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Jusqu'au 5 avril, le Théâtre Prospero présente Mr. Burns, une œuvre fascinante et déroutante de l'américaine Anne Washburn, adaptée au Québec par Maxime Brillon. Ce spectacle ambitieux explore la manière dont les récits culturels survivent et se transforment dans un monde postapocalyptique. Entre comédie noire, satire et opéra dystopique, l'expérience est marquante, mais son rythme déséquilibré peut laisser certains spectateurs à bout de souffle.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il est essentiel de comprendre le lien entre Les Simpson et la comédie noire, un genre qui oscille entre humour grinçant et critique sociale. Ce type de comédie joue avec des thèmes graves – ici, l’apocalypse et la survie humaine – pour provoquer à la fois le rire et la réflexion. Mr. Burns s’inscrit parfaitement dans cette lignée en utilisant une catastrophe pour explorer l’importance des récits dans notre survie psychologique.
Depuis 1989, Les Simpson sont une icône de la culture populaire, connus pour leur humour acéré et leur satire sociale. Leur capacité à refléter – voire anticiper – la réalité leur a valu d’être associés à plusieurs théories du complot, certains épisodes semblant prédire des événements réels.
Au cœur de cet univers, Mr. Burns, de son vrai nom Charles Montgomery Burns, incarne le capitalisme cupide et le pouvoir corrompu. Propriétaire richissime et tyrannique de la centrale nucléaire de Springfield, il est l’archétype du méchant insensible, prêt à tout pour accroître sa fortune. Dans Mr. Burns, ce personnage dépasse son rôle de simple antagoniste pour devenir une figure quasi mythologique, une incarnation du mal dans un monde en quête de repères.
La série dépasse le simple statut de divertissement : elle devient un mythe fondateur, un vestige de la culture qui sert de ciment aux survivants d’un monde postapocalyptique.
L’Acte I nous plonge dans un monde post-catastrophe où un groupe de survivants tente de se réconforter en se remémorant un épisode des Simpson. Dans une ambiance sombre, à peine éclairée par des lampes frontales, l’humanité semble suspendue à ses souvenirs télévisuels.
Sept ans plus tard, ces mêmes survivants ont formé une troupe de théâtre itinérante, troquant des répliques contre des ressources alimentaires. L’humour s’installe avec des mises en scène bricolées avec ce qu'ils ont sous la main, un usage astucieux des jingles publicitaires et une mise en abîme de la théâtralité dans un monde en ruines qui ne tient qu'à un fil.
Enfin, après 70 ans, la pièce atteint son point culminant avec un acte final transformant Les Simpson en mythe religieux, où le capitalisme malfaisant de Mr. Burns devient une figure quasi diabolique. Ce passage, débordant d’effets et de symbolisme, frôle parfois l’excès.
Dans Mr. Burns, la mise en scène de Marie-Ève Groulx impressionne par son inventivité, notamment grâce à la scénographie d'Odile Gamache et à la musique envoûtante de Carl Matthieu Neher. L’intégration des Simpson dans un monde postapocalyptique est une brillante idée, parvenant à allier légèreté et réflexion sur des thématiques profondes telles que le capitalisme et les dérives de notre société. Ce mélange d’humour et de critique sociale fonctionne parfaitement, offrant une touche satirique à un monde en déclin.
Cependant, le rythme de la pièce était parfois trop soutenu. L'Acte I, presque contemplatif, semble traîner en longueur avant que l’Acte II s’emballe dans un tourbillon d’informations et de performances, laissant le spectateur légèrement désorienté. L’Acte III, quant à lui, atteint une telle intensité sensorielle qu’il peut s’avérer essoufflant, voire déstabilisant.
Si la proposition théâtrale de Mr. Burns est audacieuse et captivante par son concept – une réflexion sur la mémoire collective et la transmission culturelle à travers l’absurde –, son rythme inégal risque de perdre une partie du public. L'expérience immersive, bien qu’impressionnante, exige une attention constante et une certaine endurance pour être pleinement appréciée. Une œuvre qui, par son ambition, mérite d’être vue, mais qui ne manquera pas de diviser.
Mr. Burns se démarque résolument des œuvres habituellement consacrées à l’univers postapocalyptique. Cette comédie noire, bien que déroutante dans son parallèle entre l’univers dévasté des Simpson et la réalité post-catastrophe, offre une expérience théâtrale novatrice et singulière.
Loin des clichés du genre, la pièce s'aventure sur un terrain inédit, où l'humour noir devient un véhicule pour une réflexion percutante sur notre société. Si ce contraste peut parfois surprendre, il contribue à l'originalité de l'œuvre, qui, par son ambition démesurée, fascine et secoue le spectateur. Une proposition rare et captivante qui mérite d’être vécue.
Mr. Burns est présenté au Théâtre Prospero jusqu'au 29 mars. Des supplémentaires ont été ajoutées du 1er au 5 avril 2025.