En ce mois de décembre 2022 les anges volent au-dessus du Centre Bell. Non pas parce que plusieurs joueurs de hockey ont été envoyés dans l’au-delà, mais bien parce que le Cirque du Soleil y a installé ses quartiers.

Jusqu’au 1er janvier, les interprètes internationaux de la compagnie montréalaise reprennent Corteo, un spectacle imaginé et créé en 2005 par Daniele Finzi Pasca et Line Tremblay en hommage au clown Mauro 

Une trame narrative bien ficelée 

19h30, mercredi 21 décembre au soir, alors que les gradins se remplissent peu à peu des rires d’enfants et que les anecdotes sur le Cirque du Soleil fusent, les échos du cortège commencent doucement à se faire entendre… Les musiciens s’installent de chaque côté de la scène pour accueillir la joyeuse troupe d’acrobates et de clowns qui entourent Mauro. Mélancolie de l’âme d’un clown rêveur, le spectacle nous promène dans ses souvenirs fantasques et ses rêveries poétiques. 

En mettant le personnage du clown Mauro à l’honneur, le Cirque du Soleil s’essaie à un style moins sensationnaliste et plus narratif. Et le pari est gagné! On se laisse transporter dans cet univers onirique, qui frôle le mortuaire. Voyage vers un au-delà, vers une vie de rêve ou vers une mort heureuse, Corteo aborde la thématique de la fin de vie de pleins fouet. L’omniprésence des anges ne manque pas de nous le rappeler, sans parler du numéro de l’échelle de la mort, qui m’a particulièrement bouleversé. Dans ce numéro, un homme seul face à une échelle, qui ne mène nulle part, crée un équilibre parfait entre prouesses acrobatiques et théâtrales en signant le passage entre deux mondes. Avec féérie, Corteo célèbre ce chemin entre ciel et terre et permet une entrée en douceur sur la thématique de la mort. 

Un cortège mortuaire aux nombreux contrastes 

Alternance de clowneries et d’acrobaties, le spectacle se conjugue aussi bien à l’imparfait, qu’au plus que parfait. Les pitreries de la compagnie clownesque apaisent la tension des numéros de voltige, où la vie des acrobates ne tient qu’à un câble et/ou une main tendue. Le spectacle nuance avec brio les émotions et souvenirs du clown Mauro, on passe de la perfection du ciel aux ratés de la vie sur Terre, d'une clownesse de petite taille au clown géant ou encore du clown Loyal qui représente l’ordre à Mauro qui vit dans les étoiles ! 

Une filiation directe avec des chefs-d’oeuvre artistiques 

Corteo, cortège mémorio-mortuaire, se déploie jusqu’à la montée finale dans les airs du clown Mauro sur son petit vélo. Sur ce chemin, les artistes croisent nombre de références artistiques : les bouffonneries de la Comedia Del Arte y côtoient l’esthétisme tragi-comique félinien ou encore le drame shakespearien. Sans parler des nombreuses représentations graphiques du cortège funéraire qui se bousculent dans nos têtes! 

Le risque magnifié et salué 

La force du spectacle tient également à la haute maitrise et à la perfection des numéros acrobatiques! Par leur prise de risque constante, les artistes maintiennent ainsi un lien constant entre l’ordinaire de nos vies et l’extraordinaire du spectacle. Brisant le silence « magique » autour du risque circassien, la compagnie choisit de faire saluer techniciens et régisseurs, sans qui les interprètes ne survivraient pas.

Éblouie par le spectacle, je regrette néanmoins que le système son n’ait pas poussé un peu plus ses basses, notamment dans une salle aussi grande que le Centre Bell et avec un public particulièrement agité et bruyant pour un soir de première. Mais bien que l’immersion sonore m’ait manqué, la beauté des costumes et des décors ont suffi à me faire basculer dans ce monde merveilleux sorti tout droit de l'imagination du clown Mauro. 

Pour vous envoler dans les airs au côté de la troupe de Mauro, le Cirque du Soleil vous donne rendez-vous jusqu’au 1er décembre au Centre Bell. Pour plus d’informations sur le spectacle Corteo, rendez-vous ici.