Elle a du charisme, calme avec sa voix grave aux accents acadiens si charmants. Et, presque paradoxalement à cette apparente sagesse, elle nous sert un folk-rock puissant, déjanté et assumé. Si ce n’est déjà fait, dépêchez-vous d’aller y goûter, parce que Lisa LeBlanc termine sa tournée le 15 décembre avant de prendre une longue année sabbatique.

L’artiste est arrivée sagement sur la scène du Théâtre Granada pour annoncer sa première partie Laura Sauvage, son amie d’adolescence avec qui elle s’offre les dernières semaines de sa tournée. À noter, une première partie induit toujours le spectateur en erreur : au départ, celui-ci a tout le temps l’impression qu’il va falloir donner sa chance à l’artiste qu’on n’attendait pas et qu’on ne connaissait pas encore. Faux!

Car Laura Sauvage, c’est le nouveau projet de Vivianne Roy des Hay Babies. Et si vous avez déjà vu les Hay Babies, vous avez certainement repéré cette petite brune à l’air « replié » mais qui meuble une scène comme personne. L’artiste est donc maintenant Laura Sauvage, pleine d’énergie et de créativité. Elle offre une ambiance musicale flirtant par moments avec le rock progressif.

En plein cœur d’un morceau, on a pu constater qu’elle avait une jolie voix à la fois éraillée et solide en plus d’un souffle étonnant, alors qu’elle tenait la note pendant un changement de guitare. Elle était entourée de grands gaillards musiciens, dont Dany Placard à la basse. Sa prestation s’est terminée avec sa très chouette crise existentielle mise en chanson dans « Monkeys in Space ».

La très attendue Lisa

Après que Laura ait brillamment électrisé le public avec des spectateurs déjà rassemblés en masse juste devant la scène ou dans le parterre plein du Granada, les techniciens sont venus installer les instruments et amener la batterie juste à l’avant de la scène, à côté du micro de Lisa.

On a pu admirer une belle brochette de musiciens, bien visibles et avec une belle complicité. La chanteuse tant attendue est arrivée toute souriante avec sa jolie guitare pailletée d’or.

Elle a interprété les chansons qu’on connaît et qu’on apprécie, telles « I Love You I Don’t Love You I Don’t Know » et « Chanson d’une rouspéteuse ». C’était un grand bonheur de voir Lisa LeBlanc prendre un banjo ou un autre pour faire résonner en direct cet instrument à la sonorité typique – un peu métallisée – que j’aime particulièrement.

C’est ensuite devant une foule chaleureuse et réceptive que Lisa a entamé « Katie Cruel ». Ce moment était plein d’émotion, avec un public qui ne la lâchait pas des yeux et une chanteuse qui savait bien que l’aventure de tournée tirait à sa fin.

Elle a ensuite joué un « Ti-gars » au ti-fer, un instrument folklorique acadien qui est en fait un gros triangle massif. Celui-ci a rythmé la chanson avec un agréable tintement bien ferreux qui pourrait rappeler l’utilisation percussive de la cloche à vache, ou l’arrivée frénétique d’une vieille locomotive. Eh oui, dans les mains de Lisa LeBlanc, ça rock et ça nous emballe!

Ce ti-fer typiquement Louisianais est un des nombreux symboles du grand attachement de la chanteuse à ce bout de pays si loin et si proche de notre Acadie, où elle retrouve ses repères un peu comme à la maison.

Dire au revoir avec du nouveau

Au Granada, nous avons eu droit à deux rappels. Après l’inévitable – mais tellement aimée – « Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde » accompagnée par ses trois musiciens qui se prennent pour des choristes sans trop de sérieux, Lisa nous a lancé un vigoureux « Aimons-nous un peu plus ! » pour nous introduire une nouvelle chanson, « I Hate Myself », une protestation contre ces fausses images dont regorgent les médias sociaux et qui nous amènent trop souvent à nous comparer à quelque chose qui, pourtant, n’existe pas.

C’est sous de longs applaudissements que Lisa LeBlanc a quitté la scène du Granada bien après ses musiciens, après avoir remercié abondamment le public sherbrookois. Un peu émue, quand même, devant ce show de plus qui devenait un show de moins. Pour profiter des dernières dates de la tournée de Lisa LeBlanc, rendez-vous ici.