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C’est Pierre Goulet, président du Festival d’Opéra de Québec, qui a introduit La Flûte enchantée en cette soirée de première mondiale. Dès la prononciation du nom du metteur en scène Robert Lepage, ce dernier a été acclamé par une ovation debout de toute la salle. Cette première à domicile a montré que Robert Lepage est soutenu par les spectateurs de sa ville natale.
Rappelons rapidement l’opéra : Tamino, personnage principal de l'histoire, est poursuivi par un serpent. Les trois dames de la Reine de la nuit tuent le serpent avant qu’il ait eu le temps d’attaquer Tamino. Ce dernier, évanoui, se réveille proche de Papageno et pense que celui-ci l’a sauvé. Ensemble, ils vont rencontrer la Reine de la Nuit et s’ils arrivent à passer toutes les épreuves auxquelles ils feront face, alors ils pourront chacun (re)trouver leurs dulcinées : Pamina et Papagena.
Magie, « black art », onirisme et exotisme
La Flûte enchantée commence avec une présentation très cinématographique du titre, en trois langues (français, anglais, allemand), projetée par une multitude d’étoiles en fond de scène. Un serpent apparaît en néons articulés et un personnage de plusieurs mètres se révèle à la lumière noire. La flèche de l’arc du personnage est magiquement envoyée. Le ton est donné : La Flûte enchantée de Robert Lepage sera faite de magie, de jeux de lumières, de personnages démesurés et de coexistence de cultures.
En effet, le merveilleux, l’onirisme et l’exotisme, principaux fantasmes de Mozart sont à l’honneur. C’est avec une multitude d’effets magiques – mais discrets – que Robert Lepage met en scène ce conte fantastique. Le merveilleux est amplifié par l’art du « black art » où les apparitions, disparitions et mouvements d’objets et de personnages se font miraculeusement. En effet, Papageno chante son premier air sur une caisse vide et termine en flottant dans l’espace, tout comme son filet pour attraper les oiseaux ou bien le serpent qui attaque Tamino. Également, Pamina apparaît et disparaît dans un cadre grâce aux effets du « black art », de même que la Reine de la nuit qui surgit à plusieurs mètres de haut depuis le fond de scène, couverte d’étoiles lumineuses, puis qui oscille dans une lune durant le deuxième acte.
Quant à l’onirisme, il prend place pendant une séquence de miroirs où les dames de la Reine se transforment en créatures à plusieurs jambes et mains grâce aux effets d’optique. Il est aussi favorisé par les projections des déesses en arrière-scène lorsque Papageno cherche Pamina. Également, les purs effets magiques avec la transformation des clochettes de Papageno ou les changements des cadeaux de la Reine de la nuit (le vin devient de l’eau, le pain devient une roche) entretiennent l’onirisme décrit par Mozart dans sa pièce.
Enfin, l’exotisme ressort dans les costumes réalisés par la compagnie du Cirque du Soleil. La Reine de la nuit rappelle les Aliens de la franchise cinématographique éponyme, le costume de Papagena s’apparente aux madras créoles, la robe de Pamina rappelle les costumes traditionnels chinois et Tamino se réfère aux vêtements des Indes. Ajoutez à cela les costumes traditionnels égyptiens, l’exotisme de Mozart est alors vraiment présent dans cette Flûte Enchantée.
Mise en scène maçonnique et univers Ex Machina
Les références à la franc-maçonnerie sont également omniprésentes. Jean Starobinski disait « La Flûte enchantée est une œuvre maçonnique – la plus significative – des œuvres d’art issues de la maçonnerie du XVIIIe siècle ». En effet, Robert Lepage a confié avoir entretenu les symboles d’une Flûte enchantée maçonnique : que ce soit à travers les éclairages symboliques et pyramidales, la présence du chiffre 3 (les trois dames de la Reine, les trois esprits) et l’œil de la providence sur différents costumes.
Côté chanteurs, Frédéric Antoun nous a surpris en Tamino, énergique à souhait, Simone Osborne en Pamina nous a semblé un peu plus fade, peut-être que sa sensibilité était trop difficile d’accès. Gordon Binter en Papageno a su divertir et faire rire les spectateurs et Audrey Luna a livré des performances des airs de la Reine de la nuit convenables dû à leur difficulté.
Enfin, pour les plus initiés, certains ont pu reconnaître quelques marques de fabriques d’Ex Machina comme le serpent ou bien l’épreuve de l’eau, très similaires à ceux présents dans KÀ, et différentes séquences qui rappellent Frame By Frame, présenté le mois dernier à Toronto, comme celles des miroirs ou bien des projections en direct.
Avec cette Flûte enchantée, Ex Machina et Robert Lepage ont rappellé leur contemporanéité, leur ouverture d’esprit et leur maîtrise des mises en scène pluridisciplinaires. Cela nous donne juste goût d’aller (re)voir Quills qui sera joué début octobre à Ottawa et où Lepage incarne le Marquis de Sade, ou encore Coriolan à Stratford mis en scène jusqu’au 20 octobre 2018.
Après les polémiques autour des pièces SLĀV et Kanata, Robert Lepage montre avec sa version de La Flûte enchantée qu’il reste extrêmement compétent dans ce qu’il sait faire de mieux : mettre en scène des histoires pour les faire (re)découvrir aux spectateurs. Car, qu’est-ce que la mise en scène finalement, hormis de raconter une histoire par le biais d’acteurs et actrices qui interprètent toutes sortes de rôles ?
L’opéra sera encore joué les 2, 4 et 6 août 2018 au Grand Théâtre de Québec. Également, La Brigade lyrique et Tchaïkovski et les Russes seront présentés jusqu’au 5 août dans la ville. Pour plus d’information sur le calendrier du Festival d’Opéra de Québec, cliquez ici.
Crédit photos: Élias Djemil