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Le 26 août dernier se tenait le spectacle A/Visions 1 au théâtre Maisonneuve dans le cadre du festival MUTEK. Véritables explorations audiovisuelles, les trois performances effectuaient leur première nord-américaine à Montréal. Jonglant habilement entre son, image et technologie, A/Visions 1 offre une expérience tout aussi unique qu’étonnante.
Dès mon arrivée au cœur du Quartier des spectacles, l’ambiance de la soirée à venir est coulée dans le béton. Alors que la musique électrisante de l’Esplanade Tranquille se fraie un chemin jusqu’à moi, l’énergie dynamique et le mouvement propre au Quartier des spectacles ne fait que me rendre encore plus fébrile à l’idée d’aller voir des prestations audiovisuelles, ce dont je ne suis pas une habituée.
Billet en main et esprit ouvert, c’est sans attente que je me laisse transporter dans ce spectacle qui s’avère, au final, une véritable découverte artistique.
Dans cette première performance, le spectateur est poussé dans les méandres d’un voyage presque rituel. J’étais ravie de voir que le spectacle se servait des points forts du son et des images pour faire dire à l’un ce que l’autre n’arrivait pas à exprimer. Cela créait un propos puissant et tout de même accessible pour le spectateur ne consommant pas souvent de l’art numérique.
La coprésence du son et des images dépeint une temporalité non linéaire. Appuyé sur des mots arabes empruntés au farsi, le spectacle représente les sept phases de la cyclicité. Passivité, évitement, constriction, conformité, élévation, expiration et renaissance sont donc des éléments cruciaux de la performance d’Ali Phi. L’invisible est déployé avec brio à travers l’infiniment petit et l’infiniment grand, faisant coïncider la fin d’un monde avec son début, mais aussi le cosmos avec le chaos.
Photo de Vivien Gaumand
En déformant des objets, la prestation fait passer ceux-ci du concret à l’abstrait, dépeignant parfaitement un monde qui s’écroule pour mieux se reformer à travers un Big Bang audiovisuel et thématique innovant. C’est un propos fort que raconter la mort comme un début; un bijou, autant pour les yeux, les oreilles que l’esprit, à condition d’accepter de se promener dans l’incertitude.
Je pense pouvoir dire que je n’ai jamais - ou très rarement - vu quelque chose d’aussi intense que le spectacle « Achronie ». La prestation ressemble à un véritable glitch organique où le son, l’image et la technologie utilisés ne sont que le reflet mimétique de ce véritable cataclysme interne.
Photo de Vivien Gaumand
L’abstraction est encore au rendez-vous, si bien que le spectateur ne peut que difficilement rester passif. Ce spectacle prend donc de véritables allures de test de Rorschach. À l’image de ces taches d’encre où chacun perçoit quelque chose de distinct, tous les spectateurs peuvent percevoir des images différentes sans que l'œuvre ne cesse d’être elle-même. En complément des sons parfois visqueux et des images aux mouvements organiques, je voyais des artères bloquées, des cellules en mouvements, un bébé aussi, à un moment. Les gens devant moi y décelaient la représentation d'une crise de coeur.
Bruits stridents, images floues et très lumineuses, flashs; la douleur représentée au cœur de la prestation se retrouve aussi du côté des spectateurs, décuplant de manière significative la portée du message que sous-tend le spectacle. À plusieurs reprises j’ai dû fermer les yeux ou me boucher les oreilles pour continuer à être attentive, mais je trouve que c’est spécifiquement cet inconfort traduisant si bien l’audiovisuel dansant devant nos yeux qui est le point fort d’« Achronie ». Malgré quelques longueurs, c’est réussi.
Le nom du spectacle le dit bien : un scan lumineux balaie l'audience et la fait apparaître à l’écran, faisant des spectateurs les protagonistes de la prestation. C’est donc un spectacle live et complètement inédit qui se produira à chaque représentation, puisque la salle ne se fera pas lire par le scan de la même manière. C’est une toute nouvelle dimension audiovisuelle et technologique qui prend vie devant nos yeux. Alors que le scan mémorise des informations de base, le son réussi à traduire ce que le scan voit.
Photos de Vivien Gaumand
La salle s’est tout d’abord esclaffée en voyant que leur image était à l’écran. Le comique de la situation a vite fait place à une réflexion beaucoup plus poussée - j’oserais même dire métaphysique, dans un sens. Plus le scan jouait avec l’image de la salle, la présentant parfois en photos, parfois en lignes, parfois avec l’aide de points, plus j’ai commencé à percevoir l'audience non plus comme des humains, mais comme des chiffres, voire des données informatiques. Ce spectacle me renvoyait à la notion contemporaine (et un peu pessimiste, il faut l’avouer) de l’humanité : nous sommes des chiffres.
Bien que je trouve la proposition absolument brillante, j’aurais aimé plus de nuances, et aussi plus de créativité dans la manière de scanner la salle. Mais il faut absolument mentionner les prouesses techno-artistiques ainsi que l’originalité du concept. C’est du génie, vraiment.
Avec A/Visions 1, on plonge à pieds joints dans le vaste univers de l’audiovisuel. Je sors de ce spectacle absolument renversée par la portée du langage artistique utilisé. À la fois technique et très accessible, A/Visions 1 sait plaire au fier consommateur d’art numérique tout comme au spectateur voulant découvrir une nouvelle forme artistique.