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En cette veille d’Halloween, le mardi 30 octobre 2018, la Maison symphonique a vibré, résonné et même tremblé à la toute-puissance du grand orgue Pierre-Béique. Pour l’occasion, l’organiste, compositeur et improvisateur français Thierry Escaich a laissé libre cours à son vaste talent pour nous en mettre plein les oreilles durant la projection du film d’horreur Nosferatu : A Symphony of Horror (1922).
En effet, durant la projection de ce film muet en noir et blanc, d’une durée de 1 h 20, le maestro a brillamment improvisé l’accompagnement musical à l’orgue, en direct et en continu.
Il a livré une impressionnante performance – de tous les instants – en exploitant au maximum toutes les nuances et possibilités de ce magnifique instrument doté de 83 jeux, 4 claviers et 6 489 tuyaux.
Crédit photo : Site officiel de la Master Class Thierry Escaich
À titre de rappel, le film Nosferatu a été réalisé par le cinéaste expressionniste allemand Friedrich Wilhelm Murnau (1888-1931), et l’acteur principal qui incarnait le comte Orlok – Nosferatu, le vampire – se nommait Max Schreck de son vrai nom. Incidemment, en allemand, schreck signifie « terreur », un nom tout à fait prédestiné donc, pour un acteur de film d’horreur.
La légende construite autour du singulier Max voudrait que nous croyions qu’il était un véritable vampire. Son charisme et sa présence étaient tels que, bien que son temps total passé à l’écran ne totalise pas plus de 15 minutes, cela a tout de même suffi pour qu’il grave dans l’esprit des spectateurs un souvenir impérissable.
Le petit studio allemand Prana Film qui a produit Nosferatu a dû déclarer faillite après cette seule et unique production, suite à une action en justice – pour vol de propriété intellectuelle – intentée par Florence Balcombe, la veuve de l’écrivain et auteur du célèbre roman Dracula, Bram Stoker. Le film se basait sur le roman, sans que le studio n’en ait toutefois préalablement obtenu l’autorisation de la veuve de Bram. Comme nous l’apprenait le programme de la soirée : « Nosferatu le vampire est une adaptation non autorisée et à peine déguisée du roman de Stoker. »
C’est suite à cette poursuite judiciaire que les personnages du roman ont été rebaptisés dans le film de Murnau. Ainsi, le comte Dracula est devenu le comte Orlok ; Jonathan Arker est devenu Thomas Hutter ; Mina est devenue Ellen ; et Londres, le lieu de l’action principale, est devenu la fictive ville de Wisborg. C’est également pour la même raison que le mot vampire a été remplacé par nosferatu.
Après ce petit rappel historique, revenons à l’époustouflante prestation de Thierry Escaich.
S’agissant d’un film muet, la musique n’a jamais « enterré » les dialogues et n’a jamais connu de temps morts. En fait, la trame musicale a été des plus vivantes. Elle n’avait rien de mièvre, mais plutôt beaucoup de mordant. Le film offre beaucoup de chair dans laquelle un musicien improvisateur peut mordre à pleines dents, et Thierry ne s’en est pas privé.
Étant allé seul au spectacle, je n’ai pas pu échanger sur le sujet ; mais j’ai personnellement trouvé que son improvisation collait aussi parfaitement à l’action sur l’écran que les bandelettes sur la peau d’une momie. La pertinence musicale a été au rendez-vous.
Durant la conférence pré-concert, nous avons appris de la bouche même du maestro qu’il avait déjà visionné le film en entier à au moins trois reprises, dans le but de se mettre dans le bain (de sang). Il s’est ainsi imprégné de l’atmosphère lugubre et du minutage des scènes pour que son jeu ne se termine pas prématurément ou trop abruptement.
Il nous a également révélé que, tout en étant de l’improvisation de la première à la dernière note, il pourrait créer ponctuellement des « personnages musicaux » et des leitmotivs au gré de son inspiration du moment. Et je peux vous assurer qu’il s’en est donné à cœur joie.
Son improvisation n’a pas engendré de grandes mélodies, mais plutôt d’innombrables petites. Son jeu nous a réservé de nombreuses surprises acoustiques. Il y a longtemps que je voulais entendre de quoi cet orgue était capable. Après cette mémorable soirée, je peux vous affirmer qu’il est capable de bien des teintes et sonorités, tout comme beaucoup de décibels.
Cette soirée riche en émotions en a été une d’adrénaline, mais pas d’hémoglobine car on n’y voit tout au plus que deux ou trois gouttes de sang durant toute la durée du film. C’est que, voyez-vous, en ce temps-là on produisait des films d’atmosphère qui ne misaient pas sur le gore (le sang, les tripes et la torture) mais sur l’expressionnisme, les jeux d’ombre et de lumière, et sur le jeu des comédiens, bien sûr.
Je lève mon chapeau au maître improvisateur Thierry Escaich qui nous a offert une prestation d’enfer. Celle-ci, paradoxalement, m’a régulièrement transporté au septième ciel et m’a malheureusement fait vivre le purgatoire lorsque j’ai dû me résoudre à quitter la salle, à la fin d’un spectacle passé beaucoup trop vite.
Comme il se devait en cette circonstance, maestro Escaich a reçu une monstrueuse ovation debout accompagnée d’applaudissements suffisamment bruyants pour réveiller un mort, voire même ressusciter un vampire.
Pour faire plus ample connaissance avec l’organiste Thierry Escaich, n’hésitez pas à fréquenter son site internet officiel en cliquant ici. Aussi, l’Orchestre symphonique de Montréal a réalisé un coup de génie en organisant cet événement à saveur « halloweenesque » et doit en être félicité. Pour en connaître davantage sur le calendrier de ses activités et pour vous procurer vos billets, vous pouvez accéder à son site internet en suivant ce lien.