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Du 18 octobre jusqu’au 18 novembre, le Théâtre Duceppe accueille Docteure, un thriller moral à la rencontre de la Dre Wolff qui est au cœur d’une polémique qui enflamme la toile. La pièce, qui nous implique directement au cœur du débat, nous permet aussi de nous questionner sur la culture du bannissement, ô combien présente de nos jours. Retour sur une pièce qui fait chauffer votre cerveau.
La Dre Wolff, fondatrice d’un prestigieux institut de recherche médicale sur l’Alzheimer, est au cœur d’un débat enflammé à la suite d’un extrait audio publié sur les réseaux sociaux dans lequel elle empêche un prêtre d'entrer dans la chambre d'une adolescente condamnée à mourir après un avortement maison raté qui s'est transformé en septicémie.
Pour elle, c’est clair et limpide : les parents ne sont pas présents, aucune note ne figure au dossier, alors selon le protocole et en tant que médecin de la patiente, c’est elle qui décide de la suite. Mais sur la toile, les avis fusent et sont divisés. La polémique fait rage, une pétition fait surface et la Dre Wolff tombe dans la spirale de la culture du bannissement (cancel culture en anglais).
En commençant par le commencement, parlons des décors. La scène est sobre, et parsemée de couches de rideaux translucides et blancs et qui se font fermer et ouvrir par les autres comédiens et comédiennes au fur et à mesure des scènes. En rythme, ce sont eux et elles qui apportent et changent les décors : canapé à roulettes pour le salon, chaises et tables pour la salle de réunion : ces transitions ajoutent du rythme et sont une belle manière de créer une cassure afin de bien séparer les scènes.
Les décors sont assez simples, mais c'est est peut-être mieux ainsi, pour que nous, spectateurs, puissions comprendre et nous concentrer sur la horde de thèmes directs et indirects à l'histoire qui sont abordés.
Pendant deux heures, comme des médecins dans des couloirs d'hôpitaux, les thèmes se croisent, se cognent, partent puis reviennent. Tokénisme, culture du bannissement, enjeux raciaux, enjeux politiques, religion, droit à l’avortement, biais de confirmation, identités de genre sont progressivement amenés en parallèle des pensées de chacun.
D’un côté, cette multitude de thèmes nous désoriente par moments, mais représente aussi ces personnes aux avis différents sur les réseaux. Lorsqu'un débat est créé en ligne, ce sont toutes ces notions qui apparaissent par milliers, mais peut-être aurait-il fallu en sélectionner seulement quelques-unes ?
Pour en revenir à la pièce, on voit le monde de la Dre Wolff s’effondrer entre la perte de soutien de certains collègues, les menaces, les tourments de sa vie personnelle, mais elle est toujours convaincue d’avoir fait le bon choix.
Elle ne veut se faire attribuer aucune étiquette et le répète maintes et maintes fois : elle est médecin avant tout, ses expériences et sa vie personnelle n’interfèrent en aucun cas avec ses décisions. Cependant, plusieurs vont en douter et mettre à défaut sa capacité à exercer son métier.
La situation se dégrade porgressivement et la Dre Wolff ne cesse jamais de se raccrocher à son code d’éthique. Et quand par moment on lui propose de justifier son geste par ses origines, son genre ou son orientation sexuelle, elle refuse. Mais quand elle essaie, tout se retourne contre elle.
Il ne faut pas croire non plus que la pièce est 100% sérieuse. Il y a pas mal d’humour qui vient alléger l’histoire et faire rire le spectateur. Mention spéciale à Harry Standjofski (Copley et Un) qui dans son rôle de médecin m’a bien fait rire.
Si l’on se rend compte d’une chose importante, c’est que les réseaux sociaux peuvent tout déformer dans la foulée et qu’un extrait audio est à prendre avec des pincettes. Nous, spectateurs, qui avons vu la scène d’altercation entre la docteure et le prêtre, savons ce qui s’est passé de A à Z, quoi qu’en soit notre avis personnel. Mais avec seulement un audio en ligne, il est facile pour des internautes de détourner ce qui a été dit en leur faveur.
Docteure vous met dans une position frustrante (mais amusante), ou vous ne cesserez jamais de changer d’avis. Vous serez d’accord avec un personnage, puis la minute d’après, vous changerez d'idée et vous réaliserez que chacun peut avoir raison, ou tort, ou les deux en même temps.
À la fin, on ne sait plus, on ne sait pas. La Dre Wolff aurait-elle dû laisser passer le prêtre ? Aurait-elle dû se conformer au protocole comme elle l'a fait ? Aurait-elle dû donner l’affaire à un autre ?
Une chose est sûre, une décision a été prise, et, peu importe son choix, une part de la société aurait probablement toujours trouvé quelque chose à redire pour la mettre à défaut, qu’on soit d’accord ou pas avec son agissement.
Docteure, c’est cette fine ligne entre l’éthique et les choix personnels, c'est ce questionnement perpétuel sur la culture du bannissement et surtout, c'est une pièce qui vous fait perdre la tête devant vos propres choix.
Peut-être que certains d'entre vous auront une opinion déjà tranchée, mais à un moment ou à un autre, au moins un des personnages de la pièce vous fera douter, sans que vous ne contrôliez vos pensées. Jusqu'au 18 novembre, Docteure est une pièce essentielle à ne pas manquer. Informations et billets par ici. Pour mieux comprendre les thèmes abordés, cette page devrait vous aider.