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Mardi soir à la Maison Symphonique, l’Orchestre symphonique McGill mené au doigt, à l’œil et à la baguette par Maestro Kent Nagano, a conquis une salle comble grâce à trois chefs-d’œuvre de Richard Wagner, Leonard Bernstein et Robert Schumann.
Rappelons que l’orchestre est composé d’élèves de l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Cette institution a été fondée en 1904, compte sur les services de 200 professeurs provenant de tous les horizons et accueille plus de 800 étudiants. Andrew Wan, violon solo de l’OSM et invité de la soirée, est d’ailleurs professeur adjoint à cette même école.
Les vingt premières minutes du concert ont été consacrées à « Siegfried-Idyll, WWV103 » de Richard Wagner. La description qu’en donne le programme est, selon moi, une pièce d’anthologie qui mérite d’être citée et qui va comme suit : « L’œuvre épouse assez librement la forme sonate, mais elle illustre surtout d’une manière fascinante la technique de la résolution retardée, où les harmonies s’enchaînent en un flot continu, sans cadences réelles, en intégrant avec aisance une richesse thématique lourde de sens. » Rien de moins !
À mon humble avis, l’œuvre est plutôt lyrique – et même onirique –, mais n’engendre pas de vers d’oreille. Elle favorise la relaxation et la rêverie sans toutefois offrir de grands airs mémorables comme il s’en trouve tant dans les opéras italiens, par exemple. C’est une musique planante parsemée de quelques temps forts, mais qui ne m’a pas convaincu de me la procurer sur CD.
Les trente minutes suivantes ont été un pur ravissement grâce à la musique de Leonard Bernstein et la virtuosité d’Andrew Wan, violoniste soliste invité. La Sérénade (d’après Le Banquet de Platon) est un petit chef-d’œuvre en cinq mouvements remplis de surprises et d’enjolivures musicales. Généralement entrainante, cette musique a offert plusieurs occasions à Andrew Wan de briller par sa virtuosité, qui n’est certes pas passée inaperçue, si j’en juge par le tsunami d’applaudissements qui a récompensé cette époustouflante exécution.
Depuis fort longtemps, j’entretiens une relation amour-haine avec Leonard Bernstein. J’adore son innovateur et merveilleux opéra Candide de 1956 devant lequel je suis en totale et inconditionnelle admiration. La « Sérénade » sus mentionnée, composée en 1954, en a d’ailleurs certains accents précurseurs. Et je déteste avec autant d’ardeur son West Side Story de 1957 que je trouve trop facile, trop pop et trop racoleur.
Après l’entracte, l’orchestre nous a enchantés durant une bonne demi-heure avec la « Symphonie no 1 en si bémol majeur, op. 38, Le Printemps » de Robert Schumann. Cette œuvre en quatre mouvements est tout simplement grandiose, majestueuse, spectaculaire. C’est du moins l’impression durable et le souvenir que j’en garde.
Le programme nous apprend que lorsque la Symphonie « Le Printemps » est créée à Leipzig le 31 mars 1841, le compositeur « considère qu’il a atteint l’apogée de sa vie artistique ». Ce n’est pas moi qui vais le contredire, car mes oreilles m’ont confirmé que cette œuvre est effectivement remarquable. J’ai souvent eu l’occasion et le grand plaisir d’écouter du Schumann, et je dois admettre que cette exceptionnelle symphonie occupe la place d’honneur dans mon « palmarès Schumann » personnel.
De la performance orchestrale d’hier, Christophe Huss, critique musical pour Le Devoir depuis 2003, a écrit : « L’Orchestre symphonique de McGill de 2018 n’est pas le plus grand millésime des dernières années. Cela le corniste de Siegfried-Idyll nous l’a signifié assez vite et d’autres nous l’ont rappelé dans Schumann… la circulation des motifs sonores entre les pupitres aurait requis un travail de détail plus pointilleux et approfondi. »
Je suis convaincu qu’une telle critique « pointue » est absolument nécessaire lorsqu’elle est sincère et correspond objectivement à la réalité. Autrement, comment les musiciens s’amélioreraient-ils s’ils ne rencontraient toujours que des critiques complaisantes faisant abstraction de leurs faiblesses et défauts ?
Ceci étant dit, comme je ne suis ni « critique » musical ni même « musicologue », mais seulement un irréformable mélomane, j’ai le bonheur de ne jamais m’asseoir dans une salle de concert with a chip on my shoulder, avec partition en mains ou esprit critique en alerte rouge. Les subtils défauts, manques ou défaillances, de l’orchestre ou de son chef, m’échappent indubitablement, avec pour heureuse conséquence d’ainsi pouvoir pleinement me concentrer sur la mélodie, sur les sonorités, sur l’ambiance créée et les images mentales suscitées dans mon imagination. Chez moi, la qualité de l’ensemble et l’impression générale l’emportent haut la main sur la ponctuelle qualité des performances individuelles des différentes composantes.
Cependant, tout déficient musical que je sois, je repère tout de même les grosses bévues évidentes, grâce à une oreille certes imparfaite mais néanmoins éduquée « sur le tas » par plusieurs décennies d’écoute attentive. Parce que ma fruste oreille sexagénaire ne sait toujours pas détecter le bruit d’une puce marchant sur le dos d’un pou, mon écoute n’en est que plus agréable.
La plus que ravissante soirée s’est terminée par une longue ovation debout et une surenchère de chaleureux applaudissements. Kent Nagano, l’Orchestre Symphonique McGill et le violon solo Andrew Wan peuvent s’enorgueillir d’une autre mission accomplie.
L’École de musique Schulich de l’Université McGill est une formidable pépinière de talents qui mérite support, encouragement et pérennité. Vous pouvez consulter le calendrier de ses activités en cliquant simplement ici.