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C’est après avoir présenté quelques concerts chez nos voisins américains que le chanteur islandais Ásgeir s’est arrêté à Montréal ce vendredi, dans le cadre de sa tournée mondiale « The Day After ». Il y est resté le temps d’offrir une sublime et intime prestation au cabaret Lion d’Or: retour sur une soirée envoûtante.
Le jeune homme, de par sa force tranquille, son âme sans âge et sa voix vaporeuse, a su faire disparaître la frénésie de la métropole dès son apparition sur scène, laissant croire aux spectateurs qu’ils se trouvaient plutôt en apesanteur, flottant quelque part au-dessus de Reykjavik.
Il faut dire que la magnifique salle du Lion d’Or y était aussi sûrement pour quelque chose avec ses lustres qui illuminent doucement, son ambiance feutrée et son cachet d’autrefois. Même celui qui assurait la première partie de ce concert, le musicien montréalais Edwin Raphael, a déclaré: « It feels like I’m playing in my living room », alors qu’il entamait une de ses pièces en version acoustique. Sa musique, qui se caractérise par des sonorités indie-folk (pensez à Ben Howard), des arrangements épurés et de douces mélodies aux accents estivaux, a d’ailleurs rapidement permis de détendre l’atmosphère.
Une destinée mythique en héritage
Quelques instants plus tard, celui que cette salle comble attendait avec impatience s’est finalement faufilé sur scène, seul et en silence, sans autre présentation qu’un bref regard posé sur le public. Il faut dire que l’auteur-compositeur-interprète préfère les grands espaces balayés par le vent et la poésie de la solitude aux salles bondées et à l’agitation urbaine.
Pourtant, Ásgeir a bien dû s’adapter à ces dernières dès la sortie de son premier album Dyrd I Daudathogn, où il est passé du statut d’ancien espoir olympique de javelot à celui de musicien de renommée internationale. C’est après avoir subjugué la scène musicale de son pays (10 % de la population y possède son disque) qu'il a ensuite conquis le monde entier avec la parution en 2013 de l'album In the Silence. On retrouve sur celui-ci l'entièreté des pièces de sa première parution, dont les textes – d'abord écrit en langue islandaise par le poète et père d’Ásgeir – sont toutefois traduits en anglais par l’américain John Grant.
Comment expliquer l’engouement pour cette œuvre musicale, réalisée sans prétention, aux confins d’une campagne anonyme? Il s’agit peut-être des nuances de « folktronica » qui s’y combinent avec aisance à la voix aérienne et chargée de mélancolie du musicien... Ou bien, des mélodies qui s’y enchaînent avec aisance, au cœur d’une musique chimérique rappelant la beauté intemporelle des étendues nordiques, des longs nuages gris et du sentiment de désolation flottant sur ces espaces scandinaves qui ont vu naître la musique d’Ásgeir. Quoi qu’il en soit, la signature musicale délicate et travaillée du musicien de 26 ans laisse difficilement de glace.
Un constat qui s’applique également au second album de l’Islandais, Afterglow, sur lequel on reconnaît facilement l’univers folk mélodique de In the Silence, bien que ce nouvel opus soit enrichi de compositions plus audacieuses, faites de notes d’électro-rock ambient, de touches de soul – qui ne sont pas rappeler James Blake – et d’une structure plus organique qui confirme l’évolution de cet artiste qui possède la puissance de sa sensibilité.
Lorsque l'accalmie s'empare de la scène
C’est donc tout naturellement qu’Ásgeir s'est baladé au travers du répertoire de ses deux albums vendredi soir, débutant d’abord sa prestation muni de sa simple guitare avec la pièce « On That Day », une balade tirée de son premier opus et mettant en valeur sa voix limpide. On a par la suite pu apprécier la beauté étrange, presque spirituelle, des chansons originales du chanteur avec « Dyro I Dauoapogn » et « Nyfallid Regn », soit « In The Silence » et « Torrent » dans leur version anglaise.
Les deux musiciens qui accompagnent Ásgeir pour cette tournée minimaliste se sont par la suite joints au chanteur et, avec l’ajout du piano, du synthé et d’une boîte à rythmes, la prestation s'est tranquillement transposée en quelque chose de plus dynamique et électro, notamment lors de l’exécution de « Frost ». L’ensemble a ainsi enchaîné les titres, explorant le folk, l’électro et la pop, jusqu’à ce que la voix d’Ásgeir se fasse plus solennelle sur le titre « Lifandi Vatdid », une nouvelle pièce qui est d’ailleurs à l’origine de cette tournée. Le piano franc, combiné à la prose islandaise des paroles, a eu tôt fait de captiver les spectateurs, les couples s’enlaçant, les mélomanes se calant dans leurs sièges et les autres portant silencieusement leur verre à leurs lèvres. Un momentum qui s’est naturellement poursuivi avec l’interprétation de « Higher » puis de deux nouveaux titres, dont cette balade intitulée « Bernskan », une chanson traitant des souvenirs d’enfance qu’Ásgeir a interprétée sobrement à la guitare acoustique. Ces morceaux nous ont tranquillement introduit au prochain album de l’artiste, une parution qui serait (semble-t-il) prévue pour le printemps 2019.
Après un timide « How are you? » adressé au public, auquel il aura répondu par un « Me too » bien senti, l’auteur-compositeur-interprète s’est fait plus décontracté pour l’exécution de « Stardust ». Il s'agit de sa proposition la plus pop à ce jour, sur laquelle les musiciens se sont habilement amusés avec des percussions plus groovy et des guitares indie, quoique planantes. Puis, c’est sur la très atmosphérique « Going Home » que la voix intemporelle du chanteur s’est finalement élevée en guise de conclusion de ce spectacle quasi mystique. Une performance finale sublimée par les notes de synthé qui se sont répétées en boucle, jusqu’à ce que la pièce se transforme en un jam électro aux distorsions vibrantes. En rappel, on aura bien sûr eu le plaisir d’entendre la pièce l’ayant fait connaître, la très entraînante « King and Cross », dont la mélodie reste agréablement en tête bien après l’écoute.
Ásgeir, un artiste au talent indéniable, dont la musique évoque paradoxalement l’apaisement du silence. Pour rester à l’affût de ses actualités, c’est ici.