Jeudi soir dernier, au Petit-Outremont, le prolifique et talentueux auteur-compositeur-interprète et comédien Lewis Furey donnait, en supplémentaire, la dernière des 5 représentations de son spectacle « Brahms Lieder », où il interprétait au piano ses lieder coups de cœur de Brahms.

C'est dans une atmosphère de grand recueillement et d'intériorité que nous avons religieusement écouté ce grand artiste chanter et jouer ces mélodies tout en finesse et en subtilité. Rappelons que le lied, (lieder au pluriel) est un terme allemand signifiant littéralement « chant ». Le lied est un poème germanique chanté par une voix, accompagné par un piano ou un ensemble instrumental. Lewis Furey nous a exprimé sa passion pour l'extraordinaire compositeur qu'était Johannes Brahms, et en particulier pour ses lieder, composés dès le début de l'âge adulte et poursuivis jusqu'à sa mort.

Tout comme dans l'Amour et dans l'Amitié, il existe des fraternités d'âmes qui traversent les siècles, les époques et, bien sûr, les modes passagères. Tel est le cas de Lewis Furey et de Johannes Brahms. Notre contemporain a trouvé dans la sensibilité de Brahms - compositeur illustre du XIX ème siècle, l'époque du Romantisme - toute la profondeur, la délicatesse et la subtilité qui lui correspondaient. Brahms ayant été fortement marqué et inspiré par l'oeuvre contrapuntique de Bach, - en particulier L'art de la fugue – il a composé ses lieder sous le même mode très rigoureux, subtil et tendant à la perfection : le contrepoint. Sur le plan de l'écriture, c'est l'une des musiques les plus exigeantes qui soient, une musique réglée au quart de tour, où les thèmes se chevauchent continuellement, s'effaçant puis revenant enrichir le thème principal. Musique extrêmement subtile, brillante de symétrie et de complétude, le style contrapuntique est l'une des plus grandes prouesses de la musique occidentale. Le compositeur autrichien Alan Burg disait de cette dernière que « c'était la musique la plus profonde qui soit. » C'est vrai. Pour l'avoir personnellement étudiée, interprétée, puis jouée en concert, j'abonde totalement en ce sens.

Une ambiance très intimiste régnait dans cette salle du Petit-Outremont, aux dimensions humaines. Nous avions l'impression d'écouter Lewis Furey jouer dans son salon... Pénétré de sa musicalité et de son intériorité, il a interprété une quinzaine des lieder de Brahms, qu'il a adaptés, traduits en anglais ou en français et chantés de sa voix grave et chaude. Nous nous laissions bercer par une musique et une ambiance d'un autre temps : celui du calme, de la profondeur et de la plénitude.

En plus d'avoir remis aux spectateurs la copie papier des paroles des chansons, ces dernières étaient projetées sur un pan de mur, afin que tous puissent les suivre, en même temps que leur interprétation. Faisant corps avec son piano et sa musique, Lewis Furey a également interprété quelques-unes de ses compositions, ainsi que quelques chansons contemporaines connues. Cela donne un spectacle tout en douceur et en poésie, qui se rapproche davantage d'un long poème chanté, livré sur le ton de la confidence et du raffinement, qu'un « spectacle » comme tel. Ici, point de fla-fla ni de clinquant : qu'un grand artiste nous faisant partager sa sensibilité et ses coups de cœur.

Entre deux chansons, Lewis Furey s'adressait au public pour parler un peu de lui, et nous livrer certaines indications sur l'écriture et sur l'adaptation des chansons. On a aussi pu remarquer son fin sens de l'humour.

A la fin du spectacle, mon amie me faisait remarquer que Lewis Furey irradiait la scène, par sa seule présence. En effet, l'intensité de sa présence nourrissait l'atmosphère, jusqu'aux silences.

Le spectacle « Lewis Furey, Brahms Lieder » a ravi le public et a été largement salué par la critique.

Pour connaître davantage le travail de Lewis Furey, rien de mieux que d'aller visiter son site Web.

Pour connaître la programmation du théâtre Outremont, cliquez ici.