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J’ai décidé de passer la nuit la plus courte de l’année (celle du 21 au 22 juin), en compagnie de la troupe de danse de Marie Chouinard. Rêve éveillé du passage du printemps à l’été, La Nuit Ensoleillée conviait onze danseurs et danseuses à traverser cette nuit, totalement investis dans leurs corps, dans leurs sensations et leurs perceptions.
Arrivée au coucher du soleil, je n’ai participé qu’aux trois premières heures de la performance. Elles furent bouleversantes.
« Ici la nuit la plus courte de l’année est une nuit ensoleillée par la lumière intérieure des danseurs et des danseuses. »
- Marie Chouinard
20h47. Le rendez-vous est fixé à l’heure exacte du coucher de soleil montréalais.
Alors que l’astre commence doucement à disparaitre de l’horizon, je rejoins les autres spectateurs au studio de la compagnie. Assis ou allongés sur les coussins prévus à cet effet, ils entourent la scène circulaire, délimitée par un fil blanc. Le soleil se couche et les danseurs s’éveillent: ils ferment les yeux, entrent dans le cercle et commencent leur célébration du solstice d’été qui durera jusqu’au petit matin. Durant toute la performance, le spectateur est libre de ses mouvements: nous pouvons assister au rituel du coucher au lever du soleil, comme n’en voir qu’une partie (ce que j’ai choisi). Accompagnés par le compositeur d’électroacoustique Louis Dufort (collaborateur de longue date de Marie Chouinard), les danseurs ne se laissent que partiellement influencer par la musique, qui vient faire écho aux univers de chacun. Les interprètes se glissent d’ailleurs avec plaisir dans la symphonie silencieuse, qui rythme les sessions musicales.
Les onze danseurs entrent quasiment dans un état de transe qui leur permet de garder une intensité de prestation dans un temps de spectacle étiré. Expérience sensible d’une chorégraphe avec ses danseurs, La Nuit Ensoleillée survient comme une offrande à la nature, en particulier à l’astre qui permet la vie sur Terre.
Métaphore du soleil plaqué au sol, le cercle tracé du fil blanc restreint la zone de danse dans laquelle les interprètes peuvent exprimer leur état d’âme. La contrainte devient une zone puissante de création; c’est parce qu’ils ne peuvent pas dépasser le cercle physiquement qu’ils le dépassent émotionnellement. Ils co-existent les uns avec les autres sans se voir (ils gardent les yeux fermés tout du long) assumant une écoute kinesthésique qui leur permet d’entrer dans l’intimité du voisin sans jamais casser l’énergie ou créer une frustration chez les autres danseurs. Paradoxalement, ils sont chacun dans leur bulle, et pourtant ils font tous preuve d’une grande générosité. Ils questionnent l’indivisible de l’humain: la frontière de la peau signifie-t-elle que nous ne serons qu’Un et toujours un? Ou en accueillant l'autre sans passer par la vue, pourrions-nous faire partie d’une composante collective qui nous dépasse? Sensiblement à l’écoute des autres danseurs, particules libres dans ce soleil d’été, ils se donnent corps et âme entre eux, et nous incluent dans cette grande assemblée.
Durant plus de 8h (3h pour moi), les danseurs de la compagnie Marie Chouinard nous ont partagé, sans aucune censure, les émotions qui coulaient dans leurs veines. Une performance monumentale annonciatrice d'un bel été...