Il a filmé sa vie pendant 15 ans pour comprendre le monde qui l'entoure et apprendre les expressions du visage. Marco Arseno, atteint du syndrome d'Asperger, s'apprête à sortir un livre autobiographique, Le Casse-tête de mon autisme, en cours de promotion sur la plateforme de socio-financement Ulule. atuvu.ca a récompensé l’auteur du prix du Meilleur projet artistique lors du Lancement collectif d'entreprises culturelles le 30 septembre dernier.

Le syndrome d'Asperger est une forme d'autisme très fréquente, qui s'illustre chez les patients qui en sont atteints par des difficultés d'interactions sociales, de concentration intense sur des intérêts précis et de comportements répétitifs. Marco Arseno a appris sur le tard le détail de sa maladie, mais il était déjà conscient depuis longtemps de son autisme, de sa différence : il ne comprenait pas les expressions faciales de ses interlocuteurs et ne pouvait pas lui-même en faire. Durant son adolescence, ses parents lui ont offert une caméra, qu’il n’a plus lâché pendant 15 ans.

« Le fait de me filmer quotidiennement était une passion, puis c’est devenu une forme d’introspection. C’est avec le temps et en revisionnant toutes ces vidéos que j’ai mieux compris la manière dont fonctionnait des gestes comme le soupir ou le roulement des yeux. »

Les expressions faciales comme une langue étrangère

En plus d’analyser ses propres situations pour mieux comprendre et appréhender le monde qui l’entoure, Marco a également puisé dans sa très riche cinémathèque afin de comprendre et reproduire les mimiques de grands acteurs comme Jim Carrey ou Tom Cruise.

« Je me souviens de la première fois où j’ai embrassé une fille, j’ai cru qu’il fallait imiter le comportement de Tom Cruise dans Top Gun quand il tombe amoureux de Kelly McGillis. Cela a effrayé la fille que je voulais embrasser. Elle m’a demandé pourquoi j’étais aussi intense… » s’amuse Marco. 

L’autre particularité de son autisme réside dans sa passion dévorante du montage vidéo, qui a directement eu des influences négatives dans son parcours professionnel. Entre son Nouveau-Brunswick natal et Montréal, Marco a occupé une trentaine de jobs.

« J’ai par exemple occupé un poste de gardien de sécurité. Je devais faire des tournées régulièrement et mon boss me disait que je pouvais m’occuper entre deux tournées, en lisant un livre ou quelque chose comme ça. J’ai installé tout mon outil informatique à mon poste pour monter mes vidéos entre les tournées. Mais j’étais tellement obsédé par le montage que j’en arrivais à négliger mes principales tâches, ce qui m’a fait perdre cette job », se remémore Marco.

Une web-série en plus du livre ?

Avec l’aide du producteur et réalisateur Jean-Jacques Guinot-Desjardins, Marco Arseno s’apprête à franchir une nouvelle étape dans sa vie et dans sa démarche d’ouverture aux autres avec un projet d’autobiographie : Le Casse-tête de mon autisme. Le livre, prêt à être publié, est en cours de promotion sur la plateforme de sociofinancement Ulule. Dans son récit, Marco Arseno parle de l’influence du syndrome d’Asperger dans son quotidien, ses relations sociales et ses expériences professionnelles. Il évoque des situations drôles comme des moments très difficile à coup de crise. Marco Arseno explique également qu’être autiste, atteint ou non du syndrome d’Asperger, n’est pas un drame et qu’il est tout à fait possible de vivre avec.

« Comme l’explique Brigitte Harrisson dans son livre L’Autisme expliqué aux non-autistes, les personnes neurotypiques, peuvent avancer dans la vie avec une boîte de vitesse automatique : elles n’ont pas d’efforts particuliers à faire pour intégrer une information sociale dans son intégralité. Au contraire, les personnes autistes et/ou atteintes du syndrome d’Asperger, fonctionnent avec une boîte manuelle à plusieurs vitesses : elles ont besoin d’analyser les éléments un à un avant de les assembler par le biais d’une gymnastique cognitive complexe. C’est comme ça que je fonctionne, et ce n’est pas dramatique, je trouve même cela amusant d’assembler ce puzzle », explique Marco Arseno. 

« Dans son livre, Marco détaille toutes les stratégies cognitives qu’il a mises en place pour éviter les pièges de la vie en tant qu’autiste. L’une de ses solutions a été d’analyser tous les films de sa collection, mais cela ne fonctionnait pas toujours selon les contextes. Mais ce livre, cette démarche, illustre le nouveau Marco. C’est une sorte de renaissance pour lui. Son ouvrage est une grande leçon de courage et d’humilité et il montre que nous avons tous une part d’autisme en nous. Il nous arrive d’éprouver des difficultés dans des situations qui peuvent paraître évidentes, notamment lorsque nous sortons de notre zone de confort », explique Jean-Jacques Guinot-Desjardins.

La campagne de sociofinancement du livre le Casse-tête de mon autisme doit permettre d’imprimer 1000 exemplaires du livre et, en fonction des fonds récoltés, la création d’une web-série de douze épisodes de huit minutes directement tirée de cet ouvrage.

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