Les Gardiennes est un film français réalisé par Xavier Beauvois, qui prendra l’affiche au Québec dès le 23 février prochain. C’est une réalisation pesante qui nous plonge au cœur de la vie des femmes pendant la Première Guerre Mondiale. Une chose est sûre, le film ne s’adresse pas à tout public.

Femmes fortes, femmes indépendantes

Adaptation du roman Les Gardiennes d’Ernest Pérochon, publié en 1924, ce film est le septième long-métrage de Xavier Beauvois, après notamment Des hommes et des dieux (2010). On peut y voir l'acclimatation des femmes dans la vie agricole d’un village français, en 1915, pendant que les hommes sont appelés au front. Le spectateur suit particulièrement le parcours et l’évolution de trois femmes aussi admirables que différentes. Une mère, interprétée par Nathalie Baye, devient l’emblème de la femme forte qui travaille sans relâche et prend soin de sa famille avant tout, tandis que sa fille (Laura Smet) tente de faire face à la solitude, tout en assistant sa mère dans l’affaire familiale. À l’approche des moissons, elles sollicitent l’aide d’une jeune fille de vingt ans (Iris Bry) qui prend alors, en apparence, entièrement part à la famille. Un respect mutuel s’installe rapidement entre la mère de famille et la jeune fille, jusqu’au moment où celle-ci réalise abruptement qu’elle ne fait pas, après tout, entièrement partie de la famille à laquelle elle espérait tant appartenir. De plus, les allées et venues des hommes de la famille en permission, ainsi que des soldats américains, viennent perturber leurs vies de dur labeur au semblant paisible.

Les Gardiennes a reçu quatre nominations aux César, dont le meilleur espoir féminin (Iris Bry), et la meilleure adaptation. Le film a également été sélectionné en présentation spéciale au dernier Festival de Toronto. Pour découvrir le film, voici sa bande annonce :

Soyez prévenu : ce n’est pas pour tout le monde !

Lorsque certains verront dans Les Gardiennes un art esthétique et un sublime témoignage sur l’émancipation des femmes et leur force durant la guerre, d’autres n’y verront que des lenteurs et de la monotonie. En effet, le film porte un regard sensible et subtile sur les héroïnes de la guerre, souvent oubliées : les femmes. Le personnage interprété par Iris Bry saura également offrir un hommage au parcours de la femme indépendante. Le récit dramatique s’installe lentement, la réalisation semble pure, décrivant avec honnêteté la vie réelle; les actrices, quant à elles, offrent un jeu que certains qualifieront d'« excellent ». Ainsi, les amateurs d’un art cinématographique épuré, dans lequel le spectateur témoigne, sans être omniprésent, de la vie factuelle des personnages et des difficultés auxquelles ils font face, sauront apprécier cette création.

Toutefois, ceux qui recherchent dans le 7^e art l’émotion, le divertissement ou même un quelconque attachement aux personnages afin de mieux les comprendre, ne trouveront qu’ennui dans Les Gardiennes. En effet, la première heure du film se dédie presque entièrement à une description des champs, illustrée par de longs silences pesants et, pour certains, soporifiques. Certains spectateurs n’y verront qu’un mauvais stéréotype du film français, aussi lent et lourd que déprimant, et n’auront peut-être pas la patience d’attendre le début de l’action. Ils seront sans doute déçus du manque de profondeur dans la psychologie des personnages ou de la monotonie du jeu d’acteur, et passeront plus de deux heures à attendre une action qui n'arrivera pas. Pour eux, la relève ne viendra pas, et ils devraient aisément passer leur chemin.

En conclusion, Les Gardiennes n’est pas pour tout le monde, soyez avisés... Certains ne devraient pas perdre leur temps à essayer d’apprécier un cinéma qui ne leur correspondra jamais, tandis que d’autres seront sans doute très accueillants et admiratifs de ce nouveau film. Pour ceux qui se savent sensibles à ce genre cinématographique, Les Gardiennes sera en salle le 23 février, ne le manquez pas!