Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Rien de mieux, pour repousser encore un peu le début de la semaine, que de se rendre à la Maison symphonique de Montréal un lundi soir... Surtout lorsqu'il s'agit d’assister à l’union de deux univers fascinants, soit celui du chanteur et compositeur suédois José González et de l’orchestre expérimental allemand The String Theory. Dans cette salle à l’acoustique fine, la frénésie du quotidien a effectivement rapidement été reléguée aux oubliettes, alors que l’enthousiasme créatif du chef d’orchestre et de sa jeune cohorte, conjugué aux habiletés indie-folk de l’auteur-compositeur-interprète, transportaient l’audience au cœur d’une géniale odyssée musicale.
Dès l’arrivée discrète des 20 membres du collectif, suivis du chef d’orchestre puis d’un José González semblant tout à fait dans son élément, la cohésion de l’ensemble était palpable. Il faut savoir que la collaboration entre les deux entités dure depuis une dizaine d’années, alors que The String Theory, dans sa mission de conjuguer la musique classique contemporaine à des formes musicales plus « grand public », a débuté son exploration de l’œuvre de José González en 2009. C’est après une phase créative plus que concluante que le duo pluriel s’est par la suite lancé dans une première tournée en partance de Göteborg en 2011, puis en 2017 et, finalement, en 2019. Cette année marque également la parution d’un album en février dernier.
Préserver une nature sans faute
Pour les amateurs du travail du musicien suédois d’origine argentine, la relecture de plusieurs de ses pièces, choisies au hasard parmi ses trois albums Veneer, In Our Nature et Vestiges Claws est passionnante, en ce qu’elle transforme les chansons originales en leur donnant une dimension beaucoup plus dense et éclatée, sans toutefois les dénaturer. Car ce serait se mentir que de dire que les spectateurs qui s’étaient déplacés lundi dernier, afin d’assister au concert à l’origine de l’album, y étaient pour autre chose que pour leur amour de González. Et il faut dire que la tentative d’ajouter à une œuvre déjà créée un ensemble complet de musiciens peut parfois être délicate, voire risquée.
Heureusement, l’équilibre y était – à l’image de l’album live – et on a pour ainsi dire eu droit à tout: à l’originalité nouvelle, aussi bien qu’aux fondements mêmes de l’œuvre. Tout au long de cette prestation, c’est la voix et le jeu de guitare de José González qui ont mené la barque. Ces deux éléments se suffisent déjà en soi: une voix douce et nonchalante détenant un timbre aussi particulier que difficile à définir, qui évoque la nature et apaise instinctivement, combinée à une guitare habile et magistrale qui vient confirmer l’ensemble.
À la découverte des fruits d'une collaboration ingénieuse
C’est d’abord par une longue introduction faite de subtils froissements de sacs de plastiques et de grésillements électroniques, lesquels servaient d’introduction à la pièce « Far Away », que le coup d’envoi de ce spectacle de deux heures a été donné. Après cette entrée en matière donnant le ton de la personnalité avant-gardiste de String Theory, notre curiosité, au-delà de notre intérêt initial pour la tête d’affiche, était piquée. C’est ainsi qu’on a découvert, l’un à la suite de l’autre, des morceaux splendidement transfigurés, tantôt simplement renforcés par quelques ajouts de l’ensemble de cordes, tantôt complètement transformés par des arrangements inédits. Sur « Far Away », donc, le chant de gorge se mêlait à des percussions tonitruantes, tandis que le résultat final préservait la ligne mélodique de la pièce. L’ensemble de l’orchestre s’est ensuite joint au chanteur pour la populaire « Crosses », sublimée par l’ajout des cuivres, des cordes et de la flûte.
Puis, que dire des expérimentations des trois jeunes hommes aux commandes de l’ensemble percussif à l’arrière-scène, véritable installation ingénieuse aux multiples ramifications, qui se sont d’abord amusés des sonorités d’une égoïne réinventée sur « Abram »? Ils ont par la suite brillamment fait miroiter leur créativité tout au long du spectacle, notamment au xylophone en offrant une dynamique introduction sur « Let It Carry » (d'ailleurs somptueusement réinventée à la mi-parcours par des violons psychotiques et des cuivres puissants) et, finalement, en offrant aux spectateurs une véritable session de percussions expérimentales sur « Prism Part Blue ». L’ensemble des musiciens a également pris part à la portion percussive du spectacle, lors de cette enthousiasmante performance collective sur « What Will », alors que tous tambourinaient à l’unisson sur de toutes petites notes métalliques, laissant entendre un foisonnement de carillons délicats. Sublime. Quelques pièces plus tard, le collectif, exalté, a opéré un magnifique retour au calme avec « Vissel », une performance entièrement instrumentale dans laquelle les éclairages bleutés et étoilés évoquaient les abysses et invitaient à se laisser couler dans le moment. Une ambiance qui a toutefois été rapidement oubliée par la géniale transposition électroacoustique de « Stories We Built, Stories We Tell » dans laquelle le chef d’orchestre – déjanté – a animé et fait lever la foule, allant même jusqu’à offrir un électrisant solo de perceuse!
Bref, les moments musicaux à la fois magiques et imprévisibles auxquels on a pu assister lors de cette prestation de José González et The String Theory étaient probablement trop nombreux et complexes pour tenter de leur rendre justice en quelques paragraphes. Reste tout de même que, ce qu’on retient inévitablement de ce spectacle, ce sont encore et toujours les magnifiques classiques du répertoire de González: des titres tels que la délicate « Heartbeats », la célèbre reprise du succès de Massive Attack « Teardrop » et puis « Down the Line ». Cette dernière est d'ailleurs venue conclure le rappel avec son incessant « Don't let the darkness eat you up », où il est difficile de ne pas se laisser submerger.
José González and The String Theory, un spectacle inoubliable durant lequel le silence imperturbable qui était observé tout au long des performances – pour n'être que mieux suivi d'assourdissants applaudissements – disait tout. Découvrez l’intégralité de cette œuvre avec l'album Live In Europe.