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Pour la seconde année, le journal français Le Monde avec Le Devoir ont invité diverses personnalités du monde intellectuel, économique, politique, environnemental, venues s’exprimer pendant 2 jours à travers un ensemble de conférences autour du thème « agir. »
Réuni dans la salle de cinéma du musée des beaux-arts de Montréal où seuls quelques sièges sont encore libres, l’animateur Simon Roger, journaliste au journal Le Monde, commence par nous rappeler la situation climatique actuelle ; tous les indicateurs sont au rouge, les efforts consentis jusqu’à maintenant ne sont même pas suffisants pour contre-balancer les effets négatifs déjà générés. Plus problématique est la façon dont la crise et l’urgence devraient être gérées, mais qui ne le sont pas, car derrière la question du climat se pose et se retrouve toutes les contradictions et limites de notre modèle économique actuel.
Le réchauffement climatique est un problème mondial, mais encore traité au niveau local, national. La réponse doit être sur le long terme pour véritablement enrayer le processus de destruction engagé. Le philosophe Dominique Bourg nous rappelle ainsi que si un état pouvait encore avoir de l’influence en 1920, de quel outil dispose-t-il actuellement devant des compagnies multinationales générant plus de chiffres d’affaires que certains pays (le chiffre d’affaires cumulé par Amazon en 2018 est sensiblement le même que le PIB du Bangladesh).
Depuis des décennies, la question du changement climatique est étudiée, discutée, négociée à grand coup de conférences mondiales comme les fameuses COP, la Conference of Parties, visant à continuer les discussions entre pays signataires du protocole de Kyoto de 1992, faisant suite au traité sur le changement climatique des Nations Unies de 1982. L’édition parisienne de la COP21 en 2015 avait fait beaucoup parler avec l’engagement exprimé par le président Obama pour que les États-Unis fassent leur part.. Or très peu de pays dans les faits mettent véritablement en place les politiques nécessaires, car elles sont souvent impopulaires au début pour atteindre ces objectifs entendus ou elles sont simplement abandonnées suite à une élection.
C’est justement pour rappeler les obligations prises auprès de la population et des futures générations que les membres du collectif Engagement Jeunesse représenté par Catherine Gauthier ont déposé une action en justice au nom des Canadiens de moins de 35 ans. L'enjeu est de faire reconnaître la violation des droits des jeunes citoyens et faire émerger la solidarité intergénérationnelle. Ce manque de résultats incombe aux générations précédentes et au manque de volonté politique. La jeunesse se fait traiter d’écoterroriste, car elle renvoie toutes les générations précédentes à leur démission face à ce problème. Ils ont raison de demander des comptes, comme la jeune Greta, à l’oligarchie politique mondiale. Son innocence, sa colère, ses revendications sont légitimes et communes à sa génération, et c’est par le rassemblement populaire que la pression sur les gouvernements pourra se maintenir.
De gauche à droite: Patrick Bonin, Catherine Gauthier, Simon Roger, Dominique Bourg, Dominic Champagne.
Cependant, le problème du réchauffement climatique ne peut se régler seulement par des lois. Il impute une vraie évolution de nos sociétés, dans notre rapport à l’autre, à soi, et surtout à notre modèle socio-économique.
Pour favoriser la transformation, l’adhésion de la population est primordiale. Pour cela, les stratégies à mettre en place doivent non seulement répondre aux enjeux du climat, mais de la société au sens large : réduire les inégalités et l’accès aux ressources pour une meilleure justice sociale. Il est en effet totalement aliénant de penser que par lui-même l’homme va se restreindre et changer son désir de consommer si profondément ancré par plus d’un siècle et demi de capitalisme basé sur la croissance perpétuelle de l’économie et la consommation à outrance comme exécutoire à notre recherche du bonheur, tel qu’insufflée dans l’inconscient collectif par des décennies de discours marketeux et publicitaires. Ne devrait-on pas commencer par revoir cette image du bonheur qui conduit à la destruction de notre planète ?
Mais le temps presse.
