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Ce vendredi 23 mars, l’Opéra McGill présentait l’opérette Candide de Leonard Bernstein, à la Salle Pollack de l’Université McGill. Sans aucun doute, l’œuvre a été très bien reçue par une salle réceptive et enthousiaste, les rires et applaudissements se faisant nombreux tout au long de cette désopilante comédie.
Préambule
Au milieu des années 1950, la librettiste Lillian Hellman a d’abord conçu Candide comme une pièce de théâtre musical basée sur Candide ou l’Optimisme, un conte philosophique de Voltaire paru à Genève en janvier 1759. C’est à la demande d’un Leonard Bernstein (1918-1990) enthousiasmé par le projet, qu’elle en a plutôt fait une opérette comique.
L’œuvre a été alors présentée pour la première fois le 1er décembre 1956 à Broadway. Selon les standards de l’époque, cette production a été un échec puisqu’elle n’a été à l’affiche que durant deux mois, pour un total de 73 représentations. Le livret de Lillian Hellman a été jugé trop sérieux par un critique du New York Times.
Au fil des ans, Candide a connu plusieurs ajouts, retraits et modifications par différents auteurs, incluant Leonard et Felicia Bernstein. Tant et si bien que Bernstein a décidé d’en faire une « version finale » en 1988, et de la graver sur disque en 1989.
Cette version de référence mettait en vedette une distribution de rêve et de haute voltige. En effet, celle-ci réunissait, entre autres, le maestro Leonard Bernstein à la direction du London Symphony Orchestra & Chorus, les célèbres ténors Jerry « Candide » Hadley et Nicolai Gedda, la soprano June « Cunégonde » Anderson et la mezzo-soprano Christa Ludwig dans le rôle de la vieille dame.
Après avoir écouté à maintes reprises cette version aussi relevée qu’électrisante, vous comprendrez que mes attentes envers toute nouvelle version ou production locale sont toujours naturellement élevées, voire possiblement irréalistes. J’ai donc abordé avec une certaine appréhension la version qui allait nous être livrée par l’Opéra McGill.
J’admets que c’est à la fois dur et injuste pour des chanteurs d’être comparés à un all-star cast, surtout lorsque cette nouvelle version, dite « Chelsea » et présentée par Opéra McGill, n’est pas identique à celle plus élaborée qui a été gravée sur disque par une distribution du tonnerre.
Le propos
Voici comment je résume, de façon excessivement succincte, une opérette comique qui compte 19 scènes ou tableaux et dont le scénario est des plus fantaisistes et tarabiscotés.
Qu’arrive-t-il lorsque l’on croit vivre dans le meilleur des mondes possibles et que tout ce qui nous arrive concoure nécessairement à notre plus grand bien?
C’est ce que Candide s’applique à illustrer.
La musique
Avec Candide, la musique de Bernstein se fait inventive, pleine de trouvailles, lyrique, entraînante et divertissante. Prenez garde aux vers d’oreille!
L’Orchestre de Chambre McGill, dirigé par le réputé chef Boris Brott, s’est très bien acquitté de la portion musicale. Incidemment, maestro Brott a travaillé avec Leonard Bernstein à titre de chef d’orchestre adjoint du New York Philharmonic. L’orchestre était donc entre des mains très compétentes et peut sans crainte affirmer : « mission accomplie! »
Le chant
Le choix du ténor Sébastien Comtois et de la soprano Gina Hanzlik, pour interpréter les rôles de Candide et de Cunégonde, me semble des plus heureux puisqu’ils ont la jeunesse et le physique de l’emploi et jouent de façon tout à fait convaincante.
Mention toute spéciale pour la diva Gina Hanzlik qui, à mon humble avis, a carrément volé la vedette et le show par sa voix volumineuse et triomphante aux aigus impressionnants de justesse et de stabilité. Elle a indubitablement été ma découverte et ma joie de la soirée. Quelle belle, grande et impressionnante voix! A star is born!
