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Mardi, le 24 septembre, à la Salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal, le Trio Fibonacci a entamé sa saison 2019-2020 en nous conviant à sa Chambre des rebelles. Les émérites chambristes se sont investis dans un « trip à trois » auquel ils ont convié les amateurs de musique classique composée par d’illustres rebelles. Les trois virtuoses nous en ont mis plein les yeux et les oreilles.
Choisissez trois artistes surdoués, inspirés et inspirants, réunissez-les en formation, confiez-leur constamment des programmes enlevants, et vous obtiendrez ainsi la formule gagnante et la recette magique du Trio Fibonacci!
Suivez-moi alors que je vous décline et commente le programme des libations d’une soirée enchanteresse, qui s’est amorcée avec « This scherzo is a joke », le 2e mouvement d’un trio pour piano composé par Charles Ives (1874-1954).
Durant les 75 premières secondes d’une œuvre qui totalise 6 minutes, j’ai cru que je serais bercé de lyrisme et que les vers d’oreille seraient inévitables. En effet, ça démarrait plutôt harmonieusement. Sauf que, tel que décrit par l’un des membres du trio, s’agissant d’un « patchwork », d’un assemblage, le paysage musical a rapidement pris un aspect…indéfinissable. À mon humble avis, cette pièce est beaucoup plus inusitée que mémorable, une intéressante curiosité, et surtout une patente démonstration de dextérité de la part des musiciens. Si la curiosité vous y pousse, vous pouvez aller l’entendre, jouée par The Rivers School Conservatory, en regardant cette vidéo.
Et puis, pour notre plus grand plaisir, le trio a versé dans le lyrisme le plus total, durant les quelque 30 minutes suivantes, en nous interprétant magistralement le Trio en mi bémol majeur, op. 70, no 2 de Ludwig van Beethoven (1770-1827). Une œuvre puissamment romantique, homogène, fluide dans la continuité de ses quatre enivrants mouvements sur lesquels j’ai d’abord décollé, puis ascensionné, pour ensuite me laisser planer et transporter par une musique transcendantale.
Le pianiste Steven Massicotte nous a raconté une savoureuse anecdote à propos de Beethoven, qui avait la réputation de parfois composer des pièces quasiment injouables à cause de l’extrême dextérité qu’elles exigeaient de l’exécutant. Un jour qu’un violoniste faisait remarquer à Beethoven le caractère injouable d’une de ses pièces, il aurait répondu : « Quand je compose et que Dieu me parle, pensez-vous que je me soucie de votre misérable violon? »
Justement, selon Steven, le Trio en mi bémol majeur, op. 70, no 2 comporte de ces passages quasiment injouables. Mais force est d’admettre, qu’aux yeux et aux oreilles des spectateurs, nos héros de la soirée n’ont jamais semblé être en danger ou éprouver la moindre difficulté, à quelque moment que ce soit. Ce qui en dit très long sur leur incontestable haut niveau de savoir-faire. C’est le propre des grands musiciens que de faire paraître facile l’exécution d’une œuvre qui comporte néanmoins de multiples difficultés. Et chez le perfectionniste Trio Fibonacci, le triomphe des difficultés est un naturel élevé au rang d’art consommé.
Après l’entracte, nous avons langoureusement été bercés par le classique et légèrement jazzé de George Gershwin (1898-1937) et son Porgy and Bess Suite pour trio. L’œuvre s’est terminée sur « Summertime », qui a magnifiquement été interprété par la violoniste Julie-Anne Derome, secondée comme il se doit par deux partenaires en pleine possession de leurs impressionnants moyens. Un autre moment de grâce signé Trio Fibonacci.
J’ai toujours été frappé par l’absence de compositrices au panthéon des compositeurs célèbres. Malheureusement pour elles, et pour nous qui ne bénéficierons jamais de leur génie ainsi ignoré et gaspillé, elles vivaient hélas à une époque où la place de la femme était à la maison plutôt qu’au conservatoire de musique. Mais il y a au moins eu cette rare et notable exception en la personne de Fanny Mendelssohn (1805-1847), sœur du célèbre Félix, qui enviait d’ailleurs le manifeste talent de sa frangine.
La soirée s’est terminée par le Trio avec piano en ré mineur, op. 11 de la très douée et compétente Fanny. Cette œuvre, en quatre envoûtants mouvements, nous a révélé une compositrice des plus romantique, dramatique et passionnée, à qui Julie-Anne Derome (violon), Gabriel Prynn (violoncelle) et Steven Massicotte (piano) ont rendu un vibrant hommage en exécutant son œuvre avec ferveur ardente et éblouissante maestria.
Notre sincère regret que le concert s’achève n’a eu d’égal que notre ravissement d’y avoir assisté. Au lendemain de l’événement, au moment d’écrire ces lignes, la salle résonne encore de nos vigoureux et chaleureux applaudissements, c’est certain.
Vous pouvez en apprendre davantage sur le Trio Fibonacci, et vous procurer des billets pour un prochain concert, en visitant son site internet. Soyez toutefois avertis que la fréquentation du trio entraîne automatiquement la dépendance.