Patrick Bonin, membre de WWF Canada nous rappelle que le Canada pour respecter ses engagements doit réduire de 50% ses émissions sur les 10 prochaines années, ce qui représente un objectif extrêmement ambitieux. 10 ans c’est d’un côté très court pour changer véritablement l’appareil productif et en même temps très long pour les impacts négatifs générés. Un consensus social doit être trouvé, par l’éducation populaire notamment, pour faciliter le virage vers une société propre.
Sur le plan législatif, des actions sont possibles aussi.
L’instauration de plus de proportionnalité dans les élections pourrait permettre l'apparition de gouvernements plus représentatifs des aspirations de la population et favoriser un changement des politiques en place. La question se pose d’autant plus qu’il y avait près d’un demi-million de personnes pour la grande manifestation pour le climat à Montréal, et que seuls 3 députés verts vont siéger au parlement canadien pour les 4 prochaines années. Notez par contre que les revendications environnementales pourraient ne pas être les seules à ressortir avec l’introduction de la proportionnalité, les extrêmes aussi, comme on a pu le voir lors des dernières élections en Autriche ou encore en Hongrie.
Un État peut, par le cadre législatif, décider d’interdire des produits ou des services jugés trop destructeurs pour notre environnement. Commence alors les longues batailles de couloir entre lobbyistes, politiques, et attachés parlementaires avant la rédaction d'une loi. Et dans ce jeu des ententes, seule la volonté politique sera déterminante.
Des forces contradictoires s’affrontent : d’un côté la survie financière de populations dépendant d’emplois polluants et de l’autre l’urgence d'agir. D’après Dominique Champagne, devant cette situation délicate, c’est à la population de faire pression sur les gouvernements pour prendre leur responsabilité, et faire évoluer la société dans la direction nécessaire et pas seulement céder aux sirènes monétaires des lobbies. Il ne faudrait surtout pas oublier que sont ces mêmes compagnies qui s'offrent les services onéreux de ces lobbyistes à qui profite le plus la destruction de l’écosystème pour se développer, prospérer et elles font tout pour lutter contre l’instauration de loi qui générait leur rentabilité, à grand coup de cadeaux offerts.
Face à la situation actuelle, la désobéissance civile apparaît comme un moyen de rappeler à toutes et tous les engagements pris collectivement au nom du climat et si peu respecté. Ils devraient être perçus comme des modèles pour oser essayer de toucher nos consciences, de réclamer les promesses signées par nos gouvernements et tout en prenant le risque de finir avec un casier pour s’attacher à un pont comme au pont Jacques Cartier il y a une dizaine de jours. Le fait que les médias aient principalement mis l’accent sur les automobilistes coincés seuls dans leur véhicule tout terrain sur le pont pendant 2 heures est très révélateur du discours général sous-jacent dans nos sociétés financées par des campagnes publicitaires pour les nouveaux modèles de VUS.
À nouveau cela nous renvoie au modèle économique basé sur la croissance, la consommation. Les industries renvoient la responsabilité sur le consommateur pour se déculpabiliser et protéger un modèle hérité du passé, instauré dans le contexte de l’après-guerre. Le monde a changé depuis 1945, les forces en présence et les enjeux ne sont plus les mêmes, il serait temps que notre modèle soit revu.
Avant de clore la conférence, les panélistes se prêtent au jeu des questions du public, très nombreuse devant cette audience de citoyens éclairés et notamment la question que tout le monde se pose, est-ce que l’instauration d’une dictature environnementale serait une option viable ? Ce n’est pas certain, la dictature étant plutôt un système où l’information est cachée, non partagée, et facilement étouffée comme les régimes non démocratiques le démontrent régulièrement.
Les questions soulevées par le changement climatique sont sociétales et contradictoires, elles mettent en exergues les défauts de notre modèle économique. Notre recherche d’un bonheur basée sur la propriété et la consommation fait ressortir la fracture entre les classes sociales, amplifiée par le phénomène de mondialisation économique. Et ce n’est qu’en se rassemblant massivement derrière cette cause commune et universelle que l’espoir de l’avenir de l’humanité va se jouer dans la prochaine décennie.