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Poète et nouvelliste, Chloé LaDuchesse s’est ancrée il y a quelques années dans le monde littéraire avec ses textes tranchants et éclatés, repoussant les normes de l’admissible en mots crachés sur papier. La prose de l’auteure est unique et se positionne bien au-delà de l’esthétisme. L’objectif de ses textes est d’abord et avant tout d’atteindre sa cible, de dire les « vraies affaires ». Sa furie de dire s’est donc transformée en Furies, titre de son premier recueil de poésie paru le 31 janvier dernier, chez Mémoire d’Encrier.
Il est extrêmement difficile de faire une critique juste de la poésie, tant cette forme littéraire demeure propre à chaque auteur; on peut se créer mille interprétations à partir d’un seul verset, se bâtir un contenu personnel selon les images qu’on croit déceler entre les mots, s’imaginer que l’auteur vit les mêmes émotions par les mêmes situations que nous…
La poésie touche donc différemment chaque personne qui la frôle, et c’est ce qui en fait sa grande beauté. Le lecteur est libre de son interprétation, l’auteur est libre de sa plume. Il est important de savoir que la poésie est un don de soi, un miroir que l’auteur tend afin que le lecteur s’approprie sa propre histoire, qu’il se retrouve et se recueille en lui.
La poésie de l’auteure Chloé LaDuchesse revendique « la liberté d’être femme jusque dans ses plus cruels desseins ». Furies risque en ce sens de vous ramener à vos propres furies, vos colères enfouies, votre lutte acharnée contre vous, l’autre, entre mots dits et silences.
Libre d’être
« Nous avons désiré la venue d’une femme nouvelle et voilà qu’elle se révèle en une série de cris stridents. On la traite de tous les noms, on la compare à un animal, lui reproche de dépasser du cadre. Je la peins avec des mots, des caresses esquissées à main levée. J’aime d’un amour sorcier ses dents noires, ses ongles tranchants, ses baisers amers. J’écris femme: nous sommes des monstres. Je dois dire cette fureur, cet amour abject. Il y avait bien ces lionnes en cavale, ces filles d’ocre, ces noyées et leurs fines nageoires. Il y a maintenant la chienne, l’hydre, la sirène. Elles me peuplent et m’apprennent la liberté. Mes furies. Mes armes blanches. » Chloé LaDuchesse
L’auteure de Furies n’utilise ni l’apitoiement ni la victimisation dans ses propos; ses écrits sont puissants dans leur grande vulnérabilité. Les trois voix qui narrent Furies sont celles de personnages entre fiction et réalité rassemblées en une quête d’unicité, un besoin d’être entières et totales. Ces voix n’appartiennent pas à l’auteure, elles ne lui ont jamais appartenu. Elles sont l’écho intemporel d’âmes esseulées.
«(…) les miroirs te renvoient/ à d’autres fantômes/ ton index maigre/ la longueur de ton pas/ des idoles déchues/ tu es de l’espèce/des oiseaux migrateurs/ mais sans les plumes/ j’ai inventé des ailes mécaniques/ pour accéder aux secrets/ des corneilles/ elles ont reconnu/ le démon en moi (…)»
Les contes inventés se creusent dans un puits de désespoir qui n’a rien à voir avec le miroir d’Alice. Nulle merveille à faire face à son vrai visage, à son moi profond. La petite fille porte en elle une sorcière maléfique prête à tuer toutes les images qu’on lui propose, qu’on attend d’elle. Elle est une chienne que l’on dresse et qui un jour, mordra la main qui la nourrit pour être libre de son destin.
Elle marquera son territoire par des hurlements incertains ravivés à chaque aurore soumise.
Méfiez-vous des eaux qui dorment
« (…) ils ont péri et j’ai pleuré des boues fertiles/ les femmes se découvrent/ en de droites et grandes herbes/ quatorze yeux ne suffisent pas/ pour noyer l’heure bleue/ j’écris/ la déroute des patriarches/ leurs espoirs ne poussent plus/ de ce côté-ci du mythe/ je suis appelée à disparaître (…) »
La forme se régénère, ne meurt jamais. Coupez-lui les ailes, elle se laissera bercer par le vent, coupez-lui la tête, elle repoussera entre deux pensées, coupez-lui les racines, elle renaîtra de la terre.
Il faut se méfier de celles qui se font invisibles et petites; à la moindre attaque, elles déversent un venin plus mortel que la mort elle-même. La forme se nourrit de haine, froisse les rêves d’enfants et déchire l’amour qu’on lui tend. Il y a cette voix, cette hydre, qui ne craint ni le mal ni le bien, qui s’enflamme à chaque étincelle et devient brasier ardent. L’hydre est un monstre qu’on ne peut soumettre ni apprivoiser, qui a soif de vengeance envers ceux qui ont voulu la tuer, qui ne l’ont pas laissé être.
L’hydre croise la voix de la sirène qu’on pourrait croire beaucoup plus douce… « ouch ».
« (…) j’ai les crocs dans la gorge/ je rugis la houle/ j’aimerais m’épancher vers le sud/ rejoindre la rive ardente/ juste pour moi/ une cosmogonie mammifère/ les dieux d’eau douce/ sont las (…) »
Elle n’a rien de la charmante Ariel, pas d’amour à offrir ni de royaume sous l’eau. Elle porte en elle l’infini des océans, le mystère de sa nature, les légendes des peuples anciens. Elle appartient à un monde onduleux, où elle vacille entre l’image qu’on a tracée d’elle et le visage qu’elle porte. Sa voix séduit les horizons. Sa voix noie le monde qui l’entoure. Sa voix est couteau tranchant.
Elle est un monstre.
Elle est femme.
« Féministe éprise des mots », Chloé LaDuchesse se positionne comme femme libre de dire et de créer. Pas question ici de partir un débat sur les droits ou sur les conditions des femmes, mais on peut supposer que l’engagement de l’auteure s’ancre par les images et les mots qu’elle propose comme pistes de réflexion.
Furies doit se lire à plusieurs reprises pour bien en saisir la portée. La première lecture nous met KO. La deuxième lecture laisse présager des éclaircies. La troisième éclaire certaines ombres. Ce n’est qu’à ma quatrième lecture que j’ai mieux saisi les trémolos, que j’ai senti les nuances, que j’ai compris qu’au-delà de la violence, de la rage et de la colère, le recueil Furies portait en lui les cendres d’où chaque femme peut renaître ou crever.
Le petit recueil Furies de l’auteure Chloé LaDuchesse est déjà en librairie.
P.S. Professeurs en littérature : ajoutez vite ce recueil à vos livres suggérés ;)
Furies
Chloé LaDuchesse
Mémoire d’Encrier