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Tout fraîchement intronisé comme premier membre du Panthéon du Théâtre du Nouveau Monde pour l’apport capital de son œuvre, Michel Tremblay revient au théâtre avec la pièce Cher Tchekhov, mise en scène par Serge Denoncourt. Entre mise en abyme et métathéâtre, l’auteur signe un tour de force d’écriture porté par une brillante distribution. Cher Tchekhov est présenté au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 28 mai.
Comme Française arrivée à Montréal il y a moins d’un an, j’avais entendu parler de Michel Tremblay sans vraiment connaître son travail et son influence dans la culture québécoise. Je ne vais donc pas vous faire l’affront de m’essayer à la critique théâtrale d’un des plus grands auteurs francophones, mais tenter d’exprimer humblement mon ressenti de novice.
Michel Tremblay compose ici une mise en abyme subtilement exécutée sous les traits d’un dramaturge cherchant par tous les moyens de finir l’écriture d’une de ses œuvres délaissée des années auparavant, pensée comme un hommage à Tchekhov. D’une manière très cinématographique, nous assistons alors à la construction faussement spontanée d’une pièce de théâtre dont la représentation apparaît comme la projection mentale sur scène du dramaturge, juste derrière lui.
À la manière du réalisateur qui commente et corrige ses plans au montage, le personnage narrateur de Jean-Marc - le double de Michel Tremblay interprété par Gilles Renaud - retravaille son texte et joue avec les attentes du public. Toutes les maladresses d’écriture soulignées par son auteur fictif deviennent ainsi des ressorts comiques d’un nouveau genre, plaisants et rafraîchissants. Cet accès privilégié à l’imagination du dramaturge nous fait aussi voir ses doutes, ses questionnements d’artiste vieillissant dans un contexte où l’art cherche à se moderniser. Sur la pertinence de son travail, l’auteur s’interroge: « Ai-je encore quelque chose à dire ? Ai-je encore ma place dans le milieu artistique ? »
En mettant en scène une famille d’artistes de théâtre autour d’un repas pour l’Action de grâces dans la maison familiale, le dramaturge pose un contexte propice aux règlements de comptes: les personnages « parlent de théâtre, crient un peu, s’aiment beaucoup ». Un joyeux bordel que l’on se plaît à observer. Au cœur de l’intrigue, une fratrie dans laquelle Benoît - auteur de théâtre en panne d’inspiration accompagné de son compagnon Laurent - retrouve son frère acteur et ses 3 sœurs comédiennes dont l’aînée - Claire - est la star incontestée (et un peu jalousée). Cette dernière arrive au repas de famille avec sa nouvelle conquête Christian, critique de théâtre ayant publié un papier peu flatteur sur Benoît quelques années auparavant.
Cet éventail de personnalités - tantôt complémentaires, tantôt en conflit - fait transparaître des vérités sous un humour acide qui déclenche des rires tout au long de la pièce. Grâce à l’alchimie et la justesse du jeu des interprètes, leurs échanges nous amènent de manière subtile vers un théâtre autoréflexif qui questionne le travail des acteurs, les choix de parcours et même la valeur de la critique dans les arts. Sur ce dernier aspect je tiens à mentionner particulièrement le personnage de Christian, le nouveau venu pas vraiment accepté par la famille, qui sait indéniablement installer un malaise parmi les personnages après chacune de ses interventions.
Même si je dois admettre que les références théâtrales évoquées dans la pièce m’ont parfois échappées, c’est avec le sourire que l’on ressort de Cher Tchekhov, une pièce intelligente interprétée par de brillants comédiens (que vous connaissez certainement). Je vous conseille donc vivement de vous procurer les billets pour la pièce, représentée jusqu’au 28 mai au TNM !