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Le cinéaste iranien Asghar Farhadi est passé maître dans l’art de réaliser des drames intimistes. Ils sont toujours rigoureux dans leur exécution, sans jamais être austères. Grâce à sa caméra et sa plume, il dissèque les relations humaines avec une habileté que peu de cinéastes possèdent. Dans Le Client, lauréat du prix du scénario et du prix d’interprétation masculine au dernier Festival de Cannes, il récidive en insufflant un suspense hitchcockien au récit.
Emad (Shahab Hosseini) et Rana (Taraneh Alidoosti) sont un couple vivant dans un édifice menaçant de s’écrouler. Ils doivent rapidement trouver un nouvel endroit où se loger. Emad est enseignant et, avec Rana, ils font partie d’une troupe de théâtre qui présente une production de Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller. Un des acteurs qui joue avec eux (Babak Karimi) les informe qu’il peut leur fournir immédiatement un appartement où emménager. Emad et Rana acceptent l’offre et s’installent dans leur nouveau logement bien que l’ancienne locataire ne soit pas encore venue chercher ses biens. Un soir, après être sortie de scène, Rana se rend seule à l’appartement. Elle prend une douche en attendant Emad et laisse la porte entrouverte pour qu’il puisse entrer. Lorsqu’Emad arrive, l’appartement est vide et des traces de sang maculent les escaliers et la salle de bain. Il retrouve Rana blessée à la tête à l'hôpital. Le couple apprend que l’ancienne locataire était une prostituée et que l’homme qui s’est introduit dans leur logement était probablement venu la voir. Rana étant profondément traumatisée par l’agression, Emad se met en quête de cet individu qui est venu irrémédiablement troubler leur vie.
Le Client vogue avec efficacité à travers différents genres. Avant tout un drame, il se révèle aussi emprunter le ton du suspense puis du film de vengeance. Grâce à sa méticuleuse réalisation, Asghar Farhadi transforme un événement qui pourrait être de prime abord presque banal et en fait le point de départ d’un bouleversement humain. Cet exploit repose sur sa mise en scène simple, mais efficace. Plutôt que de tout montrer, Farhadi ne fait que suggérer ce qui se passe. Plutôt que de filmer la scène de l’agression, il montre simplement son héroïne ouvrir la porte de l’appartement avant d’entrer dans la salle de bain pour y prendre une douche. La caméra fixe filme la porte qui continue de s’ouvrir tranquillement pendant plusieurs secondes avec le son de l’eau qui coule en bruit de fond. Le cinéaste enchaîne directement avec l’arrivée d’Emad. Le spectateur est donc tout aussi ignorant que le héros quant à ce qui vient de se produire.
Avec Le Client, Farhadi se penche à nouveau sur les relations conjugales comme il l’avait fait en 2011 avec son puissant Une Séparation qui lui avait valu l’Ours d’or à la Berlinale et l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Dès le début du film, l’édifice dans lequel Emad et Rana vivent sert de métaphore à leur couple : fissuré de toutes parts, près de l’écroulement. Au-delà du traumatisme qu’une agression peut avoir sur les conjoints, Farhadi explore surtout le prix de la vengeance. Que reste-t-il une fois que le crime est vengé? Le salut du couple se trouve-t-il dans les représailles? Le couple est d’ailleurs interprété avec brio par Shahab Hosseini et Taraneh Alidoosti. Grâce à leur jeu nuancé, ils montrent la lente détérioration de leur relation. Rana est troublée et craintive de poursuivre son assaillant dans une société qui mettrait en doute sa parole, et Emad se culpabilise de ne pas arriver à venger sa femme afin de remplir son rôle de mari.
Sans être le coup de poing qu’a été Une Séparation il y a quelques années, Le Client est un excellent film qui rappelle toute la pertinence du cinéma d’Asghar Farhadi, probablement le cinéaste iranien le plus influent en ce moment. D’ailleurs, le cinéaste s’est retrouvé malgré lui au cœur de l’actualité américaine la semaine dernière. Farhadi, nommé à la prochaine cérémonie des Oscars pour Le Client, a déclaré qu’il ne se rendrait pas à Los Angeles pour la remise de prix suite au décret signé par le président Trump qui risquait de rendre difficile sa venue en sol américain. L’auguste Académie s’est ouvertement insurgée contre ce décret. Ses membres lanceront-ils un message à leur nouveau président en oscarisant à nouveau le cinéaste iranien? À voir le 26 février prochain.
Le Client est à l'affiche le 3 février au Québec.