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Tourné comme un western et porté par une rage tranquille, Once Upon a Time in Gaza des frères Nasser fait de la fiction une arme douce, mais tenace. Le film raconte la transformation d’un jeune homme en héros malgré lui, dans une ville où chaque rue est une frontière et chaque regard, une histoire à raconter. Sans céder au pathos ni à la rhétorique politique, il réinvente Gaza comme un territoire de cinéma, vaste et aride, comme les plaines d’un Sergio Leone, sous le vrombissement constant des drones.
L’histoire de ce film commence bien avant celle de Yahya. Elle débute en 2015, lorsque Tarzan et Arab Nasser se mettent à écrire un scénario qui transpose Gaza dans la sensibilité d’un western. Ils terminent juste avant le 7 octobre 2023, puis décident, bouleversés par les événements, de le réécrire.
Tourné en Jordanie et produit par une constellation de coproducteurs internationaux, Once Upon a Time in Gaza s’ouvre sur un réel discours prononcé par Donald Trump qui promettait de faire de Gaza la « Riviera du Moyen-Orient ». Puis, l’écran noir s’efface et les codes de fiction s’installent : cadres ciselés, caméra en mouvement, personnages dessinés comme dans un polar… en bref, un western arabe comme on en voit peu à l’écran.

Nous sommes en 2007. Yahya (joué par Nader Abd Alhay), étudiant discret, trouve refuge auprès d’Osama (joué par Majd Eid), propriétaire d’un restaurant de falafels et chauffeur de taxi. Sous ses airs de voyou au grand cœur, Osama cache des comprimés d’opiacés dans ses sandwichs pour survivre dans une économie étranglée.
Leur monde vacille lorsqu’un policier corrompu, Abu Sami (joué par Ramzi Maqdisi), entre dans la danse. Une trahison qui entraîne une dénonciation et qui provoque la mort d'Osama sous les yeux de Yahya : le décor est planté. Mais ici, la vengeance n’est pas un feu qui consume lentement, c’est une mèche courte.
Deux ans plus tard, Yahya est repéré en casting sauvage pour incarner un héros dans une série télé produite par le ministère de la Culture. Sur le plateau, les acteurs palestiniens jouent des soldats israéliens, les armes sont réelles, tout comme les balles, et l’illusion devient plus dangereuse que la réalité.
Comme dans To Live and Die in L.A. de Friedkin, le jeune homme s’identifie à celui qu’il joue : le timide devient grande figure de résistance. Les frères Nasser empruntent ici au cinéma américain (Leone et Tarantino pour ne citer que ces exemples) dans le but de construire une fiction à double fond.

À mesure que Yahya s’enfonce dans son rôle, Gaza devient un décor de western : un territoire saturé de tension, où les destins se croisent sur un fil tendu entre l’espoir et la fatalité. C’est là toute la force du film : faire exister, dans un espace assiégé, un cinéma libre.
Ni discours pesant ni victimisation : juste des hommes, des femmes, des cigarettes, des falafels, et des bombes au loin. Le réel revient par des flashs (les drones, les bombardements, les coupures d’électricité), mais ne dicte jamais la mise en scène.
Ce qui frappe dans Once Upon a Time in Gaza, c’est la fidélité des Nasser à leur approche : filmer Gaza en s’attachant aux détails du quotidien, comme pour conjurer une disparition annoncée. Après Dégradé et Gaza Mon Amour, ils continuent de raconter une histoire d’humains avant d’être une histoire de guerre. Leur cinéma est précis, jamais complaisant, et profondément ancré dans une résistance par l’image.

Dans le vacarme politique mondial, ce film agit comme un murmure obstiné. Un western sans désert, où les héros sont fatigués mais debout. L’esthétique léchée, la bande originale somptueuse et une direction d’acteurs habités composent une œuvre hybride à la croisée entre thriller, satire et drame, qui refuse d’oublier.
Au dernier plan, des mots surgissent en arabe et en anglais : « One Day, it will end ». Comme une prière, comme une promesse, une phrase lourde de sens profondément ancrée dans la réalité.
Once Upon a Time in Gaza n’est pas un film sur la guerre : c’est un film sur la vie qui s’obstine à éclore au milieu d’elle. En puisant dans le western et le cinéma de genre, les frères Nasser élargissent le récit palestinien au-delà du prisme victimaire, pour en faire une histoire de courage, de colère et de fiction salvatrice. Et pour les deux frères, derrière chaque plan se devine une certitude : tant qu’il y aura des images, Gaza existera et un jour, ça prendra fin.
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