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Anatomie d'un moteur c'est un solo, ou plutôt un « faux solo » comme le dit le danseur et chorégraphe Alexandre Morin, où les matières se côtoient, s'assemblent, et s'inspirent. Un moment où le corps se transforme et participe à une réflexion poussée. atuvu.ca s’est entretenu avec l’artiste au cœur de ce spectacle présenté à l’Agora de la danse du 25 au 28 octobre.
Danseur depuis 10 ans, chorégraphe ou encore pédagogue en danse, Alexandre Morin, comme beaucoup d’autres pendant la pandémie, a choisi de réfléchir à ses choix de vie et de carrière. « Ça m'a laissé le temps de me réintéresser à la sculpture. Et de là, le travail manuel, puis le fait de façonner la matière est revenu d’une manière plus prononcée dans mon travail. »
Dans une famille où l’on est mécanicien-carrossier de père en fils, il a grandi dans un milieu où l’on tord le métal et où les hommes construisent de leurs mains. En accord avec la réflexion émergente sur ses choix de vie, l’idée d’un solo est peu à peu arrivée, avec une réelle volonté de rétrospective.
« C'est comme si c'était une manière pour moi de me rapprocher de ces souvenirs-là, du garage. », explique-t-il. Le danseur réussit ainsi dans son spectacle à allier ces deux domaines, qu’on pourrait penser diamétralement opposés, et pourtant…
« Anatomie d'un moteur, c'est une initiation parfaite à la danse contemporaine. Étant donné l'aspect interdisciplinaire du projet, je pense qu'il y a vraiment quelque chose pour tout le monde auquel on peut s'accrocher »
Anatomie d’un moteur est un spectacle co-écrit avec Mathieu Leroux (dramaturge et auteur) et Jonathan Goulet (compositeur sonore et vidéaste). Ensemble, le trio a créé un spectacle aux allures de docu-fiction qui fait appel à plusieurs disciplines, comme le cinéma, que le chorégraphe considère comme un gros pari artistique.
« Il y a un film qui est projeté [sur un écran géant] en continu pendant le spectacle. Dans un premier temps, ça me permet de cohabiter l'espace avec mon frère. » Le public peut également retrouver une entrevue que l’artiste a menée avec son frère (Gabriel Morin) et qui est diffusée pendant le spectacle. Utiliser cet écran est aussi un moyen pour le danseur d’évoquer son identité rurale, puisque plus jeune, son seul accès à la culture restait le cinéma.
Alexandre Morin s’est aussi inspiré par une matière littéraire en citant le livre Qui a tué mon père d'Édouard Louis qui parle de souvenirs d'enfance, du silence entre son père et lui et de comment le travail en usine atteint le corps. « Ça fait qu'il y a eu toute cette réflexion-là aussi sur l'exigence physique d'être mécanicien », déclare-t-il. Côté musical, il cite l'album Boy from Michigan de John Grant, qu’il a beaucoup écouté pour développer « sa partition chorégraphique ».
Toutes ces matières, ou plutôt « ces médiums » ainsi que ces réflexions diverses ont permis au chorégraphe d’explorer l’espace autour de lui, d’explorer son corps pour par la suite les transformer en une autre matière.
Alexandre Morin s’inspire de ce domaine de la carrosserie où le métal et l’aluminium sont les matières phares : « j'ai voulu traiter la qualité du travail manuel de manière abstraite dans mon corps. »
En observant directement comment son frère traitait du temps et de l’espace avec son propre corps dans son garage, le danseur a développé une certaine gestuelle « je traite mon corps comme une sculpture. Ou comme un corps-matière qui est en train de se remodeler. »
Il détaille sa vision en faisant un parallèle avec le métal qui peut fondre, être réchauffé, remodelé puis martelé. « C'est comme si mon corps devenait cette surface-là qui témoigne du travail concret physique que je suis en train de faire, mais qui témoigne aussi de toutes les archives, de toutes les expériences de vie que je porte. ».
Dans son cheminement de création, il raconte qu’à l’origine, son frère lui avait donné « un capot de char » qu’il a fini par utiliser en studio afin de développer sa gestuelle. Il a par la suite décidé de récupérer ce capot afin d’en faire un objet sculptural sur scène, « C'était une autre manière pour moi d'inclure mon frère. Cet objet-là, sculptural, témoigne du processus, ça devient un artefact sur scène. » Conclut-il. « On est allé extraire le potentiel vraiment artistique de sa job ».
Crédit photo : Jonathan Goulet
Anatomie d’un moteur s’inscrit dans une démarche où l’on juxtapose l’artiste et l’artisan « pour faire ressentir les ressemblances entre le travail de l'artisan, du corps ouvrier, et aussi le corps de l'artiste, le travail chorégraphique. » Pour lui, il y a une similitude dans la manière dont ils utilisent leur corps.
« J'ai développé une gestuelle dans la répétition, où je passe à travers des moules dans l'espace, où je deviens justement un moteur ». Le moteur de départ d’une histoire, d’un solo qui n’est pas l’histoire de sa vie. « On a créé cet objet scénique et esthétique et sensoriel à trois […] pour que ça soit plein de fragments. Et c'est au public d'aller recueillir dans ces fragments-là et de tisser des liens, » dit-il en espérant que les spectateurs convoquent leurs propres souvenirs.
Anatomie d’un moteur est un spectacle immersif qui vous offre une rétrospective interdisciplinaire intéressante, que vous soyez initié par la danse contemporaine depuis longtemps, ou depuis peu. Pour plus d’informations sur les représentations et pour plus de détails, consultez le site de l’Agora de la danse.