L’autrice-compositrice-interprète Michaëlle Richer a rayonné sur les planches du Ministère le 5 décembre dernier pour le lancement montréalais de son deuxième EP Arriver à l’heure.

Accompagnée sur scène de Blaise Borboën-Léonard aux synthétiseurs, Nicolas Lalonde à la basse, et d'Aubert Gendron Marsolais à la batterie, Michaëlle Richer a fait un tabac devant la salle du Ministère, remplie à capacité malgré ce dimanche soir de tempête. Plus qu’un lancement, cette soirée a été l’occasion pour elle de performer une sorte de Best Of de ses compositions, comme l’EP précédent n’a pas pu vivre « toute la vie qu’il méritait » selon ses propres mots. En effet, son premier microalbum, Fâcheuse tendance, a vu le jour à la fin de l’année 2019, ce qui a bien sûr limité ses possibilités d’être joué live.

L’attente en valait la peine, car le catalogue folk/rock/électro proposé par Michaëlle était de toute beauté, et nous a fait réaliser l’éventail de ses talents de compositrice. Dans une scénographie et une direction artistique qui a su rendre justice à sa voix vaporeuse, elle a su passer habilement d'envolées déjantées comme sur Un doigt dans l'œil et sur À boire, à des interprétations plus délicates comme sur Peut-être qu’un jour. À travers toute la fumée diffusée sur la scène, on a pu entrevoir Blaise se démener comme un fou sur les synthétiseurs, et dévoiler le potentiel énorme de la performance de ces chansons en direct. La communion des musiciens était réelle; le public, ravi. 

Une progression à surveiller absolument

Arriver à l’heure est un EP d’une grande maturité qui fait belle suite à Fâcheuse tendance. Si ce dernier nous avait présenté des arrangements plus folk et planants, le nouvel opus construit sur cette lancée en plus de proposer une tendance rock électro qui est d’un réel plaisir. La chanson Tragique en est un bel exemple, avec des sonorités pop certes entraînantes, mais qui surtout ne manquent ni de personnalité, ni de profondeur.

Par moments, les prestations ont pu évoquer les sons de Radiohead, ou encore, plus près de chez nous, les influences de Jimmy Hunt ou de Lydia Képinski. Dans le cas de Képinski, il faut spécifier qu’elle et Michaëlle ont toutes les deux travaillé avec Blaise Borboën-Léonard à la réalisation, qui signe un excellent travail avec ce EP.

Au rappel, Michaëlle est revenue sur scène pour interpréter la pièce titre du EP, Arriver à l’heure, qui ouvre sur une soyeuse progression d’accords, et enchaîne avec des paroles magnifiques. « Ensuite je pourrai me soucier d’arriver à l’heure, d’arriver tout court…» Qu'importe, cette arrivée ne passera certainement pas inaperçue.

Trop tôt, cependant, est arrivée la fin de la soirée, précipitée par Le Ministère. On aurait pris davantage de Michaëlle Richer.