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Après des mois à regarder des festivals de films dans mon canapé et des concerts en webdiffusion pantoufles aux pieds, enfin il est possible de consommer un peu de culture en présentiel. Loin de moi l’idée de dénigrer le travail et la résilience incroyable des artistes qui se sont réinventés virtuellement en une vitesse record : merci pour tous ces moments ! Mais désormais, on peut alterner les deux, le luxe. Et pour ma première escapade artistique, je suis allée voir les nouvelles expositions présentées à la galerie Projet Pangée depuis le 25 février et jusqu’au 10 avril, L’idéal serait un champ à perte de vue (The ideal place is an open field) et The Dailies. Couleurs pastels, poésies révélatrices et petits caniches nuages étaient au rendez-vous.
Je marche au pied du Mont-Royal et de légères bourrasques de vent annoncent timidement le printemps. Je me dirige vers la galerie d’art contemporain Projet Pangée qui se trouve désormais sur l’avenue des Pins pour y voir ses nouvelles expositions. Historiquement située au Belgo, un bâtiment centenaire abritant une vingtaine de galeries sur la rue Saint Catherine, Projet Pangée a récemment déménagé vers ce nouveau lieu tout aussi charismatique ; l’ancienne ambassade de la République tchèque.
Après avoir poussé la lourde porte de l’édifice, j’emprunte l'escalier pour me rendre au deuxième étage. Vaste appartement aux moulures de bois sombres, petits chandeliers muraux, grandes fenêtres et anciens foyers marbrés et dorés : c’est décidé, je veux vivre ici. À défaut de pouvoir m’y installer, je peux me balader au sein des œuvres présentées.
L’exposition L’idéal serait un champ à perte de vue réunit trois artistes aux techniques bien différentes.
Les murs rose pâle de la galerie sont parsemés d’oeuvres peintes sur papier de l’artiste Plum Cloutman. Dans ces jardins similirococo, au milieu de haies en labyrinthes ou sculptées en forme humaine, des nuées de caniches moelleux comme des nuages survolent doucement les jardins et les fontaines. Aux allures classiques, ces petites scènes (parfois vraiment petites) semblent être les visions d’un enfant à l’imagination trop fertile, réapparues chez l’adulte maintenant en total contrôle de son art. Avec Cloutman, les fleurs dansent, les caniches volent, le pique-nique se fait sur les nuages et la nature prend forme humaine.
À côté, des peintures à l’huile sur toile et panneaux étonnent directement par leur ton enfantin mixé à leur maitrise gestuelle. Ces scènes imaginaires du peintre canadien André Ethier sont des paysages simples et modernes sur fond de ciels bleus souvent peuplés d’animaux et de personnages comme tout droit sortis de contes d’enfants. Mais ceux-ci ont pris un tournant d’introspection. Une visite dans un monde intérieur hallucinogène, peut-être dû aux champignons magiques qui foisonnent dans les paysages du peintre.
Les grandes pièces de l’ancienne ambassade sont aussi habitées de longs personnages en céramique aux membres fragiles de l’artiste Alexandre Guay. Acrobates colorés, ils se contorsionnent sur le plancher et s’empilent gracieusement les uns sur les autres, à bout de bras, pour s’élever presque jusqu’à notre hauteur. La joie et le bonheur semblent rayonner de ces créatures aux formes imparfaitement mignonnes et aux couleurs pastel. Mais même si leur équilibre est stable, le sentiment qu’un rien pourrait changer cela et les casser irréparablement reste omniprésent.
Alors que mon regard est bercé dans la douceur et la candeur de ces trois artistes, mon ouïe, elle, est attirée par une certaine cacophonie qui s’échappe d'une autre pièce. C’est l’œuvre The Dailies de Stephanie E. Creaghan que j’entends. Sur de vieux téléviseurs, l’artiste de Montréal récite ses poèmes tantôt en canon et tantôt les uns après les autres donnant ainsi une violence étonnante à l’expérience. Un décalage bienvenu dans ce lieu idyllique.
Je repars de la galerie Projet Pangée plus légère, presque comme un des « caniches nuages ». Retour à la réalité, j'enlève mon masque.
Les expositions L'idéal serait un champ à perte de vue et The Dailies sont présentées à la galerie Projet Pangée jusqu'au 10 avril, du mercredi au samedi de 12h à 17h.