Inscrivez-vous
Des offres exclusives et événements gratuits
Le début de la pièce Dernier coup de ciseaux présentée à l’Espace Saint-Denis avec ses personnages campés à gros traits — le coiffeur gai un peu cliché, la coiffeuse nunuche, la riche diva et le producteur de télé infidèle — m’a amené à croire que j’assistais à un théâtre d’été, disons… très léger. Je me suis sincèrement demandé où tout cela allait nous mener.
Et puis, le concept a tout emporté. La pièce a pris une tournure inattendue et fascinante, me transformant, ainsi que tout le public, en véritable protagoniste de l’histoire, impliquée dans la proposition.
Imaginez la scène : un meurtre est commis à l’étage au-dessus d’un salon de coiffure. Un inspecteur entreprend son enquête, mais il ne sera pas le seul à enquêter. Il se tourne vers la salle, les lumières s’allument, et voilà que le fameux « quatrième mur » tombe. Nous, les spectateurs, devenons les témoins oculaires, les véritables enquêteurs de l’affaire.
C’est là toute la magie de Dernier coup de ciseaux. On doit être attentifs dès les premières minutes, afin de repérer les incongruités, les détails étranges, les mensonges potentiels. L’inspecteur nous interpelle directement, nous pose des questions, nous demande nos théories. Le public devient détective, et c’est absolument captivant.
L’interaction ne s’arrête pas là. À l’entracte, l’inspecteur se présente dans le foyer, discute avec les gens, recueille leurs observations. Pendant ce temps, les cinq autres artistes restent sur scène, comme l’a ordonné l’inspecteur en chef, en attendant la reprise du spectacle.
Au retour, après d’autres échanges, l’enquête culmine avec un vote à main levée pour déterminer le principal suspect parmi les quatre potentiels. C’est donc le public qui, chaque soir, influence l’issue de la pièce, faisant de chaque représentation un événement unique.

Ce concept novateur n’est pas né d’hier. Dernier coup de ciseaux est l’adaptation française d’une pièce américaine, Shear Madness, créée à Boston en 1978 par Paul Pörtner.
Son succès est planétaire : elle détient un record Guinness de longévité aux États-Unis et a triomphé à Paris avec plus de 3 500 représentations. La voir aujourd’hui à Montréal, c’est participer à un véritable phénomène théâtral qui a déjà séduit plus de 9 millions de spectateurs dans le monde.
Ce qui rend cette production si spéciale, c’est le mélange audacieux entre la comédie policière et le théâtre d’improvisation participatif. Le texte, volontairement simple au départ, sert de canevas à une performance qui dépend entièrement de la chimie entre les comédiens et la salle.

Pour qu’une telle formule fonctionne, il faut des interprètes exceptionnels, et c’est le cas ici. La distribution, composée de Charles-Étienne Beaulne, Emmanuel Bédard, Ariane Bellavance-Fafard, Miguel Fontaine, Israël Gamache et Marie Michaud, est rompue à l’art de l’improvisation. Leur capacité à rebondir sur les interventions du public, souvent imprévisibles, est remarquable. Ils intègrent avec brio des références locales et des blagues sur l’actualité, ce qui ancre la pièce dans notre réalité montréalaise.
J’ai même assisté à quelques fous rires sur scène, des moments d’oubli de texte qui, loin de briser la magie, ont provoqué une hilarité générale et contagieuse, renforçant la complicité entre la scène et la salle.

Le spectacle séduit d’abord par son concept original et interactif qui captive le public, au point où l’on ne voit pas le temps passer. Grâce à son humour et son dynamisme, la pièce est accessible à tous.
Son caractère unique, où chaque soir l’enquête prend une nouvelle tournure selon les choix de la salle, donne certainement envie d’y retourner. Il faut toutefois considérer que le succès de l’expérience repose grandement sur l’énergie et la participation des spectateurs ; une audience plus réservée pourrait nuire à la dynamique.
Mais attention, puristes du polar : vous pourriez trouver l’intrigue un peu légère ; il faut garder en tête qu’elle sert avant tout de prétexte à l’interaction plutôt qu’à développer une énigme complexe.
Personnellement, après un départ que je trouvais lent, j’ai été complètement conquise.
Si vous avez envie de vivre une soirée de théâtre pas comme les autres, de rire et de jouer les détectives, courez-y ! C’est une expérience vivante, drôle et qui vaut vraiment la peine.
Dernier coup de ciseaux est à l’Espace St-Denis jusqu’au 21 septembre. La pièce dure environ 2 h, incluant un entracte de 20 minutes.
Après Montréal, c'est désormais au tour d'Igloofest Québec de dévoiler la programmation de ce qui se...
Voir l'article >Le 13 novembre 2025 sort Antoinette, le neuvième roman de Valérie Chevalier. L’auteure y présente un...
Voir l'article >Dans Les Petits désordres, sa première œuvre solo, Soraïda Caron incarne et porte un récit à la fois...
Voir l'article >L’adaptation en pièce de théâtre du roman d’Alexandre Dumas Le Comte de Monte-Cristo aura lieu à la...
Voir l'article >Rendez-vous hivernal de Montréal, le festival Noël est dans le Parc a dévoilé les artistes de sa pro...
Voir l'article >
Si le lecteur intégré ne s’affiche pas, vous pouvez ouvrir le magazine dans un nouvel onglet.