Ci-dessus, Gina « Cunégone » Hanzlik. Crédit photo : Tam Lan Truong
Dans l’ensemble, tous les acteurs-chanteurs m’ont semblé être à la hauteur de leur tâche. J’émettrais cependant un seul léger bémol concernant Sébastien dont la forte voix m’est apparue chevrotante au moment de soutenir des notes hautes, ce qui n’enlève strictement rien à ses qualités d’acteur redoutablement efficace.
Le triple rôle de Gouverneur-Vanderdendur-Ragotski, attribué au célébrissime ténor Nicolai Gedda dans la version enregistrée par Leonard Bernstein en 1989, a ici été confié à la soprano Lindsay Gable, plutôt qu’à un chanteur.
De plus, le rôle de la vieille dame, attribué à la mezzo-soprano Christa Ludwig dans le même enregistrement, a ici été confié au contre-ténor James Brown, plutôt qu’à une chanteuse. Bien que ce choix étonne, James demeure un atout certain au sein d’une distribution car il chante et joue remarquablement bien.
Ci-dessus, James Brown en « vieille dame ». Crédit photo : Tam Lan Truong
Je suppose que ces deux choix de distribution ont été dictés par un souci d’effet comique plutôt que par manque d’interprètes adéquats pour ces rôles; car, après tout, l’Opéra McGill foisonne littéralement de talents lyriques qui ne cessent de m’impressionner.
J’aurais préféré que ces deux rôles aient été comblés suivant la vision de Leonard Bernstein, mais il n’en demeure pas moins que Lindsay et James ont parfaitement bien tiré leur épingle de ce jeu de travestis, et les félicitations s’imposent donc.
Les dialogues
Bien que je ne les aie pas chronométrés, j’ai nettement eu l’impression que les dialogues parlés, et non pas chantés, ont occupé quasiment 50% du temps. Sur une durée totale d’environ 100 minutes, c’est beaucoup de temps sans chant ni musique!
Tandis que les paroles des arias étaient systématiquement projetées, en anglais et en français sur un écran situé au-dessus de la scène, celui-ci demeurait, hélas, vide de tout texte durant les nombreux dialogues « parlés ».
Comme tous les artistes ne projettent pas leur voix également, n’ont pas tous une impeccable diction ni le même débit, j’ai perdu beaucoup de paroles et ma compréhension de l’action, des blagues et des situations comiques en a quelque peu souffert. Heureusement que le scénario était décrit scène par scène dans le programme.
Les spectateurs n’étaient fort probablement pas tous à l’aise d’entendre des dialogues exclusivement en anglais sans pouvoir se rabattre sur un texte, dans les deux langues, projeté sur écran. C’est comme si cette production ne visait exclusivement qu’un public parfaitement à l’aise avec la langue anglaise.
Mise en scène, décors, accessoires et tutti quanti
La mise en scène de Patrick Hansen était vivante et inventive, et elle servait efficacement le propos. Le côté théâtral prédominait. Les scénettes et dialogues volontairement vaudevillesques étaient fort nombreux, réussis et généreusement applaudis.
Quant aux ingénieux décors et accessoires de Vincent Lefèvre, ils étaient très majoritairement bidimensionnels plutôt que tridimensionnels, relevant de la sobriété volontaire tout en étant imaginatifs, fonctionnels et appropriés au caractère comique de l’œuvre.
Au chapitre des costumes, c’est l’imaginaire coloré de Ginette Grenier qui nous en mettait plein la vue.
Les maquillages et coiffures de Florence Cornet ainsi que les éclairages de Serge Filiatrault étaient tout à fait réussis et dans le ton.
Formidable travail d’équipe!
En résumé…
Cette production témoigne d’un bel effort d’originalité qui a été reconnu par une salle enthousiaste et rieuse. Le succès et les applaudissements, aussi nombreux que fort mérités, ont été au rendez-vous. Je lève mon chapeau à l’ensemble de ses artistes et artisans. Au moment où vous lirez ces lignes, l’Opéra McGill en aura déjà terminé avec cette série de trois représentations de Candide.
Pour visionner une très représentative bande-annonce de cette version de Candide, cliquez simplement ici ; et pour consulter la page Facebook de l’Opéra McGill et prendre connaissance de ses activités, c’est par là.