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Jadis, j’ai suivi quelques années de cours de flamenco. J’aimais beaucoup le caractère qu’on doit laisser sortir de nous-mêmes pour interpréter les chorégraphies dans ce style de danse. Le flamenco exprime un message par l’attitude, les lignes et les positions de corps, mais aussi, évidemment, par les frappements de pieds et les palmas (les mains qui se joignent pour former des sons clairs – les claras et plus sourds – les sordas).
J’étais restée avec l’impression que les idées véhiculées exprimaient surtout la tragédie, le drame, la plainte et la révolte; c’est-à-dire, du sérieux. Mais je ne me souvenais pas que le flamenco pouvait être ludique! Et c’est avec le sourire que je suis sortie de la salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts, hier soir après la première de Yo, Carmen.
María Pagés
Née à Séville en 1963, María Pagés vit par et pour la danse. Antonio Gades, le grand maitre du flamenco lui a enseigné. Elle a formé sa compagnie à Madrid en 1990 avec l’idée de développer une vision du flamenco qui soit puriste, oui, mais aussi ouverte aux différentes influences de cultures et de musiques.
Yo, Carmen est sa plus récente création qui date de 2014. Ça signifie : « Je suis Carmen ». Mais en réalité, par le mot « Yo », elle inclut toutes les femmes.
Yo, Carmen
Inspirée de l’histoire originale de Carmen, l’opéra de Georges Bizet créé en 1875, María Pagés veut passer un tout autre message. Elle tient à dire que toutes les femmes du monde, ne sont pas comme la « Carmen de Bizet », belle, séductrice et manipulatrice.
D’ailleurs, au milieu du spectacle, elle prendra le temps de venir nous raconter, dans un français approximatif mais combien délicieux avec son accent, ce qu’elle veut illustrer par ce spectacle.
Toutes les femmes ont des choses à dire, veulent s’exprimer et en ont le droit. Elle revendique la parité entre les hommes et les femmes. Chacune de ses idées, qu’elle vient nous expliquée en avant-scène, est ponctuée de mouvements de bras, de pieds et de mains; ses musiciens l’accompagnent et la suivent au doigt et à l’œil.
Elle aborde entre autres les aspects de l’enfance (avec des voix enfantines qui raconteront… en fait, je ne sais trop, car mon espagnol n’est pas au point, mais c’est joli!), et celui de la femme à la maison, avec des balais, des plumeaux et des tabliers qui descendent du plafond. Il y aussi la femme qui veut se faire entendre, celle qui veut s’émanciper.
En dix tableaux, l’histoire nous est racontée. On ne comprend pas toujours tout ce qui est dit, mais ce qui est dansé est clair. Le message passe.
Dès le début du spectacle, un numéro vraiment intelligent met en vedette les éventails, accessoires si typés des danseuses espagnoles. Les jeux de lumière n’illuminant que ces éventails, alors que les 7 danseuses sont en noir dans le presque noir, donnent des effets intéressants.
Danseuses
La complicité entre les six danseuses et María Pagés est palpable. Elles échangent des regards de connivence et malgré les mouvements en commun, on distingue la couleur de chacune. Comme si chacune utilisait ses propres mots pour nous donner son opinion.
Elles ont des attitudes racées, des dos arqués, des lignes… wow! La sensualité est palpable autant sur leur visage que jusqu’au bout des doigts.
Les tableaux statiques sont dignes du peintre Degas (s’il avait peint des danseuses de flamenco au lieu des ballerines!) et les chorégraphies d’ensemble sont éblouissantes.
Musique, costumes, décors
Deux guitaristes, deux percussionnistes, un violoniste et un violoncelliste sont les excellents musiciens qu’on entend tout le spectacle. Cependant, selon la mise en scène, tantôt ils sont invisibles, tantôt ils sortent tantôt de l’ombre.
Parmi les pièces, on reconnait des adaptations, parfois plus subtiles qu’à d’autres moments, des musiques originales de l’opéra de Bizet. Les voix des chanteuses complètent le tableau, racontant par les chants, les histoires qui semblent parfois des lamentations et des plaintes. Mais la joie est aussi au rendez-vous.
J’adore les robes à volants multiples mais qui laissent voir les formes du corps des femmes, avec des rondeurs normales incluant fesses, seins et petit ventre. Loin de l’image qui est parfois véhiculée par les ballerines, longilignes et décharnées. Chacune d’elles a les cheveux attachés en une longue tresse.
Les volants de leurs jupes sont un autre élément qu’elles utilisent pour marquer encore plus leur affirmation. Et sur les robes, selon les numéros, sont ajoutés des accessoires : boléro, châles aux hanches, hauts colorés…
L’éclairage est comme un personnage tellement il a un rôle important : quelques fois éblouissant, souvent pénombre, parfois sombre. Mettant l’accent sur le drame quand c’est nécessaire. Provenant des coulisses pour un effet différent et plus tragique.
A ne pas manquer!
Il ne reste que deux soirs pour voir cet excellent spectacle de la danseuse espagnole María Pagés et sa compagnie.
Un flamenco qui sort du déjà-vu, ludique, imaginatif et amusant. Je vous le dis : vous n’aurez pas le temps de cligner des yeux : ça bouge constamment.
Et attendez de vivre la finale pleine d’éclat, de notes, de bras et de voix! L’ovation spontanée du public est compréhensible. Bravo. Olé!