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Le lièvre d’Amérique, premier roman de l’auteure Mireille Gagné, paraîtra le 20 août 2020 aux Éditions La Peuplade. L’histoire de Diane, jeune ado qui vit à l’Isle-aux-Grues, et de son ami et voisin Eugène entrecroise la vie actuelle de Diane, bourreau de travail, bourreau d’elle-même, prisonnière de son propre collet et de ses souvenirs amers. Elle possédait l’horizon et étouffait, désormais elle fuit dans le bruit, l’action, surtout ne pas cesser de bouger, performer, se dépasser, mais toujours dans une cage inerte, celle de la vie qu’elle s’est créée. Où s’est-elle égarée?
"Ce qui perd le lièvre, ce sont ses ruses. S'il ne faisait que courir droit devant lui, il serait immortel." - Jules Renard
Le lièvre d’Amérique demeure toujours aux aguets, sommeille sans jamais dormir complètement, tente en permanence d’échapper à ses prédateurs. Il peut bondir jusqu’à une distance de trois mètres et s’il se sent menacé, il fige sur place, sa fourrure le camouflant, ne prenant la fuite qu’au dernier moment.
Diane a eu une intervention chirurgicale chez elle. Les chirurgiens lui recommandent de demeurer à la maison une semaine, sans bouger pour éviter les lourds désagréments, le temps de réhabiliter son corps. Mais Diane n’écoutera pas; elle se remet rapidement à travailler, performer, pédaler à toute vitesse pour ne pas se laisser dépasser par les autres au bureau. Diane comble l’énorme vide qu’elle a en elle. N’est-ce pas pour cela qu’elle a quitté l'île? Pour éviter la solitude, l’attente, cette impression d’être prisonnier de l’horizon qui entoure l’île. Fuir le silence.
"Si Diane examinait son état d’esprit en ce moment, tel que le médecin le lui a demandé, elle ne sait même pas ce qu’elle découvrirait. Peut-être de la tristesse. De l’affolement. Certainement de l’angoisse. Une énorme colère. De la panique. Du vide. Du vide. Du vide. Elle n’aurait jamais imaginé tout l’espace qui pouvait l’envahir dans l’attente."
Diane s'est égarée quelque part dans un temps lointain. Elle est proie et prédatrice, animal libre qui s'est pris au piège un jour oublié. Elle fuit le temps et les gens, n’a aucune relation avec quiconque du bureau, se sent traquée dès qu’elle baisse les yeux. Elle est en apparence docile et fragile, mais se meut en féroce et acharnée employée dès qu’on la place en situation de compétition. Personne ne sait rien d’elle. Elle s’est elle-même oubliée.
Là où l'horizon a pris possession
Eugène, 16 ans, est déménagé avec ses parents dans la maison voisine de celle de Diane près de la Pointe-aux-Pins. Dès leur première rencontre, Diane ressent à la fois un inconfort et de la curiosité. Eugène apprend la chasse, à poser des collets, à observer auprès du père de Diane. Il n'a jamais vraiment aimé la chasse, mais possède l’instinct du trappeur.
Lorsqu’il trouve un lièvre prisonnier, il le libère avant qu’on le retrouve pris au piège. Un jour, un aigle a pris un lièvre et Eugène a voulu le sauver lui aussi. Lorsque le rapace a relâché sa proie, Eugène n’a pas pu sauver le lièvre déjà affaibli et sévèrement blessé. Il lui a donc tordu le cou, impuissant, pour lui épargner une souffrance inutile.
"À partir de ce moment, tu t’es éloigné. Ton regard, deux balles de fusil. On aurait dit qu’il y avait une branche morte en toi."
L’impuissance a un goût de sang difficile à dissimuler sous l'âpreté des événements. Mais Eugène est curieux et ne peut vivre imprégné de remords. Il a besoin de ressentir la peur, la mort, la fragilité de la vie. Il a besoin de tout voir, tout connaître, tout vivre intensément. Il est cet animal qu'on ne peut enchaîner, qu'on ne peut retenir contre son gré.
