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« Intense, intense, intense », sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit en sortant de la représentation de King Dave. Suivent ensuite : « Magistral, hors du commun, poignant... et encore intense. » Je vous le dis tout de suite : « Courez voir ce film ! »
Ce film coup-de-poing, écrit et interprété par Alexandre Goyette, a été tiré de la pièce de théâtre du même nom. Celle-ci a remporté en 2005 le Masque du texte original et celui de l'interprétation masculine. Et pour cause !
Réalisé par Podz (Daniel Grou), et tourné en un seul plan-séquence de 91 minutes, ce film est à l'image de la vie : sans coupures, sans montage, sans artifices, cru, fluide, intransigeant et ininterrompu, comme le temps qui passe, violent comme la vie sait parfois l'être, quand on la défie... Alexandre Goyette, dans le rôle principal, perce l'écran et nous prend aux tripes. D'autres personnages, incarnés par les talentueux comédiens Karelle Tremblay, Mylène St-Sauveur, Philippe Boutin et Moe Jeudy Lamour, viennent alimenter son histoire et interagir avec lui. La productrice Nicole Robert a vu juste lorsqu'elle a choisi de produire ce film, après en avoir évalué toute la force et la portée dramatique.
King Dave, c'est l'histoire d'un abus vécu à l'adolescence et des conséquences tragiques qu'il entraine à l'âge adulte. King Dave, c'est l'envers du petit David qui, profondément troublé et traumatisé à la suite de cet abus, souffre d'un grave déficit d'estime personnelle et qui tentera par tous les moyens de retrouver confiance en lui. King Dave, c'est l'histoire d'une tentative de survie.
Aucun traité sur la maladie mentale ou sur l'abus ne pourrait mieux traduire la dualité et l'ambivalence qui s'installent dans le cœur d'un enfant maltraité. Les conséquences en sont incommensurables. Ainsi, dans le film, David alias Dave oscille constamment entre ce que lui dicte sa morale (le petit David, enfant) et son besoin infini de puissance, de grandeur et de reconnaissance (King Dave) qu'il extériorise à travers une suite de méfaits de plus en plus graves. C'est toujours ce besoin de vengeance par rapport à l'abus vécu qui le motive et l'entraine toujours plus loin dans la délinquance et le crime.
Alexandre Goyette, dans le rôle de Dave, regarde constamment la caméra de face et s'adresse directement à elle (à nous, spectateurs). Ce procédé vise à faire des spectateurs des témoins et à les impliquer profondément dans son drame. Cela fonctionne à merveille : on ressent presque physiquement sa détresse, sa colère et son appel à l'aide. Il nous relate tout ce qui se passe dans sa tête, sans artifice ni faux-fuyant. Ses paroles, dénuées de tout filtre, de toute inhibition - comme un enfant - sortent crues, violentes, alternant constamment - parfois dans la même phrase - entre son sentiment de culpabilité et son désir de vengeance. Le petit David terrorisé alterne avec le King Dave qui tente désespérément de croire en sa toute-puissance. Ainsi désinhibées, ses pensées nous montrent toute la désorganisation de ses sentiments et la profonde détresse qui l'habite. Jusqu'où s'arrêtera cette fuite en avant qui n'est qu'une tentative de survivre à la douleur insupportable ?
La trame narrative du film s'accélère au même rythme que l'étau se referme dans la tête de Dave. Les deux parties de sa personnalité ne peuvent plus cohabiter. La folie le guette. Bientôt, il ne pourra plus jouer sur les deux tableaux de sa dualité. Il devra faire face à la musique, autant dans sa tête que dans la réalité.
Plusieurs trouvailles cinématographiques sont intéressantes dans ce film. Ainsi, l'effet de la lumière est judicieusement exploité. Citons seulement la scène suivante : lorsque Dave rencontre la jeune fille, son monde intérieur devient tellement lumineux que ce sentiment est rendu par les très nombreuses lumières accrochées dans l’entrée. Dave semble alors entrer au Paradis. Il s’agit d’une belle interprétation visuelle de ses sentiments intérieurs...
En bref, King Dave c’est 91 minutes haletantes montrant la relation entre un abus psychique commis durant l'enfance et la terrible descente aux enfers qui s'ensuit. Mieux que tout cours de psychologie ou que toute tentative d'explication, ce film nous montre en vrai les effets de l'abus et de l'intimidation.