Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
Pour son 5e anniversaire, le festival Les Filministes (festival de films féministes) nous a procuré une dose de plaisir avec sa fameuse soirée Les Filminounes. En ce deuxième jour de festival, le Cinéma L’amour, antre de la pornographie montréalaise, accueillait le long métrage Une dernière fois d’Olympe de G, précédé par 3 courts métrages. Les fauteuils en velours rouge du temple du désir n’avaient surement jamais reçu autant de fesses féministes !
Centré sur la revalorisation des corps, des sexualités et des identités marginales, la première partie était une belle introduction au long métrage d’Olympe de G. Bien que de qualité fluctuante, les trois courts métrages ont permis d’instaurer une poétique alternative et féministe du désir dont Une Dernière Fois s’empare, par la suite, avec merveille.
Pour ce premier long métrage, Olympe de G. délaisse totalement le male gaze habituel de la pornographie mainstream. Lors d’un entretien avec la rédaction d’atuvu.ca, la réalisatrice revient sur la genèse de son projet :
« On est dans un monde où le corps des femmes est majoritairement filmé et représenté par des hommes, c’est pourquoi il faut qu’il y ait un regard féminin qui s’oppose. »
Il s’agit notamment de délaisser les critères incontournables du catalogue pornographique contemporain, tels que la pénétration ou la recherche absolue de l’orgasme. Plutôt que de donner à voir des scènes hétéronormées et pénétro-centrées, elle préfère se concentrer sur « une sexualité féminine, source de fierté : une sexualité anti-slutshaming. » Elle part de son propre vécu et va chercher dans son intimité pour donner à voir à l’écran ce qu’elle a regretté ne pas avoir dans sa jeunesse.
« Je voulais faire un film qui me parle et m’excite, aussi bien sexuellement que créativement. »
Illusion d’un documentaire X, Une dernière fois s’intéresse à l’ultime acte sexuel de Salomé, femme de 69 ans. Brigitte Lahaie, ancienne star de l’industrie pornographique française, incarne cette femme qui, lassée par l’âgisme subie quotidiennement, souhaite planifier la toute dernière fois qu’elle fera l’amour. La thématique de la fin de vie permet d’atteindre « le paroxysme d’une revendication à jouir de notre corps comme on le souhaite. Si l’on a envie d’avoir une sexualité à n’importe quel âge, si l’on a envie de mettre fin à nos jours à la date et pour la raison qu’on veut, grand bien nous fasse ! »
L’oeil de la caméra, au plus près de la subjectivité de Salomé, redonne importance et beauté à une sexualité encore extrêmement taboue. Olympe de G. déplace le statut de la femme qui prend de l’âge : autrefois néo-sorcière à la sexualité inexistante voire dégoutante, elle devient femme désirante et désirée. Aux cadrages habituels qui objectifient et fétichisent les corps, la réalisatrice opte plutôt pour des plans centrés sur le l’expérience et le regard de la protagoniste. Un regard qui cherche d’ailleurs la complicité de la spectatrice et du spectateur et qui fait jaillir de grands éclats de rire, permettant de dé-tabouiser l’expérience du porno collectif.
Le format documentaire permet une véritable réflexion sur les partis pris de la réalisatrice. La voix off casse le quatrième mur et donne accès aux coulisses d’un film pornographique féministe où consentement et protection sont, non seulement essentiels, mais aussi excitants! Le processus de création d’Olympe de G. se concentre sur deux aspects :
« D’abord, sur ce que je veux donner à voir à l’écran ; c’est à dire des corps et des rapports sexuels qui ne sont pas formatés. Ensuite, sur l’importance que je donne au cheminement pour faire le film, à l’éthique de production. »
Sur scène, une coordinatrice d’intimité est constamment présente pour vérifier le bien-être de chaque actrice et acteur. Un formulaire a également été créé pour détailler de façon exhaustive tout ce qui pouvait être abordé dans le film. De facto, toutes les scènes de sexe ont été scriptées pour s’assurer du consentement de chaque protagoniste.
En choisissant un format long, Olympe de G. cherche à surprendre le spectateur pour sortir de l’utilitarisme commercial du film pornographique mainstream. Avec le long métrage « tu ne sais pas à quels corps et à quelle pratiques sexuelles t’attendre! » De cette façon, Une dernière fois redonne aux corps des personnes handicapées, rondes et plus âgées une place de taille dans l’industrie du plaisir.
À la fin du film, les néons bleus et rouges se rallument sur une salle comble et enthousiaste. La consommation individuelle et performative du film X a été remplacée, le temps d’une soirée, en expérience collective d’un porno féministe qui laisse une réelle place à la libération sexuelle des femmes à l’écran.
Pour ceux qui seraient curieux de visionner cet étonnant film pornographique, rendez-vous sur la plateforme Tënk, qui diffuse tous les films du festival. Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur leur site Internet : https://www.festivalfilministes.com/home_ff2022