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Née intouchable, Smita (Mia Maelzer) souhaite déménager d’un bout à l’autre de l’Inde pour éviter que sa fille grandisse sans éducation et qu’elle soit condamnée à mener une vie dictée par sa caste et sa situation précaire. Parallèlement en Italie, Giulia (Fotinì Peluso) doit s’occuper de la compagnie artisanale de son père, cloué à l’hôpital, qui croule sous des dettes insoupçonnées par sa famille. Et à Montréal, Sarah (Kim Raver) tente de garder la tête hors de l’eau en jonglant entre son accablante carrière d’avocate, sa vie de famille et son récent diagnostic de cancer du sein.
Tournée dans trois pays, l’histoire sous-titrée se déroule en trois langues (hindi, italien et anglais) et met de l’avant le récit émancipateur des protagonistes à travers leurs épreuves respectives. La Tresse marque la troisième signature de long-métrage pour Laetitia Colombani, qui avait auparavant réalisé À la folie... pas du tout (2002) et Mes stars et moi (2008).
De par son titre, le film laisse indéniablement sous-entendre que les trois récits présentés finiront par être liés. Malgré cet aspect prévisible, le film parvient à faire cette liaison brillamment et fluidement sans même que les femmes aient à se rencontrer. Difficile de ne pas être touchée par la douceur de cette odyssée, par ce lien unique et invisible qui unit les personnages, si bien qu’on en oublie peut-être les sous-textes glissés sous le tapis en guise de conclusion non dite: que le bonheur de certains se rattache à un système cyclique capitaliste injuste et que malgré l’espoir projeté par le film, le bonheur que semble avoir trouvé Smita est loin d’être gagné.
Accentuant le caractère touchant de l'œuvre, la trame sonore mariant piano et cordes, composée par Ludovico Einaudi, est particulièrement réussie. Le compositeur, dont les pièces se retrouvent entre autres dans Black Swan (2010), Intouchables (2011) et Mommy (2014), parvient par sa simplicité et sa récurrence à venir ponctuer la sévérité du récit sans pousser la note. Ainsi, la musique parvient simultanément à bercer le spectateur et à accompagner l'émotion des situations dramatiques sans chercher à les outrer en quête de larmes à tout prix.
Les choix quant à la filmographie mettent également en lumière le jeu émouvant de sa distribution. On ne peut passer sous silence le plan séquence de près de deux minutes durant lequel Sarah retient ses larmes alors qu’elle est au téléphone avec son père, incapable de lui dire le diagnostic qu’elle vient tout juste de recevoir. Passer de longs moments sans interrompre l’émotion grandissante menée par un jeu d’acteur en crescendo est un choix prenant que trop peu de réalisateurs osent faire.
Crédit photo : Forum Films
La Tresse convainc aussi par son esthétique visuelle, qui parvient à présenter 3 pays et contextes hétéroclites de manière cohérente tout en établissant une ambiance distincte pour chaque région. Par exemple, des tons souvent plus ternes cadrent la vie de la « workaholic » montréalaise, tandis que des couleurs plus vives dépeignent celles d’une jeune adulte italienne amoureuse, passionnée de lecture et d’ouverture sur le monde.
Cependant, cette représentation visuelle (et narrative) tombe par moment dans une dichotomie facile entre ce qui est présenté comme le riche et le pauvre, l’ici et l’ailleurs. Bien que des réalités difficiles soient plus visibles en Inde, presque tous les lieux et personnages associés à ce pays sont liés à la pauvreté, à l’injustice et au danger, frôlant la limite du cliché stéréotypé.
Bien que le rythme soutenu garde le téléspectateur investi, l’œuvre de deux heures présente trois récits tellement chargés émotionnellement qu’ils auraient mérité d’y passer un peu plus de temps, alors que divers éléments restent seulement effleurés; la maladie de Smita, l’anxiété de l'aînée Sarah, le mariage forcé (puis subitement effacé du récit) de Giulia, le racisme systémique dont son partenaire est victime. Tant de lignes lancées qui auraient bénéficié de plus d’attention au sein de cette histoire pourtant si bien ficelée.
Le film La Tresse, distribué au Canada par Sphère Films, sera présenté en salles au Québec dès le 19 janvier 2024.