si puissant qu’il pourrait se suffire à lui-même.
(Crédit photo: Maxime Côté)