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Je suis partie voir Quartett Solo, une adaptation de la pièce d’Heiner Müller qui joue en ce moment au Théâtre Prospero. Une version curieuse des Liaisons dangereuses à la sauce contemporaine.
Je l’ai vue jouer en 2006, au Théâtre de l’Odéon à Paris avec Isabelle Huppert, une actrice assez célèbre outre-Atlantique. À l’époque, j’étais arrivée 5 minutes avant le début du spectacle et on m’avait offert une place à 5 euros pour les étudiants. Y’a des jours, comme ça, où on a de la chance.
Mais ce soir-là, Centre-Sud à Montréal, mes copines m’ont choqué l’une après l’autre, mon chum me sort comme excuse qu’il a trop de job. Bref, je me retrouve solo, après le boulot, à chercher un coin sympa où patienter avant le début de la pièce.
18 h 45. Je me pose à la Station Host, ma petite place d’écriture, à moins 5 minutes du théâtre. Je vais souvent là boire des bières et écrire avec ma chum Léa, une fille brillante qui chiale avec moi sur l’autofiction, en buvant des litres de bière et en écrivant quelques phrases toutes raturées.
Je débarque donc dans ce bar aux trois quarts vide. On croirait un saloon, avec l’éclairage un peu drabe, les murs ocre et les tonneaux en bois un peu partout. Je zieute le serveur et lui annonce direct, comme dans un western « je vais être toute seule, c’est un peu plate, mais ça arrive ». Je n’attends rien de sa part, mais il rigole.
Je me pose au comptoir, je sors mon carnet. Je digère ma première journée dans mon nouveau travail avec une pinte de Saison. Je croque dans mon BLT, je reprends des forces... Ça fait 14 jours que j’attends d’être payée d’une vieille job que j’ai faite en décembre. Alors ce petit sandwich de resto, je le déguste.
« Ça vient d’où ces frites bizarres, mais super bonnes ? » je lui demande.
« C’est du manioc » me répond le serveur.
Là, je me rends compte que le type a un air vraiment drôle. Entre un savant fou et Jim Jarmusch. Ça doit être à cause de ses cheveux gris hirsutes et son visage mutin.
19 h 15. Quelques phrases toutes croches fusent sur mon carnet. Effet du houblon oblige. Sur le mur du fond, y a un film étrange qui est projeté : un énorme ver luisant flotte dans l’Espace et envoie des faisceaux laser qui sortent des « fesses » de l’animal. On est en pleine science-fiction qui frôle la série Z. Le serveur m’informe que c’est le fameux Dune de David Lynch. J’en ai vaguement entendu parler. Un film maudit, il me semble.
Mais les images m’inspirent vraiment. De l’espace, on a vogué dans le désert, face à des dunes immenses et une atmosphère presque surréaliste. Belle coïncidence, car en fait, j’écris un roman qui se passe dans la Vallée de la Mort, proche de Las Vegas. Une histoire de temple en forme d’Oreille dans lequel des gens viennent se réfugier à l’écart de la folie de la ville lumière... Je check l’heure, 19 h 50. Il va bientôt falloir que je parte. Mais il me reste encore 25 minutes avant le début du show. Allez, je prends un dernier verre de Witbier... et j’y vais. Mais quand je me retourne pour commander, je réalise que le fameux serveur s’est assis tout près. Ya pas grand monde alors il sirote un petit verre et se met à me questionner sur ce que j’écris. Et là, je commence à comprendre que je suis dans le trouble. D’abord je décris vaguement l’univers, l’atmosphère. Mais je vois que ça l’intrigue vraiment, et c’est pas une technique de drague (enfin je crois pas). Peut-être qu’il écrit aussi ? Alors il enchaîne, me demande où je trouve l’inspiration, etc.
Je check mon cell, il est 20 h. Je termine comme je peux mon explication, mais en même temps, c’est tellement rare de parler de son processus créatif que je trippe avec lui ! Finalement, je réussis à demander l’addition à l’autre gars en arrière du bar. Il doit être 20 h 10. Me voilà à courir dans sur Ontario, jusqu’aux portes du Prospero.
Et là, le truc qui me pend au nez arrive... On m’annonce à l’accueil que les portes de la salle sont fermées. Car en fait il faut traverser la scène pour s’assoir, donc ils ne font entrer personne après 20 h 15 pétante…
MISÈÈÈÈÈÈRE…
Heureusement, dehors, la fille du Théâtre qui fume sa cigarette ressemble à une fée hochelagienne et me dit que « c’est toujours quand on est le plus proche, qu’on arrive le plus tard » et m’annonce… que je peux toujours revenir demain !
Promis, ma critique sur Quartett Solo s'en vient, car oui, l'histoire finit bien!