Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Profitez d'invitations gratuites et de rabais exceptionnels!
Vous êtes un passionné de spectacles...
Vous aimez faire découvrir à votre entourage des nouveautés ou des artistes...
Inscrivez-vous maintenant, c'est gratuit!
C’est cette semaine que Mad Dog Labine, le plus récent long-métrage des jeunes réalisateurs Jonathan Beaulieu-Cyr et Renaud Lessard, prenait l’affiche dans les cinémas québécois. Ce film s’avère être un véritable bijou de cinéma direct, en plus de représenter un ajout aux nombreux hommages à la Belle Province auxquels on a eu droit dans la dernière année cinématographique.
On y retrouve donc, entre réalité et fiction, le visage humain de cette région méconnue à l’est de l’Ontario, le Pontiac de l’Outaouais. Pour incarner celui-ci, deux comédiennes non professionnelles jouent Lindsay et Justine, en plus de personnifier la jeunesse de la ville. La première, une « p’tite bum » difficile d’approche, est passionnée de chasse, de sa région et puis surtout pas des autres. Sauf peut-être de Justine – de son vrai prénom Justice, parents « granos » oblige –, sa seule et meilleure amie qui, elle, rêve de voyages en Amérique du Sud, fonce dans la vie à grandes enjambées et réussit par sa belle énergie à transporter sa jeune amie renfrognée dans quelques jeux marquant la frontière entre l’enfance et l’âge adulte. Comme « vole la cacane », un exercice de ruse auquel les deux adolescentes s’appliquent avec malice dès l’une des premières scènes du film, alors que Justine essaie de changer les idées de son amie après que son père l’ait laissée tomber durant le temps de la chasse. Une période qui se veut d’ailleurs charnière et quasi sacralisée au Pontiac, la chasse étant l’apanage des habitants de ce territoire de conifères et de rivières. En témoigne cette messe en habits de camouflage, qui sert d’introduction au long-métrage.
La vengeance étant douce au cœur de l’Indien, la chasse aux canettes des deux filles, ayant servi d’exutoire pour la rogne de Lindsay, se conclut par l’achat d’un « gratteux » gagnant… et de la promesse d’un lot de 10 000$, lequel nous permet d’entrevoir les rêves et aspirations des deux jeunes filles, qui rêvent peut-être bien plus de ski-doos et de quatre-roues pour sillonner les « trails » du Pontiac, que d’une échappatoire à leur quotidien!
Aux détours d’une plénitude chèrement acquise
Parce que, si la vie des habitants de cette région forestière peut sembler difficile, bercée par un contexte marqué par les difficultés démographiques et économiques, on peut tout de même comprendre de Mad Dog Labine que les habitants sont aussi attachés à leur région... ce que son indice démographique tend à contredire. De ces scènes tournées à la « DIY », à l’esthétique trash (qui rappelle le film américain Gummo) et à la trame narrative qui s’étire au rythme de l’ennui, on retient surtout la beauté paisible des paysages et l’envie de jouer dehors et d’arpenter les rues désertes, une époque qui semble bien révolue quand on habite en ville. Et de l’alimentation faites de roteux, des maigres sources de divertissement de la jeune Lindsay comblées par l’écoute de l’émission de chasse radiophonique « Vol de nuit » et des ventes de chocolat de Justine qui doit ramasser des fonds pour un voyage humanitaire au Guatemala, on retire peut-être les bienfaits des petites choses simples.
Puis, ce qu’on aime de Mad Dog Labine, c’est surtout (et d'abord) la dégaine authentique et entière de la réalisation, qui s’est faite au Pontiac dès les tout débuts de la démarche créative, puis des personnages, qui n’ont peut-être pas la langue de leur poche, mais qui sont on ne peut plus honnêtes. Mention spéciale à la sublime amitié unissant les deux personnages principaux, qui se lancent des « fuck you » pour mieux se réconcilier par la suite au fond d’un container (oui, il faut voir le film) à coup de « je t’aime ». Ces paroles de Plume Latraverse, qu’on peut entendre au cœur du long-métrage, illustrent bien l’atmosphère qui y est dépeinte:
« Nous autres on s'en fout si on fait pas d'argent
Pourvu qu'on aille du fun on est toujours content
Nous autres on s'en fout d'être pas sympathique
Nous autres on prend notre shift dans l'crash économique
Nous autres, on est fou
Nous autres, on est fou
Vous sentez-vous fou autant qu'on s'en fout? »
De la nécessité d’une approche investie
Pour faire suite aux paroles, justement, un autre élément marquant de Mad Dog Labine réside dans la « parlure » de ses personnages, qui se trouve à mi-chemin entre le français et le chiac. Un verbe magnifique et coloré qui pourrait pourtant facilement faire basculer la production dans quelque chose de cocasse ou de folklorique. C’est d’ailleurs en ceci que réside le défi de ce type de film qui traite de l’altérité: le faire le plus authentiquement possible, sans dénaturer, caricaturer ou donner une vision condescendante de cette réalité qu’on veut partager à un large auditoire. Il faut le dire, les deux réalisateurs, en illustrant l’essence de cette région qu’est le Pontiac, territoire à mi-chemin de leurs deux régions de naissance respectives, avaient cette intention d’être le plus près possible de son sujet pour lui rendre justice, justement. Et c’est entièrement réussi: non seulement on s’attache à la région dans sa palette de nuances, mais on parvient également à mieux la comprendre.
Un succès qui provient nécessairement de l’approche presque ethnographique de la production, dont témoigne la durée de la production et du tournage au cœur même de la région, la participation active au projet cinématographique des citoyens des municipalités qui y sont illustrées, et des nombreuses scènes documentaires qui sont restées jusqu’au résultat final. De celles-ci, c’est d’ailleurs les quelques apparitions du jeune Pascal qu’on retient, un jeune homme pêcheur à la candeur rafraîchissante et aux paroles d’une profondeur surprenante. Un coup de cœur assuré. Le jeune homme, puis le film aussi.
Mad Dog Labine, un doux film aux allures de canaille qui vous transportera là où les canettes de bière, les rivières étincelantes et les esprits vifs cohabitent. L’excuse parfaite pour un rendez-vous en tête à tête avec un écran géant. À l’affiche au cinéma dès maintenant.