Bien que la poésie soit un genre littéraire extrêmement riche, elle est parfois mise de côté parce qu’elle peut sembler moins accessible et plus complexe... particulièrement en littérature jeunesse! Heureusement, La courte échelle prouve le contraire en offrant une variété d’œuvres poétiques pour initier en douceur les pré-adolescents et les adolescents à cette utilisation colorée, créative et nuancée du langage. À travers des sujets bien adaptés à la réalité des jeunes, les livres de la collection poésie invitent les lecteurs à entrer dans des univers émouvants où il est possible de décortiquer et d’interpréter les propos selon plusieurs niveaux de lecture. Voici les thématiques abordées dans quelques-uns de ces recueils. 

Colle-moi 

Véronique Grenier (9ans+) 

« Au magasin, j’ai rempli mes bras

de papier collant des deux côtés,

de celui large et gris,

de ceux de couleur,

j’ai aussi demandé

de la colle à famille

et tout le monde a ri. »

Avec des images à la fois poignantes et juvéniles, Colle-moi nous transporte dans le quotidien d’un jeune garçon victime de la séparation de ses parents. Se sentant pris entre les deux et terrorisé à l’idée que son père et sa mère cessent aussi de l’aimer, il se raccroche aux souvenirs et cherche une manière de recoller sa famille... et son cœur en même temps. 

Perruche

Virginie Beauregard D. (9ans+) 

« quand j’ai perdu mon oiseau

j’ai senti l’air m’insulter

mon ventre se percer de tristesse

ma tête devenir un nid de larmes »

Qu’il s’agisse d’un proche ou d’un animal de compagnie, perdre un être cher n’est jamais évident à comprendre et à accepter, surtout pour un enfant. Dans ces courts poèmes, ce sont les réflexions d’un garçon qui tente de se remettre de l’accident qui l’a fait perdre sa perruche pour de bon qui sont mises de l’avant, à travers son deuil, sa culpabilité et sa dynamique familiale pas toujours évidente.  

Peigner le feu

Jean-Christophe Réhel (11ans+)

« Deux problèmes :

1.     Les corridors de l’école ont des chemins tristes

2.     Je suis visible »

Ce livre est parfait pour tous ceux qui débutent le secondaire ou qui changent d’école avec un sentiment d’anxiété et d’appréhension, puisqu’il présente la réalité d’un élève un peu étourdi par la nouveauté, le changement et tous les nouveaux codes à apprendre ; l’autobus, la boîte à lunch, l’immensité de l’école qui ressemble à une forêt, le désir d’être cool, les commentaires mesquins... Ça en fait beaucoup à apprivoiser!  

J’ai appris ça au cirque

Baron Marc-André Lévesque (11ans+) 

« j’ai appris ça au cirque

quand on manque notre coup

quand on échappe une quille

il faut faire comme si c’était

prévu dans la routine

comme si chaque débarque

était planifiée et préparée minutieusement »

Dans J’ai appris ça au cirque, il est évidemment question de quelques apprentissages techniques liés à cet art du spectacle, mais ce sont davantage les apprentissages plus personnels qui sont au coeur des bribes de quotidien du personnage. Alors que s’accumulent les journées ennuyantes d’école, une pré-adolescente allumée et pleine d’imagination arrive à trouver sa place avec les autres grâce à des activités parascolaires qui l’aident à sortir de sa zone de confort. 

Les garçons courent plus vite

Simon Boulerice (13ans+)

« j’en veux à Luc Léger

qu’est-ce que

cette course à paliers

cette course-navette

cette course bip bip

cette course sueur

je gravis les damnés paliers de ma honte

le coeur fêlé dans la gorge »

Simon Boulerice aborde ici une activité somme toute banale de la vie étudiante pour en faire le sujet d’une oeuvre poétique, touchante et fracassante : le fameux test des bip bip en éducation physique. S’il s’agit parfois d’un détail pour les sportifs, il en est tout autre pour les jeunes au cardio moins développé, comme le personnage de ce recueil, qui peuvent trouver cet exercice extrêmement pénible, humiliant, angoissant et douloureux.

L’exil mauve

Marc André Brouillette (13ans+)

« le mauve invente

un lieu

où l’horizon prend la forme

d’une constellation

mes doutes mes dissonances

sortent de leur réclusion

ici

l’espace est moins encombré »

De tous les titres mentionnés ci-haut, L’exil mauve est, à mon avis, celui qui laisse le plus place à l’interprétation personnelle puisque les thématiques sont plus subtiles. Il s’agit d’une oeuvre qui met discrètement en lumière le passage de la vie d’enfant à la vie d’adulte avec tous les changements et les craintes que ça apporte. Grâce au rêve, le narrateur peut trouver la paix et le repos dans un univers plein d’espoir et de sécurité.