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Dans un paysage culturel montréalais saturé en spectacles du temps des fêtes, le « Noël Métissé serré » de Boucar Diouf et de l’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM) a fait figure d’oasis rafraîchissante en 2016. Porté autant par le souffle de son conteur que par les vents du Nord et des cuivres, le spectacle se donnait à guichet fermé pour trois représentations seulement les mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 décembre 2016 à la Maison symphonique de Montréal. Il est rediffusé en intégralité sur ici.radiocanada.ca (lien en fin d’article).
Boucar Diouf revient de façon apaisée avec une formule forgée lors des tumultueux débats sur la charte des valeurs. Le titre de son dernier spectacle est une reprise d’une tribune parue à l’automne 2013 dans « La Presse ». L’humoriste entreprenait alors de démonter le mythe du « pure laine » pour mieux le dénoncer. Cette fois-ci, c’est avec une gaieté non feinte que l’humoriste file le métissé serré, toujours avec le même amour des mots, de leur sonorité, de leur sens, de leur ambiguïté. Ce conteur hors-pair prend prétexte de Noël pour narrer des anecdotes croustillantes illustrant le métissage culturel dont il est le fruit. Au travers d’histoires d’enfance au Sénégal et d’adulte en Gaspésie, où il réside depuis 17 ans, il aborde les sujets de sa famille (un peu) du sexe et de l’intégration (beaucoup), de son rapport au Québec (passionnément). Son regard est souvent pertinent, jamais convenu. Il est frappant de voir la fraîcheur du jugement que maintient ce néo-québécois sur sa terre d’adoption ; réjouissant de constater qu’il reste à l’affût de différences qu’il analyse et accepte, tout en conservant son identité.
Arrangements raisonnables entre la podorythmie et le con sordini
Le métissage serré, Boucar Diouf le brode aussi au moyen de la sélection et de l’arrangement des pièces musicales du spectacle. Avec l’accompagnement de Vent du Nord par l’OSM et le croisement de la grande musique avec la musique trad’, c’est à la rencontre de la podorythmie et du con sordini, au mariage de Bach avec la Bolduc que l’on assiste. Une rencontre respectueuse, où les morceaux de musique traditionnelle, loin d’être écrasés par l’accompagnement symphonique, sont magnifiés. En faisant monter sur scène son compatriote Patrice Michaud, dont le touchant atelier musical avec des enfants syriens accueillis en 2015 au pays a intensément été relayé en début d’année, il convie la Gaspésie à Montréal, le folk au milieu des violons.
«Les mécaniques générales » roulent également très bien avec les huiles de l’OSM. Seul bémol de ce volet musical : L’OSM nous gratifie solo de quelques classiques du temps des fêtes (ou pas) avec pour exemples des interprétations du « Casse-Noisette » de Tchaïkovski et du « Hansel et Gretel » d’Humperdinck, mais sans liens véritables avec la narration de B. Diouf. Malgré une complicité manifeste sur scène avec le chef d’orchestre Jean-François Rivest, les pièces se succèdent dans une articulation décousue.
50 nuances de gris
Mais dans le bungalow symphonique d'un soir, le titre du spectacle prend le plus intensément corps dans la communion qu’instaure l’humoriste avec son public. Maniant langue et propos avec virtuosité et usant volontiers d’un ton ecclésiastique, il ravit les cœurs de ces mesdames, sorties entre copines ou avec leurs messieurs. Le public est conquis d’emblée, sinon d’avance. Lui n’est pourtant pas métissé serré. Les parterre, corbeille mezzanine et balcon, tous semés de têtes blanches, présentent 50 nuances de gris. Je vous laisse goûter la saveur de la situation lorsque la question de B. Diouf : « -Est ce que vous aimez vos aînés au Québec?» reste sans réponse de la part d’un public poli et directement concerné. Ou lorsque l’humoriste lance à maintes reprises son gimmick : « -La nuit est encore jeune ! ».
Popularité particulière dans cette tranche d’âge ? Peine de l’OSM à diversifier son public ? Coût trop élevé pour qu'une audience sans fond de pension assiste à un spectacle grand public commandé par Radio Canada ? Sous les puissants projecteurs braqués toute la soirée sur les spectateurs - pour rendre la salle plus télégénique ? - , qu’aucune crise d’épilepsie ne soit à déplorer est un vrai miracle de Noël.
Merci en tout cas à Boucar Diouf, ce touche-à- tout qui prouve qu’on peut être polyvalent sans être dilettante. Et qu'on peut porter fièrement les couleurs de la différence sans s’obliger à user de trop de déférence.
Le concert est en rediffusion intégrale sur le site web d’ICI Première :