Agamemnon in the ring, « c'est une réécriture de la guerre de Troie, transposée dans l'univers des galas de lutte, ponctuée de chansons d'opéra rock et écrite de façon contemporaine », nous a confié son auteur, Hilaire St-Laurent, avec lequel atuvu.ca s'est entretenu.

La mythologie grecque au goût du jour

L’auteur de la pièce Agamemnon in the ring souhaitait revisiter une histoire connue de tous, la guerre de Troie, avec une touche de nouveauté. « J'avoue que c'était presque un peu marketing parce que la guerre de Troie, tout le monde connaît ça. Au départ, je voulais prendre le parcours du personnage d'Agamemnon qui est souvent un peu méconnu. On connaît Achille, on connaît Ulysse, Hélène, le cheval, mais Agamemnon qui était le chef des Grecs, de l'armée grecque, on le connaît moins », explique Hilaire St-Laurent. 

Même s’il n’est pas un fan de lutte, l’auteur a rapidement trouvé des similitudes entre ce sport et la mythologie grecque. Ce n’est pas un hasard s’il a décidé de ne faire qu’un avec les deux.  « C'est que j'avais l'impression que les codes qu'on retrouve à la lutte sont les mêmes qu'on retrouve dans une tragédie grecque. Les commentateurs à la lutte qui commentent l'action, un petit peu comme le fait un chœur grec qui va intervenir, qui va être l'avis du public, qui va avoir un regard. », dit-il. 

Hilaire St-Laurent souhaitait également faire une métaphore entre La guerre de Troie et l’histoire du Québec : « Pour moi, cette pièce-là, c'est un prétexte pour parler de notre histoire à nous. C'est un peu tout le long de la pièce une métaphore de notre propre histoire, de notre propre tragédie, de notre propre posture tragique aussi des fois en tant que peuple. »

Se réapproprier l’Alexandrin

Hilaire St-Laurent a fait le choix artistique d’écrire sa pièce complète en alexandrin. Selon lui, ce style d’écriture l’a aidé à amener un ton plus humoristique à sa pièce. « C’est vraiment un travail de style, mais en même temps, je trouvais que c'était le truc le plus à propos pour la pièce. D'abord parce que je pense qu’Agamemnon on the Ring, on dit que c'est une tragédie, mais ça reste une comédie. Je pense qu'on rit beaucoup. Je pense que le fait de faire rimer les choses dans un espèce de ton solennel qu’amène l’alexandrin, ça amène énormément de blagues », explique l’auteur. 

Il ne cache toutefois pas toute la charge de travail supplémentaire que ce type d’écriture lui a demandé : « Ça a été tout un défi, ça m'a pris 4 ans à écrire cette pièce-là. Mais c'est le fondement de la pièce, c'est les alexandrins, je pense. On attend la prochaine rime… Et ça amène aussi le côté rhétorique des lutteurs qui défendent un argumentaire pour justifier leur comportement. »

Ambiance hors du commun

Agamemnon in the ring a une ambiance bien différente des pièces de théâtre habituelles. En effet, elle nous transporte dans l’atmosphère d’un gala de lutte. Les spectateurs sont invités à interagir, participer et clamer les bons et méchants, comme c’est le cas dans un vrai gala de lutte. « On dit souvent que le spectateur c'est un acteur en soi, mais dans ce cas-ci c'est vrai. Le public nous suit, nous supporte, encourage, des fois ils ne sont pas d'accord avec ce qui se passe, ils nous font savoir. Il y a vraiment quelque chose de très particulier », explique l’auteur. 

Malgré cela, il confirme qu’on n’a pas besoin d’être un fan de ce sport de combat pour apprécier la pièce:  « Je pense que les spectateurs, certains se surprennent eux-mêmes à aimer ça. On a souvent eu des témoignages ou des échos de gens qui jamais [ne] seraient allés voir de la lutte et qui finalement se surprennent à encourager ou à lancer une réplique à un moment où telle ou telle fait un mauvais coup ou quelque chose comme ça. »

Présentée depuis 2022, la pièce est de retour cette année au Théâtre de Quat'Sous à Montréal du 26 novembre au 4 décembre 2024. « Tout le monde, souvent, en ressort à conquis, des étoiles dans les yeux. Donc, je pense que c'est pas pour rien aussi qu'on a eu un long parcours jusqu'à maintenant. Je pense que c'est vraiment un spectacle qui laisse sa marque », termine Hilaire St-Laurent. 

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