La dernière fois que Diane a vu son ami Eugène, c'est lorsqu'il y a eu le feu dans l’étable au bout de l’île. Tous deux avaient assisté, impuissants, au drame.
Les flammes qui s’enveniment.
Des bêtes mortes asphyxiées.
Un cri.
Un animal qui appelle à l’aide à l’intérieur.
Eugène qui a disparu, comme un coup de vent, un souffle, un souvenir. On ne l’a jamais retrouvé.
Diane n'a jamais repris son souffle. Elle n'a jamais pu oublier Eugène. Elle n'a jamais pu accepter l'immense vide de son souvenir. La solitude a laissé place à un désir d'émancipation à travers la performance, le dépassement de soi, s'accomplir dans le trop-plein. Sa terre natale lui avait enlevé son ami, son amour, son rêve secret.
La perfection est encore plus insoutenable lorsqu’elle est humaine
La narratrice parle à la troisième personne lorsqu’elle décrit la vie de Diane, aujourd’hui adulte, comme si ce style d’écriture lui permettait de garder distance avec l’émotion, la personne, l’histoire de Diane. C'est au "je" qu'elle s'exprime cependant pour partager les souvenirs de son adolescence, l'été de ses 15 ans.
"(...) elle aspire à une vie exempte de toute imperfection elle rêve d’un jour où le temps serait intarissable mais le corps reste indomptable toujours."
La vie de Diane n’a ni point ni virgule, qu’un enchaînement de mouvements, de séquences, sans début ni fin, elle n’a aucun répit, prisonnière de sa routine, de son anxiété de performance, de son désir de perfection. Elle ne se sent jamais accomplie, elle porte toujours un vide en elle. Elle n’a plus vu ses parents depuis des années, n’entretient aucune relation, se bat contre le temps, le passé, le présent, sa vie est prise au piège, elle sautille sans but précis, toujours en proie à quelque chose qu’elle ne sait ressentir. Elle tue le temps, ne l’habite pas vraiment, n’écoute ni la fatigue ni la faim. Il y a de ces personnes qui ne savent vivre qu'en repoussant leurs limites, toujours. Eugène était ainsi.
Après sa mystérieuse opération dont on ne saura jamais le fondement, Diane rêve souvent qu’elle se trouve dans une forêt et qu’elle fuit.
"La même forêt. L’hiver. Un cri. Quelqu’un la hèle. Derrière elle. Elle n’arrive plus à bouger. À se retourner. Paralysée. Stratifiée. Elle entend des pas s’approcher. Crissement dans la neige. Murmures. Branches cassées. Elle voudrait voir qui approche. Une ombre. Immense. Une main dans son dos."
Le corps lâche. La tête suit. La marée la rappelle. Elle ne peut plus lui échapper. Le rivage se pointe en elle. Comme si tout son être se reconnectait à ses racines alors même qu’elle a tout fait pour couper celles-ci. Dans l'égarement, il y a toujours un fil qui nous relie à notre moi profond.
L’histoire de Diane n’est pas linéaire et les éclats du passé fracassent le présent telles des vagues qui se butent au sol. L'auteure Mireille Gagné sème ça et là quelques indices qui pourraient relier, recadrer, expliquer l’être complexe qu’est Diane, mais le cadre de l’histoire se veut volontairement éclaté. Le lièvre d'Amérique est une fable poétique sur la nature humaine et animale, sur la liberté et le piège de celle-ci, sur le besoin de s'accomplir et de s'émanciper dans le chaos, sur le contrôle et la perte de celui-ci.
Ce premier roman de Mireille Gagné nous dévoile la complexité humaine, sa petitesse et sa grandeur, son arrimage et sa dérive. Nous faisons partie d’une espèce en voie d’extinction appelée à disparaître un jour. Chaque instant de notre vie n'est qu'un souffle léger. C'est cette précarité qui nous pousse à vivre intensément.
Pour connaître ou suivre l’auteure Mireille Gagné, cliquez au lien suivant https://www.mireillegagne.com/.
Suivez les Éditions de La Peuplade ici http://lapeuplade.com/
Le lièvre d’Amérique
Mireille Gagné
La Peuplade