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À l’occasion de la 25e édition du Festival du Monde Arabe, le groupe Nesraf a envoûté le public montréalais avec des mélodies chaâbi puissantes et modernes le 8 novembre dernier. Dans la salle intimiste Claude-Léveillée, complète pour l’événement, la performance a été marquée par une communion chaleureuse entre artistes et spectateurs, donnant naissance à une soirée inoubliable où nostalgie et modernité se sont mêlées avec éclat.
Fondé en 2015, Nesraf réunit des musiciens passionnés et talentueux qui portent en eux un héritage profond, ancré dans la tradition musicale algérienne. Leur nom, qui signifie « départ » en arabe, est un hommage aux migrations et aux exils qui ont diffusé la culture chaâbi au-delà des frontières algériennes.
Inspirés par le légendaire El Hadj Mohamed El Anka, pionnier du chaâbi dans les années 1930, les membres de Nesraf redonnent vie aux chansons populaires des rues et des cafés algériens.
Cependant, ils y injectent une touche personnelle et résolument moderne, en intégrant des sonorités contemporaines à des classiques interprétés en arabe algérien et en kabyle. Le groupe se distingue ainsi par son style progressiste et métissé, une version revisitée de la musique chaâbi, qui ne craint pas de franchir les frontières et de toucher les cœurs dans le monde entier.
Le violon de Dahmane Ben Dahmane, les voix de Nassim Gadouche et Rafik Abdeladim, le piano de Ryan Kaouene et les percussions de Youcef Grim ont créé une alchimie musicale envoûtante, transportant le public dans un autre univers.
Dans la petite salle Claude-Léveillée, l’atmosphère était électrique et empreinte de convivialité. Chaque siège était occupé, témoignant de l’engouement suscité par le groupe auprès du public montréalais. Dès les premières notes, une connexion s’est installée entre les artistes et les spectateurs. La configuration intimiste de la salle a renforcé cette proximité, permettant aux musiciens de s’adresser directement aux spectateurs.
Malgré l’espace restreint, certains membres du public n’ont pu s’empêcher de se lever pour danser, envahis par les rythmes envoûtants. Des zagharits, ou youyous — ces cris traditionnels lancés par les femmes lors des célébrations au Moyen-Orient et en Afrique du Nord — ont résonné à plusieurs reprises, accentuant la ferveur et la joie collective. Le public, entraîné par l’enthousiasme contagieux des artistes, a accompagné les musiciens en chantant, créant une expérience immersive et touchante.
La prestation de Nesraf a été une véritable invitation au voyage, reliant passé et présent, souvenirs et découvertes. À travers des morceaux poignants, le groupe a fait revivre les ruelles animées d’Alger et les cafés populaires où le chaâbi résonne comme une voix du peuple. Leur musique, un subtil mélange de tradition et de modernité, a su faire vibrer les spectateurs et leur a offert une échappée vers l’Algérie, comme une bulle de paix et d’unité. Le nom même du groupe, Nesraf, évoque cette dualité entre départ et ancrage, un hommage à ceux qui ont emporté leur culture avec eux et qui la perpétuent de génération en génération.
Seule ombre au tableau : la salle, trop petite pour permettre au public de se laisser totalement emporter par l’énergie dansante des musiciens. Mais cette contrainte a finalement renforcé l’intimité de la soirée, faisant de cette performance un moment d’exception et de communion où les frontières semblaient s’effacer.
Avoir un espace de réunion autour de la musique chaâbi, partagé par une passion commune, a été un véritable privilège pour le public, qui est ressorti conquis, emporté par l'énergie collective et la beauté du spectacle.
Nesraf a livré une prestation mémorable, entre hommage au passé et énergie contemporaine, et a offert aux spectateurs une soirée inoubliable, où la culture algérienne a brillé sous toutes ses facettes. Par leur musique, ils ont su montrer que le chaâbi, même à des milliers de kilomètres de l’Algérie, demeure une force vivante qui unit et fait danser les cœurs.